Capitaine Alatriste
Alatriste
Espagne, 2005
De Agustin Diaz Yanes
Scénario : Agustin Diaz Yanes d'après d'après l'oeuvre de Arturo Perez Reverte
Avec : Elena Anaya, Javier Camara, Ariadna Gil, Viggo Mortensen, Eduardo Noriega
Photo : Paco Femenia
Musique : Roque Baños
Durée : 2h25
Sortie : 25/06/2008
"Ce n'était pas l'homme le plus honnête, ni le plus pieux, mais c'était un homme courageux. Il s'appelait Diego Alatriste." Tels sont les premiers mots du best-seller international d'Arturo Pérez-Reverte, "Le capitaine Alatriste". L'histoire se déroule dans l'Espagne impériale du XVIIe siècle, entre 1622 et 1643, sous le règne de Philippe IV, avant-dernier roi de la Maison d'Autriche. Philippe IV est un monarque faible et facilement manipulable, dominé par une Cour corrompue, agitée par les intrigues orchestrées par le très influent comte-duc Olivares. L'Empire espagnol décline lentement. La société souffre de ses nombreuses contradictions. Le luxe et l'opulence de l'aristocratie coexistent avec la misère et la vulnérabilité du peuple. Ce monde déclinant est le théâtre des aventures de Diego Alatriste, fier soldat au service de Sa Majesté dans les Flandres, et mercenaire à Madrid et Séville en temps de paix.
CAPITAINE ABANDONNÉ
L’ouverture est prometteuse. Protégés par la brume, dissimulés dans une eau marécageuse, le capitaine Alatriste et ses hommes attendent patiemment leur heure. Puis c’est l’assaut. Lancinant, douloureux. L’ennemi étouffe un râle, les cadavres dérivent en silence. Pas de clameurs, pas de chants victorieux. Pas d’héroïsme. Avec ce prologue sans esbroufe, humble et contenu, Augustin Diaz Yanes impose d’entrée une distance : en fuyant le spectaculaire, Capitaine Alatriste offre un profil bas intriguant, une élégance formelle – sèche et frontale – à rebours de son ambition narrative, qui enchevêtre les lieux et les personnages. Présent sur tous les fronts, Capitaine Alatriste est à cheval entre plusieurs registres (le conte initiatique, la fresque politique, la romance contrariée…), mais peine à démêler les nœuds tentaculaires des romans d'Arturo Pérez-Reverte. L’épopée attendue est trop dispersée, trop tortueuse pour captiver, trop bavarde et digressive pour émouvoir. Le montage abrupt et hasardeux n’aide pas davantage à la compréhension. La fin à rallonge met en lumière toute la difficulté du projet ; le film déplace constamment son centre de gravité, sans parvenir à saisir un enjeu fort. A force de retenue, le récit désamorce toute tension et défait sa propre mythologie. Ambitieux sur le papier, Capitaine Alatriste ne réalise qu’une infime partie de ses belles promesses – le casting, les décors et les costumes en témoignent –. Reste le plaisir d’entendre Viggo Mortensen s’essayer à la langue de Cervantès.