Auberge espagnole (L’)
France, 2002
De Cédric Klapisch
Scénario : Cédric Klapisch
Avec : Kevin Bishop, Romain Duris, Judith Godrèche, Kelly Reilly, Audrey Tautou, Wladimir Yordanoff, Cécile de France
Photo : Dominique Colin
Musique : Cyril Moisson
Durée : 2h00
Sortie : 19/06/2002
Les aventures de Xavier, jeune étudiant parti effectuer son DEA à Barcelone grâce au programme Erasmus, et les multiples personnes qu'il y rencontre.
Les films de Klapisch se ressemblent. C'est un fait. Une formule éprouvée regroupant des jeunes gens à un tournant dans leurs vies, un regard d'observateur amusé sur les bizarreries humaines, un héros déboussolé qui se promène en témoin et acteur de cette comédie qui l'environne. Après un Peut-être respectable mais quelque peu écrasé par son ambition, L'Auberge espagnole revient aux sources de l'univers klapischien et ne déroge pas aux règles édictées ci-dessus. Mais Klapisch a suffisamment de talent pour constamment renouveler son petit monde, donner l'impression de repartir à nouveau et faire mouche une fois de plus. Comme son titre l'indique, ce dernier opus respire le joyeux bordel dès un générique mouvementé qui rappelle de très près celui de l'excellent Chacun cherche son chat (sans doute son meilleur film à ce jour), suivi par une intro joueuse montrant la faramineuse complexité des démarches administratives à l'Université. Le ton est donné.
L'oeuvre est amusante, chaotique, mais ciselée avec précision, comme toujours chez Klapisch, grâce à un casting malin servi par une direction d'acteur efficace et un filmage étonnant (notons que L'Auberge espagnole a été tourné en numérique haute définition, à l'instar du dernier Star Wars). Mais ce qui frappe le plus, c'est la manière qu'a Klapisch de faire cohabiter dans une même scène le sublime et le médiocre (un douce soirée d'été avec un gars qui dégueule), ou de faire virer ses séquences du rire à la gêne (cf. les interventions toujours drôles, mais parfois limites, du frère de Kelly Reilly). Le film semble constamment ainsi sur le fil du rasoir, toujours prêt à basculer dans la plus totale légèreté, mais revenant régulièrement à son solide canevas. L'Auberge espagnole est pétri de qualités simples, empli d'ambitions modestes. Jamais profondément marquant, pas plus qu'il n'est vite oublié, il achève de confirmer tout le bien qu'on était en droit de penser de Cédric Klapisch, de son écriture et de sa mise en scène.
En savoir plus
L'idée de L'Auberge espagnole est venue à Klapisch des souvenirs du séjour à Barcelone qu'avait effectué sa soeur il y a dix ans. Réalisé dans l'urgence, le film n'est autre qu'un projet imaginé presque par accident lors d'une interruption sur la préparation de Ni pour, ni contre (bien au contraire), un film de braquages avec Marie Gillain à sortir en mars prochain. Le casting de la comédie collégiale a permis à Klapisch de visiter plusieurs capitales européennes à la recherche des étudiants Erasmus destinés à peupler l'auberge, et par là même de confirmer plusieurs clichés répandus sur les diverses nationalités: "Lors du casting au Danemark, tous les acteurs sont arrivés avec un quart d'heure d'avance; en Italie, tous le monde est arrivé une heure en retard!".