All or Nothing

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All or Nothing
Royaume-Uni, 2002
De Mike Leigh
Scénario : Mike Leigh
Avec : Marion Bailey, James Corden, Alison Garland, Paul Jesson, Lesley Manville, Ruth Sheen, Timothy Spall
Photo : Dick Pope
Musique : Andrew Dickinson
Durée : 2h08
Sortie : 13/11/2002

Note FilmDeCulte :

Trois familles vivotent dans un modeste immeuble de banlieue. Parents et enfants se déchirent sans discontinuer, jusqu’au jour où un événement imprévu réveille le couple formé par Phil et Penny.

Bombe lacrymale concourant pour la Palme cette année, All or Nothing brillera par son absence – justifiée - au palmarès de Cannes. Enième film social à l’anglaise, le nouveau Mike Leigh aligne les clichés misérabilistes avec une effrayante constance et se complaît dans un narcissisme glauque et simplet. Le titre résonne comme une menace, ce sera tout ou rien. Par malchance, le tout inclut un scénario indigeste tirant sur chaque ficelle du mélodrame. Sur la liste des victimes consentantes, trois familles croquées grossièrement, résignées à supporter deux heures durant toute la misère du monde. Des parents largués aux mauvaises graines rebelles, aucun personnage n’échappe au pessimisme ambiant. La mine défaite et le cheveu gras, Phil sous-vit avec femme et enfants dans l’illusion d’une famille unie. Mal rémunéré et traité avec dédain par son employeur, il en est réduit à retourner les fonds de poche de son entourage pour y dénicher quelques pièces. Ironie du sort, l’épouse se prénomme Penny, gentille caissière exaspérée par la mollesse de son mari. Coïncidence, leurs deux enfants obèses – un fils au chômage, une fille balayant dans une maison de retraite - souffrent d’une sérieuse carence affective. Rory le caractériel ne quitte plus le canapé pour s’abreuver de programmes télé, Rachel la studieuse n’a pour ami qu’un collègue grivois de soixante ans.

Avec un humour désespéré mais un brin sadique, Mike Leigh contemple ce petite monde inerte, prêt à vaciller sous le poids de la fatalité. L'impuissance des parents se heurte à la susceptibilité des enfants, incapables de dialoguer autrement que par des vociférations et des insultes. Les thèmes attendus, la fracture sociale et les conflits générationnels, se noient dans une bouillabaisse de faux bons sentiments. A force de surenchère, All or Nothing anesthésie toute bonne volonté et ne provoque pas la moindre compassion. Surlignant chaque situation, les violons ininterrompus évoquent davantage des instruments de torture. Entre les crises éthyliques et les non-dits lourds de sens, la poisse et les galères tournent au systématisme. Et c’est bien là que le bât blesse: le film ressasse tous les poncifs du drame social sans jamais parvenir à faire aimer ses personnages. Voisins alcooliques, voisin psychotique, voisines allumeuses et battues… La coupe est pleine. Mike Leigh cumule les antithèses maladroites (le chauffeur de taxi fauché contre la cliente française riche et snob), contrebalancées par quelques respirations à la plage, deux mères courage et un casting crédible, mais visant la performance jusqu’à l’écœurement. Au final, la proposition déplacée de Phil pour sauver son couple ferait plus frémir que sourire: «Et si on partait tous à Disneyland?».