Bad Company
États-Unis, 2002
De Joel Schumacher
Scénario : David Himmelstein, Jason Richman
Avec : Anthony Hopkins, Gabriel Macht, Matthew Marsh, Chris Rock, Peter Stormare, Kerry Washington
Durée : 1h56
Sortie : 17/07/2002
Quand un agent de la CIA, diplômé de Harvard, se fait tuer durant une opération, l’agence recrute son frère jumeau, un petit truand des rues qui n’a absolument aucune idée de l’univers dans lequel il pénètre. C’est pourquoi la CIA assigne un agent chevronné pour son entraînement, afin qu’il termine la mission entamée par son frère.
Jerry Bruckheimer produit de tout. Jerry Bruckheimer produit Pearl Harbor, une grande fresque ayant l'ambition d'être le parfait croisement entre Titanic et Il faut sauver le soldat Ryan. Jerry Bruckheimer produit La Chute du faucon noir, le pendant réaliste du film de guerre hollywoodien cité plus haut. Jerry Bruckheimer produit Bad Company, le blockbuster estival ayant pour têtes d'affiche deux stars de calibre différent, avec un film maker expérimenté à la barre. C'est là que l'on s'étonne de voir le nom de Joel Schumacher à la réalisation. Non pas que Schumacher soit un auteur ou encore un réalisateur à la carrière prolifique, mais celui qui nous a infligé Batman & Robin ne correspond pas exactement au profil type des metteurs en scène enrôlés par Bruckheimer.
Il ne s'agit pas ici du premier long métrage d'un réalisateur de pubs et de clips mais plutôt de l'avilissement de Joel, purement et simplement. Il se voit confier la franchise Batman, qu'il descend en flammes, il réalise deux flops (8mm et Personne n'est parfait(e)) puis il se ressaisit un bref instant pour réaliser Tigerland, flirtant avec le Dogme. On se met alors à espérer. Le film reçoit même de bonnes critiques méritées - mais échoue néanmoins au box-office. Schumacher continue sur la bonne voie en reprenant un projet passé entre les mains de Hitchcock et Michael Bay: Phone Booth, un film au concept alléchant (huis-clos dans une cabine téléphonique) avec sa révélation de Tigerland, Colin Farell. Bien que celui-ci soit tourné, il ne sort pas tout de suite. Schumacher a le temps d'enchaîner avec une tentative de récupération en s'associant au roi du blockbuster, Jerry Bruckheimer. Bad Company coûte plus de 80 millions de dollars. Il en rapporte 28. Cet homme est maudit.
Reprenant plus ou moins l'esthétique d'Ennemi d'Etat, autre production Bruckheimer, et ses filtres bleus chers à Tony Scott, la mise en scène de Bad Company est d'une banalité afligeante. Schumacher, que l'on a quand même connu plus inspiré, signe un film sans intérêt qui ne parvient même pas à divertir. Le cul entre deux chaises, le film hésite entre le buddy-movie et le film d'espionnage, exploitant très mal l'opposition Chris Rock/Anthony Hopkins et n'offrant au spectateur que deux maigres scènes d'action (l'une étant évidemment le dénouement du film). Bad Company n'assure à aucun niveau, que ce soit celui de la comédie, ou celui de l'action. Les répliques humoristiques et autres punch-lines sont d'une faiblesse rare. Chris Rock cabotine sur chaque mot, sur chaque phrase, tant bien que cela en devient énervant. Son partenaire en fait autant mais parvient, expérience oblige, à s'en sortir un peu mieux. On sent Hopkins fatigué, continuant néanmoins sa série de films lui permettant de s'amuser, évoluant entre le plutôt bon (Le Masque de Zorro) et le plutôt mauvais (Hannibal). Le climax s'avère être paradoxalement le moment le plus ennuyeux du film. C'est bien cher payé pour concrétiser ce qui apparaît comme un caprice de la part d'Hopkins pour exploiter son bref rôle de Mission: Impossible 2.