Beaucoup de bruit pour rien
Much Ado About Nothing
États-Unis, 2013
De Joss Whedon
Scénario : Joss Whedon
Avec : Amy Acker, Alexis Denisof
Durée : 1h48
Sortie : 29/01/2014
De retour de la guerre, Don Pédro et ses fidèles compagnons d’armes, Bénédict et Claudio, rendent visite au seigneur Léonato, gouverneur de Messine. Dans sa demeure, les hommes vont se livrer à une autre guerre. Celle de l’amour. Et notamment celle qui fait rage entre Béatrice et Bénédict, que leur entourage tente de réconcilier tout en essayant de déjouer les agissements malfaisants de Don Juan.
WILLIAM S'EXPIRE
Le plus grand bienfait de Beaucoup de bruit pour rien, c'est qu'il permet de redécouvrir le texte toujours aussi brillant de Shakespeare, servi ici par de bons comédiens, tous d'anciens collaborateurs de Joss Whedon. Au-delà, difficile de voir un véritable intérêt dans l'adaptation. Whedon reste on ne peut plus fidèle à la source qu'il s'est contenté d'abréger, mais qu'il a surtout portée de nos jours... sans que cela n'ait une quelconque incidence. Au début, c'est même plus gênant qu'autre chose tant la mise en scène peine à donner corps à ces merveilleuses répliques, trop occupée qu'elle est à assoir la transposition contemporaine, avec sa caméra portée. Par conséquent, le langage soutenu et en vers jure avec l'esthétique, et ce malgré un beau N&B numérique. Par la suite, la forme trouve davantage appui et le film se pose, mais jamais Whedon ne confère vraiment de poids à son œuvre. La pièce a beau être plutôt légère dans l'ensemble, ici on a souvent l'impression de regarder un atelier théâtre entre potes. Et c'est globalement le cas, après tout. L'idée est venue au réalisateur après plusieurs lectures entre amis dans sa maison (qui sert de décor au film) et le tournage a eu lieu durant une douzaine de jours de vacances durant la production de The Avengers. On saisit aisément ce qui a intéressé l'auteur dans le matériau original. Outre la verve des joutes verbales, le propos du dramaturge concernant le regard que les hommes ont sur les femmes intelligentes ou libérées n'a pu que séduire le créateur de Buffy et d'autres personnages féminins forts. Toutefois, connaissant le talent de Whedon pour les dialogues, on aurait aimé voir une adaptation plus couillue, substituant aux vers du Barde les échanges et punchlines incisives qui ont fait le beurre du scénariste. On aurait aimé une vraie adaptation, quoi.