2 Fast 2 Furious
États-Unis, 2003
De John Singleton
Scénario : Michael Brandt, Derek Haas
Avec : Tyrese, Chris "Ludacris" Bridges, Cole Hauser, Eva Mendes, James Remar, Paul Walker
Durée : 1h45
Sortie : 18/06/2003
Brian O'Connor, ex-flic, se fait arrêter par ses anciens collègues qui l'obligent à s'infiltrer auprès du truand Carter Verone avec l'aide d'un partenaire. O'Connor se tournera alors vers son ancien ami.
Succès surprise de l'année 2001, Fast & Furious catapulta Vin Diesel, découvert dans Il faut sauver le soldat Ryan et réellement révélé dans Pitch Black, au rang d'action-star de la nouvelle génération. Les recettes du film au box office sont directement responsables de la mise en chantier du blockbuster xXx, de la même équipe, qui déserta alors le projet d'une suite. A la surprise générale, c'est John Singleton qui est engagé pour succéder au prétentieux Rob Cohen derrière la caméra. Connu pour Boyz N the Hood, œuvre personnelle et sociale, ainsi que pour le très classieux remake de Shaft, le réalisateur (lire l'entretien qu'il nous a accordés) signe ici sa première oeuvre de commande, sans toucher au scénario. Logiquement, sa présence derrière la caméra s'avère salutaire pour le film. Inscrit dans un second degré ambiant, qui s'oppose donc au sérieux de son prédécesseur, 2 Fast 2 Furious se moque constamment d'une certaine attitude "black" généralement présente dans les clips de rap ou justement dans le premier film. Jamais très loin de ses premières amours, Singleton présente ses personnages (dont deux sont justement interprétés par des rappeurs) comme des éternels frimeurs, la main épousant toujours les fesses d'une femme à proximité, passant leur temps à se concurrencer dans leur gros véhicules lustrés à travers des duels où carbure la testostérone. Le metteur en scène n'est pas avare en sous-entendus: on remarquera notamment les connotations homosexuelles au sein de la relation entre les deux protagonistes principaux. Emportant le film au delà de l'archétype du buddy-movie, ils apparaissent comme un ancien couple, avec leurs problèmes passés. Ils se font la leçon, sont jaloux, etc. Le tout culmine dans une scène de combat où on les sent à deux doigts de s'embrasser.
Cet humour caractérise l'inversion de la donne par rapport au précédent volet. La prétention disparaît au profit d'un spectacle parfaitement conscient de son simple statut de pur divertissement. Totalement décomplexé, le film peut se permettre alors des séquences d'action démesurées, Singleton offrant ainsi des courses-poursuites délirantes, poussant l'artifice numérique déjà utilisé par Rob Cohen dans le précédent opus. La caméra évolue maintenant de voiture en voiture, de visage en visage. Des conducteurs que le réalisateur tente de présenter comme des jeunes qui se prennent pour des cow-boys, s'attardant sur leurs yeux, leurs mains, leurs gestes magnifiés par d'amples travellings circulaires. Outre le jeu des acteurs, pas toujours au point, on regrettera évidemment le peu d'effort consacré au scénario, très basique, qui pèche par ses scènes de discussions. Cependant, on peut se demander si, encore une fois, il ne s'agit pas là d'une preuve de second degré, en particulier lors d'une scène sur un ponton, au bord de l'océan sur lequel se couche le soleil, durant laquelle les personnages se remémorent le bon vieux temps. Quoiqu'il en soit, nous étions en droit de s'attendre à une catastrophe, celle d'un bon réalisateur obligé de se vendre. Étonnement, le plaisir est constant et l'on souhaiterait que tous les Taxi soient au moins aussi sympathiques et distrayants que ce 2 Fast 2 Furious. Espérons à présent que le film marchera assez pour permettre à John Singleton plus de libertés sur un prochain film de ce genre.