Les Enfants
France, 2005
De Christian Vincent
Scénario : Christian Vincent
Avec : Martin Combes, Nicolas Jouxtel, Gérard Lanvin, Phareelle Onoyan, Nathalie Richard, Karin Viard
Durée : 1h28
Sortie : 06/04/2005
Pierre, divorcé et en froid avec sa femme, garde ses deux enfants un week-end sur deux. En visitant un appartement, il fait la connaissance de Jeanne, elle même divorcée et mère de deux enfants.
VOICI VENU LE TEMPS DES RIRES ET DES CHANTS
Parce que cela s’impose, il faut avant tout dire un mot, un seul, de Gérard Lanvin : impérial. Comme à son habitude. Capable de tirer vers le haut les titres les plus faibles (Le Boulet), il trimbale sa nonchalance triste, sa carrure robuste, au centre du microcosme créé par le cinéaste Christian Vincent – que l’on avait pas vu aussi en forme depuis La Séparation, il y a onze ans. Un revenant, lui aussi. Ou plutôt une personne rare, dont le dernier film remonte à 2000, et le dernier succès à plus de dix ans. Cherche t-il à retrouver, avec cette petite comédie de caractères et de mœurs, les faveurs du public ? Sans doute... Mais il faut reconnaître que ce nouvel opus s’inscrit dans la droite lignée de l’œuvre de l’immortel auteur de La Discrète. Une douce ironie, une morale amère, des personnages tristes, à deux doigts d’un bonheur qui s’échappe toujours un peu plus loin. Christian Vincent n’a rien perdu de cette capacité à brosser les couples, à les pousser dans leurs derniers retranchements, les plaçant dans des situations inconfortables et inextricables. Et stimulé par ses interprètes (casting sans faute), il parvient à livrer l’un de ses meilleurs films, peut être même son plus juste, ainsi que son plus drôle. Sur un ton faussement léger, le réalisateur promène ses personnages de Paris à Oléron, navigant entre les couples, mettant à jour les blessures, jouant avec leurs tristesses et leur passé.
LA PASSION DU CHRISTIAN
Mine de rien, sous couvert d’une caméra légère et d’un ton anodin, Christian Vincent parvient à ajouter une pierre de taille à son œuvre, explorant comme on l’a vu les thématiques de ses débuts. Mais au delà de la profondeur réelle de certains moments, on retiendra surtout la justesse et la drôlerie des scènes de groupe. Les enfants s’engueulent, les parents s’engueulent, disputes, jalousies, insultes, Lanvin qui pousse une gueulante, le tout est irrésistible et la première réussite du film est de se laisser regarder comme un bon divertissement, une bonne comédie. Un divertissement dans lequel quelques petites vérités parviennent à transparaître. Bouleversants, les personnages vivent sous nos yeux, et il suffit de voir le tête à tête entre Pierre et son fils aîné, tête à tête qui suit une dispute à table entre ce fils et Jeanne, pour comprendre le projet du cinéaste. Une petite comédie de mœurs, sans prétention, certes. Mais qui, sous ses oripeaux anodins, parvient à bouleverser le spectateur. Cela peut paraître sans doute élémentaire, mais cette comédie familiale est de loin la meilleure vue sur un écran ces derniers mois, un parfait mélange entre le cinéma de Sautet (ressuscité par Marc Esposito dans le récent Cœur des hommes) et une mouvance post nouvelle vague, celle dont justement Christian Vincent a fait partie lors de sa sortie de l’IDHEC. Cinéma de groupe, donc, mais réalisme certain qui donne au film son petit caractère indéniable et irremplaçable. Espérons que le cinéaste reparte sur ces bonnes bases pour relancer une connivence avec le public perdue ces dernières années.