Endhiran - Robot

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Endhiran - Robot
Endhiran
Inde, 2010
De S. Shankar
Scénario : S. Shankar
Avec : Aishwarya Rai, Rajnikanth
Photo : Rathnavelu
Musique : A.R. Rahman
Durée : 2h55
Note FilmDeCulte : *****-
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Le professeur Vaseegaran travaille depuis dix ans sur l’oeuvre de sa vie : la création d’un androïde intelligent, capable d’apprendre et de comprendre le monde qui l’entoure. Son souhait est de léguer son invention à l’armée indienne. Tout déraille lorsque le robot tombe amoureux de sa fiancée…

I, ROBOT

Non, les films de Bollywood ne sont pas uniquement digérables et appréciables au second degré. Stop à la condescendance qui veut qu’en Occident, on ne puisse voir ces blockbusters musicaux que pour s’en moquer: l’Inde, plus gros producteur cinématographique au monde n’a pas à prouver que ses œuvres méritent d’être prises au sérieux. Et pourtant… Endhiran vient compliquer la question. Depuis sa sortie triomphale l’an dernier, le long-métrage a fait le bonheur des internautes du monde entier qui ont propagé avec un enthousiasme plus ou moins moqueur ses meilleures scènes et sa réputation de film déjà culte. Même en cherchant à défendre le cinéma indien (car Endhiran ne vient pas de Bollywood mais de Kollywood, c’est à dire qu’il a été tourné à Chennai, en langue Tamoul), on ne peut que confirmer : l’éternelle candeur des blockbusters musicaux ne fait ici pas vraiment le poids face à … face à quoi d’ailleurs ? De l’audace ? De l’inconscience ? De la bêtise ? Comment trouver les superlatifs adéquats pour commencer à décrire ce que l’on découvre stupéfaits, bouche bée et les yeux écarquillés ?

Endhiran mérite entièrement sa place à l’Étrange festival, dans le sens où même dans l’univers très codé des crowd-pleasers indiens (qui brillent moins par leur souci de crédibilité que par leur enthousiasme), il n’a pas peur d’exploser les limites. Des robots qui s’assemblent pour se transformer en flingue, en géant, puis en serpent ? Ok. Une chorégraphie (complètement hors-intrigue) sur le Machu Picchu en costumes mayas ? Ok. Des chansons sur les protons et les électrons ? Ok. Ce tsunami d’éléments non-crédibles est tout simplement fascinant. Comment autant d’argent a-t-il pu être dépensé sur des scènes aussi génialement absurdes et stupides (le héros parle à un moustique et lui demande de s’excuser pour avoir piqué sa fiancée. Hein ?). Jusqu’où cela va bien pouvoir aller ?

I'M IN LOVE WITH A STRICT MACHINE

Ce qui sauve (à moitié) Endhiran des abîmes du nanar, c’est qu’il s’agit autant d'un film de science fiction qu’une comédie (romantique et musicale). Et pourtant, on n’est pas bien sûr qu’il fasse exprès d’être aussi drôle. La dose de non-crédibilité supplémentaire aux yeux occidentaux tient sans doute en deux points. D’une part,le personnage principal, censé être un tant soit peu séduisant et surtout hyper sportif et bagarreur, est interprété par un acteur de 60 ans (une méga star là-bas), qui une fois relooké ressemble moins à un beau gosse qu’à un vieux Oompa Loompa déguisé en Michou. D’où vient cette amusante manie indienne de faire passer des papa-poussahs pour des gossbo réels ? L’autre problème, c’est de considérer Matrix (première référence évidente) comme horizon indépassable de la modernité. C’est oublier que le film a été réalisé il y a plus de dix ans et qu’il a été copié maintes fois depuis. On sait que le film a nécessité huit années de pré-production et que le marché indien est un peu coupé du cinéma occidental, mais à ce point ? Les effets spéciaux font déjà un peu datés, et le résultat ressemble parfois moins à Transformers ou The Cell qu’aux clips des années 90 d’Ophélie Winter et Janet Jackson.

Et pourtant, malgré tout ça, il y a quelque chose de tout bonnement irrésistible dans ce feu d’artifice hystérique, une excitation et un enthousiasme hyper contagieux de gamin qui s’amuse avec les plus gros jouets du monde. Ainsi que la plus belle poupée : Aishwarya Rai qui fait ce qu’elle peut avec un rôle de potiche à faire pleurer les féministes, et qui se retrouve tantôt lookée en cyborg ringard ou en Pussycat Doll r’n’b. Les meilleures scènes du film sont peut-être finalement les scènes de danse. Qu’elles soient simples (parfois) ou over the top (souvent), ces sont en tout cas les plus concrètes, et paradoxalement celles où il y a le plus de vie et d’énergie. Endhiran est un ovni kitch qui n’a peur de rien et surtout pas du ridicule. C’est toujours une qualité, même si à l’arrivée on compte un peu les morts. Peut-être moins réservé aux amateurs de Bollywood sérieux qu’aux amateurs de nanars, le film est pour ces derniers une véritable pépite culte.

par Gregory Coutaut

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