Enfer (L')
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France, 2005
De Danis Tanovic
Scénario : Krzysztof Kieslowski, Krzysztof Piesiewicz
Avec : Emmanuelle Béart, Guillaume Canet, Jacques Gamblin, Marie Gillain, Jacques Perrin, Karin Viard
Durée : 1h35
Sortie : 30/11/2005
Trois soeurs fâchées tentent d'enfouir un drame familial, mais celui-ci continue de déteindre sur leur vie sentimentale. La première est cocue, la seconde vieille fille au chevet d'une mère malade, la troisième follement amoureuse d'un homme qui pourrait être son père.
CALVAIRE
Deuxième adaptation d'un volet de la trilogie inachevée du célèbre cinéaste Krzysztof Kieslowski (Le Décalogue), après le lumineux Heaven de l'Allemand Tom Tykwer et avant un film sur le purgatoire, L'Enfer de Danis Tanovic (No Man's Land) est une caricature de film psychologique bourgeois, aussi ampoulé qu'ennuyeux, une preuve par l'absurde de l'impossibilité de s'approprier le style d'un grand metteur en scène du passé. Le jeune réalisateur bosniaque ne possédait peut-être pas l'envergure pour un tel sujet - la difficulté de vivre avec un traumatisme de l'enfance - et pour diriger un tel casting (Béart, Viard, Gillain, Bouquet, Gamblin et Rochefort pour des rôles à performance). Histoire chorale d'une banalité affligeante, malgré les efforts pour faire sens comme cet incessant renvoi vers le mythe de Médée asséné sans nuance, L'Enfer accumule les poncifs et ne parvient jamais à rendre crédible ses personnages et leurs trajectoires. Contrairement à Kieslowksi, Tanovic surligne chaque symbole, fournit une explication de texte pour chaque comportement et fait de L'Enfer un vrai calvaire pour tout amoureux de l'œuvre du si précieux auteur de La Double Vie de Véronique. De ce soliloque à trois voix, vain et exaspérant, survit miraculeusement Karin Viard, la seule qui, par son naturel, parvient à tirer son épingle du jeu.
En savoir plus
Avec la complicité de Krzysztof Piesiewicz, le regretté Krzysztof Kieslowsk avait, avant de mourir, écrit une trilogie, Le Paradis, Le Purgatoire et L’Enfer, dont l’action se situait respectivement en Italie, en ex-Yougoslavie et en France. Le premier film, Heaven, fut réalisé par Tom Tykwer, mais devant son succès mitigé, Miramax a préféré ne pas produire les deux suivants. Les droits redevenus libres, le producteur Cedomir Kolar, déjà présent sur No Man’s Land, a proposé à Danis Tanovic de tourner Le Purgatoire, projet pour lequel il avait manifesté de l’intérêt il y a quelques années. Mais celui-ci ne voulait plus faire de film lié à la guerre. Il a donc relu L’Enfer et s’est décidé à réaliser cette douloureuse histoire familiale.
Carine Filloux
