Felicita, le bonheur ne coute rien (La)

Felicita, le bonheur ne coute rien (La)
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Felicita, le bonheur ne coute rien (La)
La Felicità non costa niente
Italie, 2003
De Mimmo Calopresti
Scénario : Francesco Bruni, Mimmo Calopresti, Heidrun Schleef
Avec : Valeria Bruni-Tedeschi, Mimmo Calopresti, Francesca Neri, Vincent Perez, Fabrizia Sacchi, Peppe Servillo
Durée : 1h32
Sortie : 12/11/2003
Note FilmDeCulte : *-----

Sergio en a assez. De sa vie, de son corps qui vieillit, de son boulot d’architecte, de sa femme, de son fils, de ses amis. Vous avez dit crise de la quarantaine? Vous avez gagné.

LE BONHEUR EST BON MARCHE

De Mimmo Calopresti, on se souvient surtout de La Seconda Volta, jolie tentative de plagiat Nanni Morettienne, sortie en 1995, très regardable et plutôt encourageante. Découvrir huit ans plus tard La Felicità relève de la gueule de bois cinématographique. Véritable éponge, Calopresti marche ici sur les plates-bandes de Gabriele Muccino, dont le Souviens-toi de moi, redite pesante du non moins convenu Juste un baiser, sort également cette semaine sur nos écrans. Coscénarisé par Heindrun Schleef (également crédité sur le script de Souviens-toi de moi, un hasard, sans doute), La Felicità se veut un instantané de la perte de repères moraux de l’Italie et, par extension, du monde actuel. Au programme, donc, du lourd, du dépressif, de la carte postale au kilo, index vengeur pointé sur le cynisme, le matérialisme, la pensée unique, l’hypocrisie, et bras ouverts à la simplicité, au rêve, et à ce bonheur qui, censément, "ne coûte rien". De ces ambitions altruistes sur le papier, Calopresti tire un long métrage édifiant de platitude scénaristique (Sergio s’éveille au monde lorsque, par souci de productivisme, un accident coûte la vie à l’un des ouvriers de son chantier), de grandiloquence (grandes phrases pompeusement scandées) et de prétention (casting grand luxe, narration déconstruite).

IL EST PLUS DIFFICILE POUR UN MIMMO...

Rien à sauver dans ce catalogue de clichés, de la réalisation, tout juste acceptable, à la direction d’acteurs, dénuée de toute saveur. Ainsi en va-t-il notamment de nos deux Français exilés dans cette galère. Vincent Perez, qui n’avait rien livré de folichon depuis sa dernière collaboration avec Patrice Chéreau (Ceux qui m’aiment prendront le train, ce qui nous ramène tout de même à 1997), ne trouve pas matière à se relever de ses turpitudes chez Krawczyk (Fanfan la Tulipe) et Kurys (Je reste!). Quant à Valéria Bruni-Tedeschi qui, en matière de fausse culpabilité bourgeoise, a déjà donné et avec une toute autre pertinence (Il est plus facile pour un chameau…), elle paraît presque absente de cette Felicità si éloignée d’elle. De fait, la sortie simultanée de Souviens-toi de moi et de La Felicità, vous l’aurez compris, ne suscite pas notre enthousiasme outre mesure, et ne semble rien promettre de brillant pour le cinéma italien. Il faut cependant mesure garder: on aurait tort de jeter la pierre à l’ensemble de la production romaine. Le récent Nos Meilleures Années, de Marco Tullio Giordana, chante encore suffisamment fort à nos oreilles sa jolie petite musique historico-feuilletonnesque pour ne pas nous faire perdre de vue un potentiel certain. Potentiel qui ne tardera pas à être exploité de fort belle manière par Pupi Avati le 17 décembre prochain, avec le bouleversant Un Cœur ailleurs. Le meilleur resterait donc à (re)venir? Potentiellement, oui.

par Guillaume Massart

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