47 Ronin
États-Unis, 2014
De Carl Rinsch
Scénario : Hossein Amini, Chris Morgan
Avec : Tadanobu Asano, Rinko Kikuchi, Keanu Reeves, Hiroyuki Sanada
Photo : John Mathieson
Musique : Ilan Eshkeri
Durée : 1h59
Sortie : 02/04/2014
Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l'honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l'aide de Kai - un demi sang qu'ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d'effroyables dangers. Cet exil sera l'occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d'insoumis l'énergie de marquer à jamais l’éternité.
RONIN DE JARDIN
Quand la sortie d'un film est repoussée plusieurs fois et que sa bande-annonce balance tout, jusqu'aux révélations et money shots du climax, c'est que le studio ne sait plus comment le vendre. Parfois on craint le pire et on est agréablement surpris. Et parfois, on se retrouve devant 47 Ronin. Il y avait de quoi se méfier d'une adaptation de cette célèbre histoire japonaise à laquelle on a inutilement greffé un Keanu Reeves en mousse. Pas inutilement, dira-t-on, car la présence en tête d'affiche d'un acteur occidental connu était nécessaire pour justifier la production d'un blockbuster mais là réside le principal souci de cette entreprise. On sent que l'équipe veut honorer ses origines, restituer fidèlement l'atmosphère, le bushido, de façon très premier degré, très sérieuse - il n'y a pas la moindre marque d'humour dans le film - et en même temps qu'ils cherchent à transformer le matériau en Seigneur des Anneaux nippon, en ajoutant des éléments et un bestiaire surnaturels, une romance...et donc un perso de "sang-mêlé".
Si la direction artistique assure (costumes splendides, cerf à la Miyazaki, dragon de manga), le calibrage dans l'écriture est d'une banalité sans nom, jonglant entre quelques persos archétypaux et une bête histoire de trahison rajoutée pour donner une motivation à la vengeance desdits ronin. Quiconque ne connaît pas le texte original pourrait croire que ces ajouts se justifient par la nécessité de tisser un récit de deux heures à partir d'une simple histoire de vengeance mais il n'en est rien. On ne saurait que trop vous conseiller d'aller vous renseigner, même superficiellement, sur le récit initial, déjà riche et autrement plus intéressant et qui, adapté fidèlement, aurait pu donner un film ample sur la vengeance, l'honneur, les questions qui en découlent... À la place, on a un film qui met en grand sur l'affiche ce mec tatoué qu'on a vu dans un clip de Lady Gaga parce que visuellement il en impose alors qu'il apparaît...dans trois plans. Et ça symbolise bien le problème du film. On espérait mieux pour les débuts au cinéma de Carl Rinsch, après des pubs et courts prometteurs. La mise en image est très compétente dans l'action (cf. ce combat au milieu du film ou l'infiltration finale durant la représentation théâtrale) mais dans l'ensemble, le film est bien illustré mais jamais incarné.