Fils de Chucky (Le)

Fils de Chucky (Le)
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Fils de Chucky (Le)
Seed of Chucky
États-Unis, 2004
De Don Mancini
Scénario : Don Mancini
Avec : Keith-Lee Castle, Steve Lawton, Hannah Spearritt, Jennifer Tilly, John Waters
Durée : 1h30
Sortie : 02/03/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Shit-face est une poupée vivante. Ne sachant d’où il vient, il vit dans un cirque. Il apprend un jour à la télévision qu’un film en tournage adapte le parcours sanglant de Chucky et Tiffany, deux serial killers, poupées également. Persuadé que ceux-ci sont ses parents, il s’évade et atterrit à Hollywood.

CHUCKY GOES TO HOLLYWOOD

"La Fiancée de Chucky parodiait les comédies romantiques, et avec Le Fils de Chucky, j’avais envie de franchir encore une nouvelle limite, de révéler une autre dimension du personnage. Il m’a semblé naturel d’évoluer vers une parodie du genre drame domestique, de films comme Des gens comme les autres ou Kramer contre Kramer... Des films où l’enfant devient l’enjeu d’une bataille". C’est ainsi que Don Mancini, créateur du personnage, scénariste de la série, présente ce cinquième épisode dont il est également le metteur en scène. Après un épisode considéré comme le meilleur d’une série mollassonne, la poupée tueuse revient à l’assaut afin de fonder la parfaite famille. Et avec un pareil pitch, mieux vaut ne pas s’attendre à une ambiance angoissante et horrifique semblable à celles que tentaient – maladroitement - de créer les trois premiers épisodes (si le premier pouvait surprendre, les second et troisième tomes ne volaient pas très haut). Ici, les références, de Kubrick à Ed Wood en passant par Hitchcock et Carpenter, pullulent et les gags font mouche. Le tout distillé dans un ensemble étonnamment travaillé visuellement, s’ouvrant par un magnifique plan séquence mêlant Psychose et Halloween. Car Mancini n’est pas un simple faiseur à qui aurait été confié un cinquième épisode en guise de remerciement. Poussant à leur paroxysme les concepts entraperçus et effleurés dans La Fiancée de Chucky, en les accommodant d’une mise en scène jubilatoire qui se permet un vibrant hommage à De Palma, metteur en scène préféré de Mancini. Résultat: une mise en abyme savoureuse (Jennifer Tilly interprète son propre rôle en poussant la caricature au maximum), ponctuée de clins d’œil jouissifs (le gag Shining), de caméos astucieux (les apparitions du rappeur Redman et surtout de Britney Spears), de meurtres craspecs, etc. Allons droit au but, Le Fils de Chucky n’est rien moins que le meilleur épisode de la série.

MON PAPA A MOI EST UN GANGSTER

Bien entendu, c’est dans son côté graveleux que le film parvient à surprendre le plus. Regorgeant de scènes anthologiques au caractère ouvertement sexuel (Chucky se tirant la nouille en feuilletant un magazine gore, Tiffany brandissant une seringue remplie de sperme, les poupées tueuses vérifiant le sexe de leur enfant...), le film devient une parabole sur l’identité sexuelle à travers la recherche du fils. Prénommé Glen par son père et Glenda par sa mère, dépossédé de son libre arbitre (deviendra-t-il tueur, comme papa?), Shit-Face ne peut que perdre le peu de repères qu’il avait, et basculer dans un égarement total et tragique. A ce titre, l’une des scènes de révélation finale est d’une finesse rarement atteinte pour ce type de produit, en même temps qu’un bel hommage à un classique du cinéma: garçon ou fille, tueur ou pas, Shit-Face a fait son choix, préparez-vous à être surpris. Sans atteindre la réussite de L’Antre de la folie (pour citer une autre mise en abyme du cinéma fantastique), Le Fils de Chucky parvient à se hisser sans peine à un niveau excellent, en dépit d’une certaine mollesse par moments, de personnages inutiles (le paparazzi joué par John Waters) et, plus surprenant, de ses effets spéciaux parfois médiocres (l’animation des poupées semble bien moins réussie que dans les épisodes précédents). Mais Don Mancini réussit haut la main son examen de passage, et son premier film se révèle une véritable réussite tant sur le plan visuel que sur celui des thèmes abordés. Parvenant à associer une intrigue agréable à des idées un peu plus ambitieuses, il nous ferait presque espérer un sixième épisode. Même si le succès a été bien moindre que celui du précédent tome, les recettes finales (environ 17 millions de dollars pour une mise initiale de 12) sont suffisantes pour enclencher la mise en chantier d’une suite. Vu l’épilogue du Fils de Chucky, le potentiel semble énorme.

par Anthony Sitruk

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