Dans la tête de Charles Swan III
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A Glimpse Inside The Mind of Charles Swan III
États-Unis, 2013
De Roman Coppola
Scénario : Roman Coppola
Avec : Patricia Arquette, Bill Murray, Jason Schwartzman, Charlie Sheen
Photo : Nick Beal
Musique : Liam Hayes
Durée : 1h26
Sortie : 24/07/2013
Graphiste réputé de Los Angeles, Charles Swan est un séducteur excentrique à qui tout a toujours souri. Mais quand son grand amour Ivana, lassé de ses frasques d’homme à femmes, met brutalement fin à leur relation, c’est tout son monde qui s’effondre. Avec le soutien de ses fidèles amis Kirby et Saul et de sa sœur Izzy, il entreprend alors un étrange voyage d’introspection dans son imaginaire, et tente de se résigner à vivre sans Ivana.
UNE TÊTE FOLLE
Une dizaine d'années s'est écoulée entre CQ, premier long métrage de Roman Coppola, et Dans la tête de Charles Swan III. Le temps suffisant, par exemple, pour que sa sœurette Sofia signe quatre films. Depuis, Roman Coppola n'a pourtant pas chômé et a écrit avec son comparse Wes Anderson les scénarios d'A bord du Darjeeling Limited ou de Moonrise Kingdom. La dimension ludique, le charme rétro, le décalage burlesque, le côté maison de poupées cassées où la mignonnerie apparente est un sparadrap sur les fêlures des personnages : on retrouve tout cela dans Charles Swan. L'école Anderson semble avoir réussi à Coppola dont le premier long était plus fragile. Dans la tête de Charles Swan III reste un grand bordel, mais sa générosité zinzin nous embarque.
Première scène de Charles Swan: Charlie Sheen émerge des ténèbres. Caché derrière ses lunettes noires, dissimulé derrière les volutes de ses clopes. Une mise à poil: on nous promet même de pénétrer dans sa tête. Des images surgissent de son cerveau comme on entrerait aux côtés de Michael Jackson dans le train fantôme de Leave me Alone. Derrière les masques et les déguisements, derrière les vignettes et les farces, il y a une histoire toute nue et toute simple. L'amour de Charles Swan s'est barré. Le héros pathétique est inconsolable.
Comme Sofia, Roman est un enfant du cinéma. Lorsque Charles divague, c’est dans des parodies de western ou des séquences musicales. Mais même dans sa vraie vie, Swan conduit sur Mulholland Dr, trimballe sa lose flamboyante entre les haciendas hollywoodiennes cachées derrière les palmiers. Ses camarades sont des Bill Murray et des Jason Schwartzman à demi déguisés (+ Patricia Arquette dont le retour au ciné fait plaisir), tandis que Sheen joue un Charles au bord de la rupture nerveuse dont l’histoire d’amour avec sa pin-up se casse la gueule. Toute ressemblance avec des personnes existantes etc etc. Certes, le déferlement permanent du long métrage peut parfois assommer, mais c’est aussi ce jaillissement à fleur de peau qui fait le charme de Charles Swan III. Coppola réussit son coup en rendant finalement son héros, pantin désarticulé, attachant. Mais il ne perd pas de vue que tout cela est un jeu. Dans le dernier film de Sofia Coppola, The Bling Ring, les héros sont quelques jeunes inconscients rattrapés par la réalité. Le générique de fin de Charles Swan III se tourne vers la pure fantaisie, jusqu’au bout, à l’image du film entier.
