Bienvenue à Collinwood
Welcome To Collinwood
États-Unis, 2002
De Anthony Roth Costanzo, Joe Russo
Scénario : Anthony Roth Costanzo, Joe Russo
Avec : Patricia Clarkson, George Clooney, Jennifer Esposito, Luis Guzman, William H. Macy, Sam Rockwell, Isaiah Washington
Durée : 1h20
Sortie : 04/12/2002
Collinwood est une banlieue de Cleveland, un lieu de paumés, de ringards et d’exclus fauchés. Dans ce microcosme à l’écart du rêve américain, évoluent des personnages qui recherchent des Bellinis. Des coups fantastiques qui leur permettraient de s’arracher à leur misère et de celle de leur univers.
Bienvenue à Collinwood est de ces films dont se délectent les cinéphiles. Véritable genre en lui-même, popularisé par les frères Coen, il présente des personnages stupides qui ratent tout ce qu’ils entreprennent. Mais quitte à échouer, autant le faire avec panache. Alors les protagonistes de Collinwood ont plus de panache que n’importe qui. Lointains cousins du Duke de The Big Lebowski, ils s’associent malgré eux pour un casse qui devrait les rendre riches. Seulement, et tout le ressort du film repose dessus, chacun des membres de l’équipe de bras cassés va, à tour de rôle, endosser la responsabilité de les empêcher de mener à bien leur noble quête. Le lieu importe tout autant que les protagonistes. Ils évoluent dans une morne et anonyme banlieue américaine, dans une époque indistincte. Un univers de malfrats avec leur vocabulaire spécifique, comme la recherche du Mullinski ou du Bellini, deux termes exotiques et irrésistibles, coupés du reste du monde. Collinwood pousse ses habitants à partir, à fuir leur quotidien que chacun, avec son lot de petites misères cocasses, ne supporte plus. Alors, tous sont à l’affût du moindre coup facile qui se présenterait.
Produit par Steven Soderbergh et George Clooney (qui s’est réservé un petit rôle à se tordre de rire), le premier véritable film des frères Russo est une vraie réussite, mais qui ne parvient pas à éviter certains écueils. Seulement, l’œuvre et ses personnages sont suffisamment attachants pour passer ces défauts. Insolite et haut en couleur, le film parvient à faire rire des malheurs d’une existence misérable. Toutefois, les auteurs ne prennent pas leurs victimes de haut et un véritable amour pour eux et leur destin transparaît en chaque scène. Simplement parce qu’il est aisé de réaliser qu’eux-mêmes viennent d’un même endroit, pauvre et bourré d’espoir. Hyper codifié et balisé, Bienvenue à Collinwood se pare de nombreuses références savoureuses, comme la scène d’introduction inspirée des comédies muettes en noir et blanc. Cependant, malgré toutes ces qualités et la prestation exceptionnelle des acteurs, Sam Rockwell (Charlie et ses drôles de dames) en tête, le film reste trop prévisible dans ses rebondissements et sa mise en scène manque parfois de rythme. Certaines scènes demeurent trop convenues et ont été vues trop souvent.
Seulement, Bienvenue à Collinwood demeure un excellent film, bien écrit, exceptionnellement interprété, drôle et touchant. Il devrait toucher au cœur les amateurs des films des frères Coen tout en espérant à rallier sous leur bannière les autres réfractaires.
En savoir plus
Le film a été présenté à Cannes 2002 à la quinzaine des réalisateurs. Produit par Steven Soderbergh, on retrouve dans le film deux acteurs habitué de ses propres films: Luis Guzman et Georges Clooney. Il s’agit de la nouvelle production du team Clooney-Soderbergh après