Associés (Les)
Matchstick Men
États-Unis, 2003
De Ridley Scott
Scénario : Ted Griffin, Nicholas Roeg
Avec : Nicolas Cage, Alison Lohman, Sam Rockwell
Durée : 1h56
Sortie : 17/09/2003
Deux arnaqueurs chevronnés sont sur un joli coup... jusqu’à ce que la fille cachée de l’un d’eux ne viennent changer la donne.
SWIMMING WITH SHARKS
Un peu de désordre dans une vie dissolue. Derrière la verrière léchée, la piscine aux reflets bleutés, le rangement millimétré, le tourne-disque laissant s’échapper quelques notes d’easy listening, il y a Roy, dont les TOC débordent de son plan de vie ultra maîtrisé. Roy dans son bocal, surnageant jusqu’ici tant bien que mal, en polissant la surface des choses afin d’y poser les pieds. Mais l’eau monte dans le récipient et les boulets ferrent les chevilles: il y a Frank, l’associé frimeur de pacotille, les médecins récalcitrants qui rechignent à accorder les pilules de sauvetage, et Angela, la fille soigneusement écartée du bocal, qui y fera un plongeon tapageur. Roy boit la tasse et subit un viol: l’aquarium est souillé, la surface frémit et la partition se dérègle. L’occasion pour Roy de remettre en question les deux hommes qui le constituent: l’arnaqueur aventureux et la fée ménagère obsessionnelle. Un seule entité finalement, hantée par un désir d’absolu, un perfectionnisme aussi poussé qu’illusoire. L’arnaque la plus huilée peut tomber en miette, l’existence la plus réglée peut s’emballer. C’est dans ses moments de vertige existentiel que le film prend de la couleur, lorsque ses personnages sont au bord d’un gouffre qu’ils n’ont jamais eu idée d’approcher. C’est également en se gardant loin du précipice que Les Associés se révèle plus convenu et moins captivant. En somme, un numéro d’équilibriste à moitié réussi.
LES DERNIERS SERONT LES PREMIERS
Parenthèse ludique après d’exténuantes envolées épiques (comme Gladiator ou La Chute du faucon noir), Les Associés constitue pour son éminent metteur en scène Ridley Scott, une incursion dans un genre (la comédie) auquel il s’est jusqu’alors assez peu frotté (son travail est ici impeccable). Peau changeante mais cœur identique: Roy fait partie de ces personnages en bisbille avec l’establishment que Scott apprécie tant. La mue s’opère davantage dans la texture: loin des glorieux gladiateurs ou des femmes militaires burnées, Les Associés s’attache davantage aux antihéros, véhicules comiques plus évidents. Cependant, malgré une atmosphère assez légère, portée par une photo lumineuse et une bande son sautillante, le film fait plus souvent mouche dans la nuance, entre comédie et mélodrame. Plus qu’à l’énervante et impossible performance de Nicolas Cage, Les Associés doit énormément au talent fou de ses deux acteurs, qui n’ont de secondaire que la place au générique. Sam Rockwell semble déjà promis aux sièges les plus prestigieux, et confirme ici toute son aisance et son charisme. La jeune Alison Lohman peut, quant à elle, voir l’avenir d’un bel œil. Elle est la magnifique surprise du film, concentré de spontanéité et de profondeur, juste dans la légèreté comme dans la noirceur, catalyseur de rires comme de larmes. Deux fantastiques voleurs de scène qui valent à eux seuls le déplacement pour une œuvre inégale, très attachante mais manquant d’un certain panache. A l’image des quelques derniers plans qui expriment à eux seuls cette peur qu’a le film de s’aventurer dans des paysages moins ensoleillés, là où la terre est moins ferme.
En savoir plus
Alison Lohman est née en septembre 1979. En 2002, après une enfance passée sur scène et quelques apparitions dans des films anecdotiques, elle tourne Les Lauriers blancs (qui sortira en novembre en France) aux côtés de Michelle Pfeiffer. Son interprétation lui vaut de nombreuses louanges. La jeune fille a depuis enchaîné deux projets avec deux grands réalisateurs: ces Associés par Ridley Scott et Big Fish de Tim Burton. Jolis hors-d'œuvre.