The American
États-Unis, 2010
De Anton Corbijn
Scénario : Rowan Joffe d'après d'après le livre de Martin Booth
Avec : George Clooney, Johan Leysen, Violente Placido
Photo : Martin Ruhe
Musique : Herbert Grönemeyer
Durée : 1h43
Sortie : 27/10/2010
Jack est un tueur à gages habile et expérimenté. Toujours en alerte, il n’a aucune attache. Quand une mission tourne mal et lui coûte la vie de la femme qu’il aime, il se fait la promesse que son prochain contrat sera le dernier. Cette ultime mission le conduit dans un pittoresque village italien niché dans de hautes collines. Mais pour Jack, chaque lieu peut se révéler un piège et chaque personne une menace.
UN AMERICAN BIEN TROP TRANQUILLE
Après une entrée en matière assez efficace (si l'on excepte une musique un peu grossière), le mutisme de cette mise en bouche donne malheureusement le ton de la première partie à venir de l'œuvre. On ne saurait vraiment dire si Anton Corbijn, qui signe ici son deuxième long métrage après une carrière dans le clip et Control, souhaite illustrer la langueur de son protagoniste ou bien sa paranoïa. Qu'il le veuille ou non, il réussit à faire un film aussi mort que le petit village dans lequel le héros se réfugie et échoue lamentablement toute scène sensée insuffler un tant soit peu de tension. Se bornant dans un premier temps à filmer en plans fixes un George Clooney aux tatouages Malabar (il a un papillon sur le dos, on l'appelle M. Butterfly) sous surveillance constante, Corbijn manque d'endormir définitivement le spectateur dans le premier tiers. Par la suite, les choses s'animent un peu. La trame véritable se dessine peu à peu et lorsqu'elle s'intéresse à la relation entre Clooney et la femme pour qui il prépare une arme, quelque chose d'assez beau émane de l'épure narrative et formelle du film. La confection de l'arme, le symbolisme inéluctable que cela prend, la minutie de la mise en scène, comme lors de cette séquence, remarquablement montée et sonorisée, où il la regarde monter le fusil. Malheureusement, cette intrigue est parasitée par les séquences lourdingues avec le prêtre, qui se sent obligé de surligner l'inévitable thématique de la rédemption, et la romance bateau avec la pute au grand coeur, dont on exhibe à tout va la chair synonyme de vie, promesse d'un meilleur sort pour le personnage du vieux tueur à gages. Globalement superficiel, The American n'a franchement rien d'original à raconter sur ces thèmes, sur ce genre, tant dans la forme que dans le fond. Reste un moment furtif où Clooney, impeccablement sobre, voit Il était une fois dans l'Ouest sur la télévision d'un vieux bar perdu en Italie, opposant le spaghetti iconique de Sergio Leone au faux western réel de Corbijn. C'est bien peu au final.