Blood Feast 2
Blood feast 2
États-Unis, 2002
Scénario : W.Boyd Ford
Avec : Mark Maclachlan, Melissa Morgan, John Waters
Durée : 1h38
Sortie : 01/01/2002
Un traiteur égyptien se voit commander un buffet à l'occasion d'un mariage. Possédé par la maléfique statue de Ishtar qui lui ordonne de tuer, son festin sera composé de chair et de sang.
Un air de déjà vu? Effectivement, quarante ans après le premier volet, Blood Feast 2 remet le couvert avec une histoire plus ou moins jumelle (on peut aussi bien parler de suite que de remake). Ainsi, nous suivons les aventures du petit fils du traiteur, du petit fils du flic... un scénario inventif, donc. Reste à savoir par quel bout prendre ce Blood Feast 2, car il est certain que nous avons ici affaire à une expérience cinématographique pour le moins "autre". Alors que Blood Feast inaugurait un genre en devenant le premier film gore de l'Histoire, Blood Feast 2 nous parvient au terme de quatre décennies, qui font passer les effets sanguinolents du premier volet ou de 2000 Maniacs (malgré son aura culte) pour un spectacle assez désuet. C'est en cela que le dernier film de Hershell Gordon Lewis possède un caractère si singulier: le résultat est hors du temps et sans réel équivalent avec ce qui peut sortir actuellement sur les écrans. Le metteur en scène s'en donne davantage à coeur joie dans les effets gores (plus soignés), ayant bien conscience que le public a évolué et se montre moins facilement impressionnable Mais rajouter du sang n'y fait rien: Blood Feast 2 ne gagne pas outrageusement une allure plus "actuelle".
Pourquoi? Parce que le gore au strict sens du terme est un genre plutôt démodé qui se perd, et qui finalement a été pillé par de nombreux autres. En plus de ce statut particulier, force est de constater que Blood Feast 2 est filmé de la façon la plus plate possible, sans aucun sens du rythme, sans aucun tempo pour la comédie ni montée de tension pour des scènes plus tendues. Mais est-ce bien là l'essentiel? Blood Feast 2 est un divertissement qui inspire une certaine indulgence pour sa sincérité et son absence d'ambition démesurée, alignant les unes derrière les autres les scènes gores qui n'étaient pas possibles à l'époque (L'effet spécial de l'arrachage de visage nous a coûtés autant que Blood Feast tout entier.). Le film est traversé par une certaine ironie je-m'en-foutiste, Herschell Gordon Lewis faisant un clin d'oeil au spectateur lorsqu'il filme une pin-up nue qui se fait trucider quelques instants après sa douche. Clin d'oeil également en proposant à son ami John Waters d'interpréter le rôle d'un prêtre (ou en confiant à la charmante Melissa Morgan un rôle de créature watersienne). C'est ce lien de complicité qui rend Blood Feast 2 et le cinéma de Lewis assez attachants: l'homme est sincère et lucide, comme une sorte d'Ed Wood qui aurait parfaitement conscience de la médiocrité assumée de ses oeuvres (et du coup de leur caractère culte).
Prendre du plaisir à Blood Feast 2, c'est accepter cette connivence qui donne accès à un cinéma singulier, finalement assez frais car naïf. Un nanar assumé royalement par son auteur, qui en parle comme du "sommet de sa carrière". Une blague potache certes, mais qui nous vient d'un homme faisant d'une certaine manière partie de l'Histoire du cinéma.