Lena Olin
États-Unis
"Maman?" C’est une Sydney Bristow ligotée et le visage en sang qui nous introduit une mère que l’on croyait disparue, une mère qui va donner tout son dynamisme à une famille déjà bien dysfonctionnelle. Cette mère agent double porte les traits de Lena Olin, une actrice suédoise pour un agent russe. Son apparition dans la série Alias a déclenché la passion de milliers de fans qui, pour beaucoup, la découvraient sous les traits d’Irina Derevko. D’autres, déjà obsédés par le personnage et admirateurs de l’actrice, étaient gagnés par l’hystérie générale.
SCENES DE LA VIE SUEDOISE
Comme son personnage, le parcours de Lena Olin est atypique, tant dans ses débuts que dans le choix de ses rôles. Fille d’acteurs, elle a toujours évolué dans ce milieu, les amis de la famille s'appellent Liv Ullmann ou encore Bibi Andersson. Ne voulant pas imiter ses parents, elle songe d’abord à faire des études de médecine. Mais à 16 ans, elle passe une première audition à la Royal Dramatic Theater school de Stockholm, pour lutter contre sa timidité. Elle échoue mais ne baisse pas les bras. A sa deuxième audition, elle est engagée par Ingmar Bergman qui deviendra son mentor. Il lui offre sa première apparition au cinéma en 1976 dans Face-à-face. On la verra ensuite dans Les Aventures de Picasso (1978), Fanny et Alexandre (1982) et Après la répétition (1984), où elle tient un rôle écrit spécialement pour elle, Anna, une actrice qui, en tombant enceinte lors des répétitions d’une pièce de Strindberg, s’attire les foudres de son metteur en scène. Ironie du sort, Lena vivra la même expérience quelques années plus tard lorsqu’elle sera enceinte de son fils August. C’est en 1985 que Bertil Ohlsson, le producteur exécutif de Philip Kaufman la remarque dans Le Roi Lear mis en scène par Bergman au Royal Dramatic Theater et où elle tient le rôle de Cordélia. "Nous étions à la recherche de quelqu’un pour jouer Sabina partout dans le monde, mais j’ai su que je l’avais trouvée quand j’ai vu Lena Olin marcher dans le hall de l’hôtel.", dira Bertil Ohlsson. Entre-temps, sa grossesse vient mettre fin à sa collaboration avec Bergman.
TOUT FEU TOUT FLAMME
En 1988, Lena Olin crève l’écran dans L’Insoutenable Légèreté de l’être. Elle y incarne Sabina, une femme qui a une vision légère et décomplexée du sexe. Grâce à ce film, elle se fera une renommée mondiale. Avec Enemies: a Love Story, c’est encore dans la peau d’un personnage libéré sexuellement qu’on la retrouve, mais cette fois-ci, Masha utilise le sexe pour échapper à la douleur et à l’humiliation de son passé, dévasté par les horreurs de l’Holocauste. Complètement à l’aise avec son corps, Lena apparaît très dévêtue dans ces deux films, et quand on lui pose la question, elle répond simplement que "la nudité est juste un costume comme un autre". Nommée pour l’Oscar de la meilleur actrice dans un second rôle et récompensée par un New York Film Critics Circle Award de la meilleure actrice pour Masha, elle continue sur sa lancée des films à couleur politique avec Havana, une sorte de Casablanca sous le soleil cubain. Le film ne connaît pas le succès escompté et Lena laisse passer des rôles (celui de Melanie Griffith dans Le Bûcher des vanités, celui de Michelle Pfeiffer dans Batman le défi). Elle fait ses débuts sur les planches new-yorkaises avec Mademoiselle Julie, mis en scène par Ingmar Bergman lui-même. En 1993, elle revient sur les grands écrans aux côtés de Richard Gere dans Mr Jones où elle incarne une thérapeute qui tombe amoureuse de son patient. C’est aussi l’année de Romeo Is Bleeding, dans lequel elle incarne le rôle le plus dérangeant de sa carrière, la tueuse psychotique russe Mona Demarkov.
ALLER SIMPLE POUR NEW YORK
Divorcée de son premier mari, Lena Olin rencontre Lasse Hallström qui avait toujours gardé un œil sur la carrière de l’actrice, depuis ses débuts au Royal Dramatic Theater. Jusqu’à ce qu’un jour il l’appelle. "Cela ressemblait tellement peu à Lasse que d’appeler une fille pour l’emmener dîner", déclare Lena. "Il avait l’air bien trop timide. Et cela me ressemblait si peu d’y aller. A cette époque, j’étais complètement prise par mon travail, et par mon bébé. Je crois que dans un sens, Lasse m’a sauvé." Ils se marient en 1994, et leur fille Tora voit le jour en 1995. Ils partent alors s’installer aux Etats-Unis mais préfèrent les environs de New-York à Los Angeles. Lena a un sentiment mitigé sur ce déménagement: "Vous vous rendez compte, mes petits-enfants ne parleront probablement même pas suédois. Cela m’attriste et en même temps, je suis très excitée par ce changement, j’ai l’impression d’avoir accompli un geste historique, j’ai déplacé une famille. J’ai émigré." A cette période, on peut la voir dans La Nuit et le moment (1994), Dans l’ombre de Manhattan (1997) de Sydney Lumet et dans un film suédois, Hamilton (1998). Contrairement à beaucoup, Lena Olin n’attache pas d’importance à la célébrité et ses rôles relèvent plus de l’instinct que d’un choix de carrière. Cependant, ils sont peu à pouvoir jouer les personnages complexes et ambigus qui semblent être son apanage, des personnages qui existent à différents niveaux émotionnels, souvent au bord de la folie. Dans Polish Wedding, elle incarne une mère de cinq enfants, déterminée, qui malgré tout l’amour qu’elle porte à sa famille, n’hésite pas à tomber dans les affres d’amours illicites pour retrouver l’excitation de sa jeunesse. En 1999, elle joue un petit rôle de psychiatre dans Mystery Men et dans La Neuvième Porte, on la retrouve dans un rôle sulfureux d’adepte d’un culte sataniste.
MAMAN TRES CHERE
En 2000, elle travaille enfin avec son mari dans Chocolat, où elle incarne Josephine, une femme battue par son mari et kleptomane que le village rejette et qui se transformera grâce à la magie de la mystérieuse Vianne incarnée par Juliette Binoche. C’est ainsi que plus de dix ans après L’Insoutenable Légèreté de l’être, les deux actrices se retrouvent sur un plateau de cinéma. Elle enchaînera avec Ignition et jouera le rôle de la vampire Maharet dans La Reine des damnés. Quand J.J. Abrams approche Lena Olin pour lui parler du rôle d’Irina Derevko, celle-ci n’est pas emballée par le format télévisuel, mais J.J. défend avec tellement de cœur sa série qu’elle commence à regarder Alias. Lena accepte finalement le rôle et quitte temporairement New York pour Los Angeles. Le rôle lui vaut une nomination aux Emmy Award et une notoriété de "proximité" que seule la télévision peut donner: "Je joue depuis des années dans des films au cinéma, et soudain j’attire l’attention de personnes qui n’ont jamais entendu parler de moi avant. Ça me parait un peu étrange. Tout le monde regarde la télévision." A la fin de la saison 2, rien n’indique que Lena reviendra au générique de la série, les fans lancent alors une campagne appelée "Bring back Lena", pour montrer à quel point Irina Derevko est nécessaire à l’intrigue mais surtout pour rendre hommage à l’actrice et son immense talent.
HOLLYWOOD LIGHT
Durant cette parenthèse californienne, Lena en profite pour faire une apparition dans Hollywood Homicide aux côtés d’Harrison Ford et Josh Hartnett et The United Sates of Leland. Depuis, elle est apparue dans les deux derniers épisodes de la saison 4 et on devrait aussi la retrouver dans plusieurs épisodes de la cinquième et dernière saison. Après Chocolat, Lena et Lasse ont renouvelé l’expérience d’un travail à deux et se sont retrouvés sur Casanova présenté au festival de Venise 2005. Au regard de cette longue carrière, on peut se demander pourquoi Lena Olin n’est finalement pas si connue du grand public, en dehors du fait qu’elle n’y attache pas d’importance. Il faut savoir qu’avant d’être une actrice, elle est avant tout une mère et une épouse: "Dans mon univers, les enfants sont ce qu'il y a de plus important dans la vie, mais je pense aussi que c’est sain pour eux de me voir travailler. En fait, c’est plus un problème pour mon manager et mon agent. Ils me disent des choses comme: ‘Tu as rendez-vous avec untel et untel la semaine prochaine à Londres’ et je leur dis que je ne peux pas car j’ai le spectacle de danse de ma fille. Je les entends presque s’arracher les cheveux, mais c’est comme ça.".
Filmographie sur FilmDeCulte
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2005 Casanova 2005 Awake 2004 The Triangle 2003 Hollywood Homicide 2003 The United States of Leland 2002 Darkness 2002 Ignition 2000 La Reine des damnés 2000 Chocolat 1999 Mystery Men 1999 La Neuvième Porte 1998 Hamilton 1997 Dans l’ombre de Manhattan 1994 La Nuit et le moment 1993 Romeo Is Bleeding 1993 Mr Jones 1990 Havana 1987 L’Insoutenable Légèreté de l’être 1983 Après la répétition 1982 Fanny et Alexandre 1976 Face-à-face