Cotelettes (Les)
Les Côtelettes
France, 2003
De Bertrand Blier
Scénario : Bertrand Blier
Avec : Michel Bouquet, Hammou Graïa, Philippe Noiret, Farida Rahouadj, Franck de La Personne
Durée : 1h26
Sortie : 28/05/2003
Un petit vieux débarque chez un autre petit vieux dans l’idée de "le faire chier". Tous les deux ont la même passion pour une jeune femme maghrébine qui leur donne l’envie de vivre, malgré la vieillesse, l’ennui, l’argent, la mort.
En poursuivant sur le sentier tracé par ses deux précédents échecs (Mon Homme et Les Acteurs), Bertrand Blier prouve avec Les Côtelettes qu’il ne cherche pas vraiment à rameuter le public des années 80, celui qui a fait un triomphe à Tenue de soirée notamment. C’est tout à son honneur. Il livre ainsi un film froid, désincarné, au récit déstructuré, à l'ambiance proche de celle de son dernier film. Affaibli par la désaffection progressive du public, Blier a changé. Finis les dialogues savoureusement drôles, les tirades déclamées par un Depardieu habité, finies les scènes de cul et la recherche avouée du scandale. C’est un cinéaste rangé qui parle, mais un cinéaste qui se cherche (seulement trois films en dix ans), concerné par les questions actuelles sur la droite, la gauche, la condition des femmes maghrébines, la mort, la vieillesse, la vie, la maladie... De belles idées explorées par un cinéaste dont la sincérité et le talent ne sont plus à prouver.
Et pourtant, ces Côtelettes ne convainquent pas. La faute à un scénario répétitif qui, malgré quelques belles ellipses et deux ou trois envolées poétiques, tourne malheureusement à vide, autour de ses deux acteurs rivalisant de cabotinerie. Les idées sont là, mais elles peinent à devenir intéressantes, restant à l’état anecdotique, sans jamais atteindre la puissance allégorique des précédents films du cinéaste. Aujourd’hui, Blier n’existe plus, il est dans une impasse, n’en sortant que pour certains dialogues percutants et une bande son irréprochable qui laisse entrevoir ce que le film aurait pu être. Ponctuée des rires du public, des applaudissements, des rappels après entracte, cette bande son rattache astucieusement le film à ses origines théâtrales. C’est amusant, mais c’est peu. Rien de plus? Malheureusement non, rien de plus. Dans son ratage, même Les Acteurs restait sans doute plus intéressant car plus discutable. A ce stade, il ne reste plus qu'à attendre la prochaine diffusion télévisée d'un des chefs d'oeuvre passés du cinéaste. Quelle tristesse.