Dans la maison
France, 2011
De Francois Ozon
Scénario : Francois Ozon
Avec : Fabrice Luchini, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner, Ernst Umhauer
Photo : Jérôme Alméras
Musique : Philippe Rombi
Durée : 1h45
Sortie : 10/10/2012
Un garçon de 16 ans s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l'enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d'événements incontrôlables.
LES CLEFS DE LA MAISON
Une bonne partie des films de François Ozon pourraient s'intituler Dans la maison, de 8 femmes et sa maison de poupées à Gouttes d'eau sur pierres brûlantes et sa maison-aquarium. Ozon, avec son nouveau film, adapte une pièce de l'Espagnol Juan Mayorga, mais il est comme chez lui dans cette maison. Dans la maison rappelle une version masculine de Swimming Pool où les considérations charnelles seraient déplacées, le film s'intéressant plus strictement à la création en marche, et aux rapports de force entre l'élève et le professeur. Fabrice Luchini campe un prof un peu réac dont l'intérêt est quelque peu réveillé lorsqu'il découvre un écrivain en herbe, caché au dernier rang de la classe. Claude, 16 ans, n'écrit pas comme les autres lycéens dont les rédactions se limitent à raconter leur samedi soir à manger de la pizza. Le film se déroule sous nos yeux, dicté par le récit de Claude. Pure fiction ? Pur quotidien ? François Ozon brouille les pistes entre ce qui se passe, ce qui se crée, ce qui se fantasme, jusqu'à ce que réalité et fiction ne fassent plus qu'un, que l'un marche sur l'autre, l'imprègne et l'influence, dans un sens et dans l'autre.
Dans la maison ne joue pourtant pas spécialement la carte du mystère et du trouble subtils. La maison ressemble à un décor de cinéma. La voix-off, bien exploitée, installe une malice constante. Certaines séquences tirent même vers la farce. Les qualités et défauts des rédactions de Claude, dans un geste ironique, deviennent celles du film de François Ozon: jeu virtuose mais parfois tape-à-l'œil, blocages, parodie, décrochage, difficulté de trouver une bonne fin. Le film est efficace, ludique comme peuvent l'être certains de ses meilleurs essais, porté par un haut tempo non stop comme certains des derniers Téchiné, même si, à l'arrivée, il manque l'émotion qui étreint ailleurs. On est ému par la révérence des poupées de 8 Femmes. On est ému par Anna Thomson, prisonnière à la fin de Gouttes d'eau.... On est moins ému ici. Dans cette néanmoins réjouissante récréation, Ozon confirme notamment son talent de directeur d'acteurs et de découvreur - le jeune Ernst Umhauer s'ajoute à la liste de comédiens révélés (ou retrouvés, pour certains) par le cinéaste.