Ghosts of Mars
États-Unis, 2001
De John Carpenter
Scénario : John Carpenter, Larry Sulkis
Avec : Ice Cube, Clea DuVall, Pam Grier, Natasha Henstridge, Jason Statham
Durée : 1h37
Sortie : 21/11/2001
Un shérif (flic) et ses adjoints se rendent en locomotive (train spatial) dans une ville minière dans l'Ouest américain (une partie éloignée de Mars). Ils doivent ramener un criminel (un criminel), James "Desolation" Williams, responsable du meurtre de 6 mineurs dans un autre camp. À leur arrivée, la troupe ne trouve personne sur les lieux hormis les prisonniers confinés dans un baraquement solidement blindé...Que s'est-il passé? Se pourrait-il que les esprits des Indiens (Martiens) morts se réveillent? Et qu'ils attaquent les mineurs (colons américains)?
Avec Ghosts of Mars, John Carpenter réalise un autre western après Assaut et Vampires. Une fois encore, le genre est utilisé en second plan et c'est le fantastique qui est mis en avant. Pour sa dernière production, Carpenter est influencé par deux de ses oeuvres. On retrouve le sentiment de claustrophobie de Assaut et la propagation de la maladie de The Thing dans le scénario de Ghosts of Mars. Carpenter joue avec les thèmes qu'il affectionne et s'en sert pour, une fois encore, taper sur son pays. Ghosts of Mars est en effet un film critique comme tous ceux de Carpenter. Le réalisateur moleste ici ses compatriotes et rappelle que cette terre appartient avant tout aux Indiens (Martiens). Il fantasme donc sur un hypothétique réveil des Indiens (Martiens) sous la forme de fantômes qui seraient sur le pied de guerre face aux envahisseurs yankee (les mineurs). Il esquinte au passage la police ou plutôt l'Etat policier. Comme dans Invasion L.A ou New York 1997, Carpenter a un personnage le représentant. Il s'agit de Williams (Ice Cube), l'Afro-Américain à qui le système a toujours fait la nique. En bon anti-héros qui se respecte, il se fout royalement que le monde (dont il est exclu) s'écroule.
Le problème de Ghosts of Mars, c'est qu'hormis cet aspect critique jouissif mais complètement banal pour un Carpenter, il ne reste pas grand chose... Le cadrage au scope de Carpenter est absent et les plans n'ont pas le charme de ses précédentes productions. Le scénario est d'une affligeante banalité et on s'approche de "PM Entertainment" (les téléfilms Hollywood Night) avec toutes ces répliques nulles. Il y a certes quelques trucs sympathiques comme un trio de desperados, un shoot à la drogue salvateur et un ouvrage de boîte de conserve très original. On ne s'ennuie pas et en se plongeant dans le sous-texte du film, on découvre des choses assez savoureuses (Carpenter flingue son pays et les spectateurs US ne s'en rendent même pas compte). On se raccroche beaucoup au sous-texte afin d'oublier que le scénario, les acteurs et la mise en scène sont médiocres. Carpenter n'est plus au mieux de sa forme.
Malgré ses défauts terriblement handicapants, Ghosts of Mars bénéficie d'un montage intéressant avec des retours en arrière constants. On suit ainsi le destin des personnages sans avoir recours au montage parallèle. La musique est composée par Carpenter avec des ajouts hard rock (signés Anthrax) qui accompagnent les Martiens adeptes du piercing brutal. Le mélange passe bien mais ne fait pas dans la finesse. Carpenter se permet des effets gore en tout genre et les maquillages sont parfaitement réussis. Cela fait plaisir à voir car ils se font de plus en plus rares au cinéma. Par contre il n'en est pas de même en ce qui concerne les effets visuels. Ils sont catastrophiques. Les maquettes font maquettes, les peintures sur verre font peintures sur verres et les décors (de ville mexicaine) font décors. Encore une fois dans Ghosts of Mars, l'aspect visuel semble être le cadet des soucis de Carpenter.
Avec Ghosts of Mars, Carpenter signe son film le moins ambitieux, le plus torché (à la limite du nanar Z) et le moins jouissif. Malgré un sous-texte sympathique (mais facile), Carpenter n'est plus aussi pertinent qu'il l'était et l'échec phénoménal de Ghosts of Mars au box office américain pourrait lui coûter cher.