Ron Clements & John Musker
États-Unis
Les deux auteurs-réalisateurs (et producteurs) qui ont redonné ses lettres de noblesse à la maison Disney sont entrés dans le monde de l'animation il y a une trentaine d'années. Ron Clements a fait ses premières armes chez les célèbres Hanna et Barbera, qui furent à l'origine de plusieurs dessins animés phares des années 70, comme Scoubidou ou Capitaine Caverne. Il intégra un atelier d'animation à Disney en 1976 puis fut l'apprenti, pendant deux ans, de Frank Thomas, une pointure du métier (il supervisa par exemple Peter Pan et Les Aristochats). John Musker est quant à lui entré chez Disney en 1977, pour travailler en premier lieu comme assistant sur un court métrage d'animation nommé The Small One.
En 1977, Clements, lui, travaille déjà à l'animation de personnages, dans Peter et Elliott le dragon et Bernard et Bianca. Il passera superviseur en 1981 sur le charmant Rox et Rouky. C'est là que commence sa collaboration avec Musker, alors animateur. Ils enchaîneront ensuite ensemble avec l'écriture de Taram et le chaudron magique, réalisé par Ted Berman et Richard Rich en 1985. Mais le succès fut loin d'être au rendez-vous, le film fut boudé et ne rentra pas dans ses frais. Les deux compères se lancèrent tout de même dans la réalisation en 1986 avec Basile détective privé, basé sur un court que Clements avait réalisé dans sa jeunesse. Là encore, le box-office n'explosa pas et le milieu des années 80 fut un véritable passage à vide pour Disney, loin de ses superproductions d'antan. D'autant plus que l'animation assistée par ordinateur commençait à pointer sérieusement son nez et à venir démanger les dessinateurs 'papier-crayon'.
C'est en 1989 que la donne changea, quand Clements et Musker décidèrent d'adapter le fameux conte d'Andersen La Petite Sirène. Et ils mirent dans le mille. Personnages fouillés, dessins simples et colorés, chansons soignées, dialogues percutants loin du style soap de Blanche-Neige et ses consoeurs, le film est un véritable enchantement. Ils réitèrent l'expérience en 1992 avec Aladdin, un pur feu d'artifice. Le personnage titre sera inspiré visuellement de Tom Cruise (!), l'animation est très fluide, la musique, signée encore une fois par Howard Ashman et Alan Menkin, donnera lieu à une BO indispensable, et le tout baigne dans un humour relevé qui séduit les adultes au moins autant que les enfants. En effet, les auteurs ne se focalisent plus à 100% sur le manichéisme de base des anciens films de la firme, mais développent à chaque fois plusieurs personnages secondaires intéressants, et prennent l'habitude de doter le héros ou l'héroïne d'un petit compagnon rigolo (le poisson rayé Pelochon pour la sirène Ariel, le petit singe Abu pour Aladdin). Ainsi, tandis que les petits prendront le plus grand plaisir à rire des divers gags, Clements et Musker parsèment les dialogues d'un second degré perceptible uniquement par les plus grands.
Surfant sur la vague du succès, les deux films suscités engendrant recettes, suites en vidéo, merchandising divers, et donc encore plus de recettes, ils attendent 1997 pour sortir Hercule. Drôle et léger, celui-ci souffrira malheureusement de la comparaison avec son prédécesseur, malgré qu'il reprenne plus ou moins la même recette. Leurs collègues en profiteront alors pour proposer d'autres projets à Disney et on vit ainsi arriver Mulan, Tarzan ou encore Kuzco. Réalisés dans le sillon des réussites précédentes, aucun ne faillit, et c'est avec beaucoup d'espoir que nous accueillons en 2002 le nouveau métrage de Clements et Musker, La Planète au trésor, une version moderne de L'Ile au trésor, où animation à la main et numérique cohabitent harmonieusement.
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2002 La Planète au trésor 1997 Hercule 1992 Aladdin 1989 La Petite Sirène 1986 Basile, détéctive privé