The Grand Budapest Hotel
États-Unis, 2013
De Wes Anderson
Durée : 1h40
Sortie : 26/02/2014
Pendant l'entre-deux guerres, le légendaire concierge d'une grand hôtel parisien et son jeune protégé se retrouvent impliqués dans une histoire mêlant le vol d'un tableau de la Renaissance, la bataille pour une énorme fortune familiale, et le lent puis soudain bouleversement qui transforme l'Europe en cette première moitié de XXème siècle...
GRAND HOTEL
Un hôtel où se succèdent les stars qui incarnent autant de personnages en marge du monde, le tout à la quasi-veille de la Seconde Guerre Mondiale : il y a un fantôme du Grand Hotel d’Edmund Goulding qui plane sur The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson. Le réalisateur américain cite plutôt Lubitsch ou Borzage parmi ses influences. Budapest s’éloigne très vite du film de Goulding : il ne s’agit pas vraiment d’un film choral (on se recentre vite sur Ralph Fiennes et Tony Revolori) et à la place de l’hôtel berlinois plein de vie, une sorte de ruine, même si celle-ci fut un temps enchantée.
Si The Grand Budapest Hotel se veut un hommage à un monde perdu du cinéma américain de jadis, il ressemble surtout… à du Wes Anderson. L’hôtel littéralement transformé en maquette de maison de poupée lors d’une splendide ouverture, le pas de deux entre fluidité des travellings latéraux et travellings avant qui viennent cueillir l’émotion : le cinéma d’Anderson, codé comme du Nô, est là. Anderson n’est jamais aussi bon que lorsqu’il travaille l’artificialité pour mieux saisir l’humanité toute nue de ses personnages. Budapest mise davantage sur le suspens ludique et est moins émouvant que des réussites telles que La Famille Tenenbaum ou Fantastic Mr Fox. Il est aussi plus inégal, plombé par quelques problèmes de rythme.
Il y a pourtant de belles choses dans cet hôtel. Une dimension romanesque presque entièrement résumée par un héros anachronique (interprété par Fiennes qui n’avait pas été à pareille fête depuis longtemps). Souliers vernis et parfumé à L’Air de panache, son Monsieur Gustave semble venir d’un monde qui avait déjà disparu à sa naissance. L’obsession, toujours, du paradis perdu chez un cinéaste pour qui le dandysme n’est pas qu’une pose chic. Le film est d’une constante fantaisie, d’une inventivité formelle réjouissante jusqu’à l'euphorisant décrochage cartoon (la poursuite dans la neige), décrivant avec l’élégance de la comédie un monde prêt à basculer dans la barbarie.