GoldenEye
États-Unis, 1995
De Martin Campbell
Scénario : Jeffrey Caine, Bruce Feirstein, Michael France
Avec : Sean Bean, Pierce Brosnan, Judi Dench, Joe Don Baker, Famke Janssen, Izabella Scorupco
Durée : 2h10
Sortie : 20/12/1995
Ne jamais faillir, surtout de mourir. On pourrait intituler ainsi le retour en force de l'agent britannique le plus connu du monde, après six ans d'absence, dans un film à la fois fidèle et légèrement révisionniste rétrospectivement par rapport à la saga. La Guerre Froide est définitivement terminée et pourtant James Bond ne peut jouir de cette détente, il demeure au service secret de Sa Majesté et le prouve dans cet épisode qui, à plus d'un titre, symbolise l'immortalité et l'intemporalité du mythe 007.
Injustement critiqué, à l'instar du film, Pierce Brosnan offre ici une performance plus que satisfaisante, humanisant le héros sans lui ôter son aspect éternellement victorieux et compose probablement le meilleur Bond depuis le premier, Sean Connery. Face à lui, Sean Bean n'a aucune chance, et malheureusement, il en est de même pour son personnage. Alec Trevelyan est un méchant "with a vengeance", semblable à un autre bad guy de cette année-là, Jeremy Irons dans Une Journée en enfer. Tout comme ce dernier, il se révèle n'être qu'un truand avec une cause et, dans ce domaine-là, il n'arrive pas à la cheville d'Auric Goldfinger. Il lui manque le charisme menaçant des grands voleurs de la saga James Bond et la mégalomanie de certains des principaux ennemis de 007, comme Carver dans l'épisode qui suivra. En substitut d'adversaire, on a cependant droit à la fatale Famke Janssen, qui restera comme l'une des Bond Girls les plus mémorables, avec ses fusillades suivies d'orgasmes et son sadisme à toute épreuve. Elle n'est que la première des deux femmes fortes du film, et la seconde n'est pas celle que l'on croit. Avec GoldenEye, M devient une dame, témoin du passage à une autre époque, où les femmes ne sont manifestement plus des objets sexuels mais peuvent même être l'égale de Bond, comme le prouvera Demain ne meurt jamais.
Néanmoins, certaines choses ne changent jamais et on a donc droit ici à des scènes d'actions démesurées, dans la plus pure tradition Bond, avec un pré-générique d'anthologie, une poursuite tank/voiture dévastatrice et un climax au sommet, littéralement. Martin Campbell signe une mise en scène aux cadres sophistiqués, jouant beaucoup sur les ombres et conférant au film une atmosphère froide et obscure rare pour un blockbuster, et qui ne durera que le temps d'une œuvre. La qualité de l'épisode reste discutable pour beaucoup, et la frustration se fait ressentir, comme peut le représenter la magnifique BMW dont on nous annonce les caractéristiques meurtrières mais dont on ne verra rien. Il s'agit peut-être là d'un symbole pour les dernières aventures de Bond au cinéma.