House of Gucci

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House of Gucci
États-Unis, 2021
De Ridley Scott
Avec : Adam Driver, Lady Gaga, Jeremy Irons, Jared Leto, Al Pacino
Photo : Dariusz Wolski
Musique : Harry Gregson-Williams
Durée : 2h37
Sortie : 24/11/2021
Note FilmDeCulte : ***---
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Héritier désigné de la marque, Maurizio Gucci épouse Patrizia Reggiani contre la volonté de son père et quitte la famille jusqu'à ce que son oncle Aldo, co-dirigeant de Gucci, ne le ramène dans l'entreprise, au grand dam de son propre fils, Paolo. Manipulé par Patrizia, Maurizio va faire le ménage...

LA MAISON DU DIABLE

Un mois après avoir signé son meilleur film depuis 10 ans, Ridley Scott, l'un des réalisateurs les plus prolifiques et touche-à-tout en activité, livre un autre film de plus de 2h30 sauf que celui-ci restera sans doute comme l'un de ses moins mémorables. La bande-annonce, avec sa voix off qui prend par la main, son tube '80s et ce qu'elle laissait présager du portrait de la riche famille italienne et du sort du dernier né, semblait renvoyer aux épopées criminelles de Martin Scorsese, avec un peu de la vulgarité assumée d'un Brian De Palma. Au vu du film, c'est plutôt à un autre réalisateur du Nouvel Hollywood qu'on pense, le récit s'apparentant à une relecture du Parrain, avec ce fils d'une dynastie qui rejette le rôle auquel il est destiné avant que le poids de la famille et la séduction du pouvoir n'ait raison de lui. Scott y apporte toutefois ses propres thèmes, en choisissant comme protagoniste Patrizia Reggiani, prêtre à tout pour se faire une place au sein de cette élite. Malheureusement, si l'intrusion d'une Lady Macbeth dans le parcours d'un Michael Corleone avait de quoi être pertinent sur le papier, le résultat à l'arrivée paraît étrangement dévitalisé.

Qu'il s'agisse du rythme, où chaque séquence, chaque plan paraît durer quelques secondes de trop, ou du regard, relativement inexistant, posé par le cinéaste sur son récit, le film n'a finalement aucune des qualités des références susmentionnées. Après s’être attaqué à Getty, Scott s’en prend aux Gucci et on sent une fois de plus la volonté de montrer le capitalisme comme un démon mais quand il parle de satire en interview, on peine à le ressentir face au film, au-delà du portrait antipathique de presque chacun des personnages. Il est vrai que le film ne cherche jamais à émouvoir, comme en témoigne le traitement de la dynamique chère à l’auteur du fils adoptif préféré au fils biologique trahi. Al Pacino est, comme d’habitude, impérial mais Jared Leto, qui semble être le seul à avoir eu le mémo concernant la satire, surjoue son rôle et leurs séquences sont plus comiques qu’autre chose. Quant à Patrizia, Scott évoque que Lady Gaga a vu dans son héroïne une femme avec un véritable talent politique et un flair pour les affaires qui n'a pas été reconnu et à qui on a refusé une place dans la noblesse mais le scénario en fait une chercheuse d'or intéressée dès le départ avec des manœuvres grossières et aucune conscience de soi. Difficile de voir un quelconque propos féministe dans cette caractérisation ou même un protagoniste intéressant comme pouvait l’être Frank Lucas dans American Gangster et que Scott dit voir autrement que comme un simple méchant. Par conséquent, House of Gucci ne raconte pas grand chose en dehors des faits, quand bien même il dénonce, à l’instar du Dernier duel> /b>, l'orgueil d'une famille d'hommes (et une femme, étrangère) se battant ici pour un patronyme. Mais l’exécution aurait gagné à être plus fiévreuse ou opératique.

par Robert Hospyan

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