Crustacés et coquillages
France, 2005
De Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Scénario : Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Avec : Jean-Marc Barr, Jacques Bonnaffe, Valeria Bruni-Tedeschi, Edouard Collin, Gilbert Melki, Sabrina Seyvecou, Romain Torres
Photo : Matthieu Poirot-Delpech
Musique : Philippe Miller
Durée : 1h33
Sortie : 30/03/2005
Un été, au bord de la Méditerranée. Marc et Béatrix forment un couple heureux, les vacances sont idylliques, leur fils Charly a invité son meilleur ami Martin. Béatrix pense que les deux adolescents sont homosexuels, mais surtout Béatrix attend son amant Mathieu.
COEUR VOLAGE
Dialoguistes émérites, mélomanes malicieux, Jacques Martineau et Olivier Ducastel s'emparent des fredaines chères au vaudeville, par le biais de vérités épineuses et enchevêtrées. Crustacés et coquillages - inversion dérivée de La Madrague de Brigitte Bardot -, dédramatisent les tracas, crèvent l'abcès sans grever le sens du rythme, avec cette candeur effrontée qui passe outre les lois graves de la fidélité et de l'engagement. Plus qu'une comédie gay, déliée, impertinente, portée par une grâce mutine, Crustacés et coquillages fait de l'amour-rengaine (les passions qui s'étiolent), un terrain propice aux batifolages (le coming out à retardement). Un berceau de "tolérance hollandaise", une enfilade de portes entrebâillées, de regards en coin qui grincent et d'aveux qui claquent jovialement. De l'extérieur, gare théâtrale ou parades buissonnières, surgissent un amant pot-de-fleur, un plombier viril au sourire équivoque. Partagée entre deux hommes, lectrice d'un Eloge des vagabondes lourd de fantaisie, Béatrix teste les bienfaits d'un "déséquilibre équilibré", un ménage à trois bienheureux, délesté de ses sempiternels examens de conscience. Laura s'amourache du premier motard venu, Charly et Martin évacuent maladroitement leurs frustrations, Marc revient sur les traces d'un amour presque oublié... Le couple Martineau-Ducastel cisèle virgules, petits points, sexualités et rancoeurs, redouble d'inventivité et d'ardeur enjouée.
CONTE D'ETE
Un lieu: un mas provençal encourageant les effractions amoureuses. Un élément pivot: la douche. Crustacés et coquillages prend l'allure d'une bouderie enfantine, un babillage à coeur ouvert, où les jeux de touche-pipi et de chaises musicales se révèlent un vaste problème de tuyauterie et de pneus crevés, de fils mal raccordés et d'adultes qui ne s'épanchent pas assez. Ducastel et Martineau éclaboussent une famille trop disciplinée et l'inondent d'une aura sensuelle et capricieuse. Qu'ils se chamaillent ou s'adonnent à leurs jeux de dupe, amants et prétendants éconduits laissent s'enfler les quiproquos et se glissent in extremis dans les maillons chatoyants de la comédie musicale. Les mots suspendus aux lèvres, à peine échappés de la bouche des acteurs, sont déjà des monologues chantés. La musicalité ne vient pas seulement des deux interludes chorégraphiés, mais des mains baladeuses, des jets d'eau innocents, d'un portable qui vibre et tourne sur lui-même. Les rencontres "téléphonées", les noeuds inextricables de l'adultère se transforment en numéros de rêverie câline - l'onirisme dans son plus simple appareil. A l'aurore, Béatrix et Marc s'avancent inquiets l'un vers l'autre. Une lettre d'amour fait encore pleurer Didier. La cadence, si parfaite, pensée pour les acteurs (Gilbert Melki et Jean-Marc Barr, à la fleur de l'âge) ou réinventée par d'autres (Valeria Bruni-Tedeschi, affriolant coeur d'artichaud) noie définitivement les conflits pour grignoter un petit coin de paradis.
En savoir plus
L'animation, simple et colorée, qui ouvre le film a été confiée à Stéphanie Lelong et Olivier Marquézy, qui ont participé à la réalisation du générique de début d'Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg.