Free Zone
Israël, 2005
De Amos Gitaï
Scénario : Amos Gitaï, Marie-Jose Sanselme
Avec : Hiam Abbass, Aki Avni, Makram Khoury, Hanna Laslo, Carmen Maura, Natalie Portman
Durée : 1h33
Sortie : 09/11/2005
FESTIVAL DE CANNES 2005 - A la suite d'un concours de circonstances, deux femmes sont amenées à se rencontrer. A cause d'une bagarre avec sa belle-mère, Rebecca fuit l'hôtel dans lequel elle était domiciliée. Embarquant dans un taxi, elle rencontre Hanna. Elle arrive à convaincre cette dernière de l'emmener avec elle hors d'Israël, jusqu'à la Free Zone.
ON THE ROADS AGAIN
Elle pleure, Rebecca, sur la banquette arrière. Elle est perdue, elle ne sait plus, elle voudrait être ailleurs. "Moi, j’ai changé cette année", chante l’autoradio, en une fable entêtante. La caméra ne la quitte pas, fixe, tactile, épidermique. Le mascara fond, le masque tombe, Rebecca est nue. Natalie Portman itou. Il n’y avait aucune évidence à ce qu’Amos Gitaï parvienne à propulser Padmé Amidala en plein conflit israélo-palestinien. Et pourtant, démaquillée, déracinée, déstabilisée, Portman, en un long plan, saisit nos tripes au-delà de nos espérances. Et nous embarque, conquis, pour un périple hasardeux, de postes-frontière en postes-frontière, de rencontres fortuites en pans de vie singuliers. De la destination de ce road-movie féminin, Gitaï, épaulé par son épatant trio d’actrices (Portman, donc, mais aussi la formidable Hanna Laslo, justement honorée d’un prix d’interprétation à Cannes, et la subtile Hiam Abbass), se soucie peu. Ce qui compte, c’est d’être happé par la densité des trajectoires, d’accepter d’être ballotté de régions en villages, de morceaux d’histoires en souvenirs surimpressionnés (formidable trouvaille esthétique d’un film jamais aussi bon que lorsqu’il demeure mouvant, même quand il pense). Le trio roule, danse, rie, pleure, court, bifurque… Pas surprenant, dans ces conditions, qu’une fois en route, l’on n’ait plus envie de s’arrêter. Aussi, lorsque dans son dernier tiers, Free Zone s’offre une halte trop longuement digressive, avant de ne pas vraiment finir, sur une manière de pirouette peu convaincante, n’a-t-on qu’une envie: oublier, rembobiner, recommencer, reprendre la route, changer de trajectoire – et tant pis pour les escales.