Chroniques de Riddick (Les)

Chroniques de Riddick (Les)
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Chroniques de Riddick (Les)
The Chronicles of Riddick
États-Unis, 2004
De David Twohy
Scénario : David Twohy
Avec : Judi Dench, Vin Diesel, Colm Feore, Thandie Newton, Karl Urban
Durée : 1h59
Sortie : 18/08/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Depuis qu’il a échappé aux monstres d’une planète désertique, Richard B. Riddick parcourt l’univers. Recherché par des chasseurs de primes, il croise dans sa fuite un peuple de conquérants, les Necromongers, qui annihilent planète après planète. Le meurtrier évadé s’opposera-t-il à eux?

LA COULEUR DE L’ARGENT

A Hollywood, la quête désespérée d’une franchise viable ne s’accommode pas de l’obscurité et du bricolage. Dans Pitch Black, David Twohy compensait ses contraintes budgétaires par une recherche visuelle et des effets bon marché: le moindre centime contribuait à l’élaboration d’une esthétique forte et cohérente. Des expérimentations soutenues par une histoire saisissante et un très bon personnage: Richard B. Riddick, prisonnier évadé et meurtrier. La réputation du film s’est faite en quelques années, et David Twohy a eu l’opportunité de créer une grande franchise de science-fiction. Qui s’en plaindrait, dans une réalité cinématographique où Star Trek n’est plus qu’un souvenir, où Star Wars s’achève bientôt? En cela, Les Chroniques de Riddick sont une belle tentative, honnête et inspirée, puisant dans le meilleur de la pop-culture: les Necromongers sont une réminiscence des Borgs de Star Trek: TNG, le cosmos usé et industriel vient de Lucas, et le Conan de John Milius appose sa marque solennelle sur l’ensemble. Twohy ne régurgite pas, il digère pour mieux créer, sans oublier qu’il est aussi un metteur en scène visuel. Rigoureux, il plie le gros budget (105 millions de dollars) à son sens esthétique. Une scène d’action n’est jamais classique, soit baignée par les éclairs des armes à feu, soit privée de son, la musique accompagnant la violence virtuose de l’anti-héros. Pitch Black n’est pas si loin, et Twohy n’a rien perdu de sa mise en scène. Il y a un problème cependant: le syndrome Wachowski/Lucas/Sommers a encore frappé.

PERDU DANS L’ESPECE

Cette entreprise honorable a les défauts de ses intentions, si sincères soient-elles. Derrière ces grandes scènes, ces invasions, ces destructions massives, ces combats épiques, on sent trop le désir profond du réalisateur, sa volonté de création, la concrétisation soudaine d’une vision foisonnante car longtemps frustrée. Riddick a le côté obscur d’une liberté artistique toute-puissante que les auteurs n’ont que trop attendue. Le film est excédentaire en planètes, en personnages, en dialogues, en créatures, en métrage. On se perd facilement dans la philosophie Necromonger et l’on peine à saisir leur potentiel maléfique, un vrai problème pour des méchants de cinéma. Exemple type du réalisateur non bridé: une chasse de cinq minutes par des "chiens caméléons" qui n’apporte absolument rien à l’intrigue! En exprimant son côté geek, David Twohy verse dans la surabondance quand son univers personnel aurait mérité une introduction carrée et rigoureuse (sur le modèle de Pitch Black), débarrassée d’une solennité maniaque. Si l’élaboration du mythe s’effectue malgré tout, elle est handicapée par une envie insatiable de richesse. En ces temps bénis pour le cinéma de genre, il est dommage de souhaiter une présence accrue de la production à des réalisateurs bourrés de talent et d’idées. Mais quand un film comme celui-ci manque de peu la véritable réussite artistique en alourdissant inutilement une qualité rare, peut-être est-ce la seule solution. Maudits soient ces défauts maladroits qui empêcheront peut-être la franchise d’aboutir. Riddick mérite à lui seul un autre film: charismatique, indestructible, animal, il est l’un des meilleurs personnages de science-fiction de ces dernières années. Gageons que Twohy et Diesel feront tout pour sauver une figure unique: le geek qui sommeille ne veut pas perdre espoir.

par Benjamin Hart

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