Gene Kelly
Souvent considéré comme le plus grand danseur de comédie musicale aux côtés de Fred Astaire, Gene Kelly a également marqué l’Histoire du cinéma en tant que chorégraphe et réalisateur. Homme orchestre comptant une quarantaine de films à son actif, il est devenu l’une des figures emblématiques de l’âge d’or de la MGM.
LES SIRENES D’HOLLYWOOD
Devenu l’étoile incontournable de Broadway grâce au show Pal Joey, Gene Curran Kelly, tout juste âgé de 29 ans, débarque à Hollywood. Nous sommes en 1941. Accompagné de son complice Stanley Donen, il doit jouer dans un film que lui a proposé Arthur Freed alors à la recherche de nouveaux talents. Aux côtés de Judy Garland, devant la caméra de Busby Berkeley: Pour moi et ma mie, devait être un coup d’essai, son seul et unique film. Mais le potentiel artistique que lui propose la MGM et principalement la Freed Unit ainsi que son goût pour le clinquant vont avoir raison de lui. Il restera sur la côte ouest. Il enchaîne les comédies musicales à un rythme effréné, laissant à Stanley Donen le soin de chorégraphier certains de ses numéros. En 1945, après avoir été la tête d’affiche de huit films, il intègre le casting de la première grosse production du genre, Ziegfeld Follies sous la direction de Vincente Minnelli et Charles Walters. Son seul tableau sera le fameux duo avec Fred Astaire The Babbitt and the Bromide, unique scène de l’Histoire du cinéma (hors documentaires) à rassembler ces deux monstres sacrés de la comédie musicale. Le morceau d’anthologie permet de mettre en parallèle les deux styles bien distincts des deux danseurs qui ont chorégraphié ensemble ce pas de deux. Aux côtés d’un Fred Astaire travaillant en élévation et suspension, il propose une danse "dans le sol", fléchie, comme montée sur ressort, lui permettant de donner plus de force à chacun de ses pas.
L’AIRE MINNELLI
Cette première expérience sous la direction de Vincente Minnelli en appellera trois autres. Il sera tout d’abord Séraphin, le comédien ambulant et charlatan du Pirate (1948). Il y retrouve sa toute première partenaire cinématographique, Judy Garland avec qui il forme un sublime duo plein de fougue et d’espièglerie. Pour cette deuxième collaboration avec le réalisateur, Gene Kelly se voit attribuer en plus de son statut d’acteur la fonction de directeur chorégraphique qui lui ouvrira la voie de la réalisation l’année suivante. Trois ans plus tard il devient Jerry Mulligan, le peintre expatrié d'Un Américain à Paris (1951). Ce rôle, qui reste certainement l’un de ses plus célèbres avec celui de Chantons sous la pluie, lui vaudra un Oscar spécialement créé pour son travail de chorégraphe et interprète. Enfin, toujours devant la caméra de Vincente Minnelli, il interprètera la personnage de Tommy Albright, new-yorkais chasseur rêveur dans Brigadoon (1954) où il partage l’affiche avec Cyd Charisse rencontrée sur le tournage de Chantons sous la pluie. Grâce à son amitié avec le réalisateur, Gene Kelly collaborera assidûment à l’élaboration de ce dernier projet en commun. Il en sera principalement le chorégraphe, lui permettant d’imposer sa signature dans la plupart des numéros musicaux. On retrouve notamment les portés "chandelle" et "poisson" utilisés de manière récurrente dans Chantons sous la pluie, les pauses en arabesque, les petits pas appuyés genoux fléchis et les chorégraphies de groupe. On retiendra également la séquence de claquettes Go Home with Bonnie Jean qui se place certainement comme la plus révélatrice de son style chorégraphique.
DERRIERE LA CAMERA
Dès 1949, Arthur Freed voyant du potentiel dans le couple Donen-Kelly, propose aux deux hommes de passer derrière la caméra pour mettre en scène le nouveau scénario qu’il a soumis à la MGM, Un jour à New York. Si Gene Kelly est crédité en tant que co-réalisateur, la plupart des idées de mise en scène viendront de Stanley Donen qui déplace, pour la première fois dans l’histoire de la comédie musicale, le tournage à l’extérieur. Kelly quant à lui règle les numéros chorégraphiques. Même répartition des rôles en 1952 et 1955 pour leurs deux autres collaborations Chantons sous la pluie et Beau fixe sur New York. Lorsque Stanley Donen claque la porte de la MGM à la suite du cuisant échec de ce dernier film, Gene Kelly poursuit sur la lancée en solo. En 1956, il écrit et réalise Invitation à la danse qui regroupe trois histoires exclusivement racontées par le biais de la danse. Cette curiosité qui s’avère un cuisant échec public remporte l’Ours d’or à Berlin. Quatre petites comédies plus loin, où il s’applique à mettre régulièrement la France à l’honneur, il clôt sa carrière de réalisateur et les années 60 par une comédie musicale exubérante et un western peu convaincant. Deux genres profondément américains mais connaissant leurs dernières heures. Le premier, Hello Dolly (1969), sera nommé pour tous les Oscars techniques ainsi que les catégories musicales des Golden Globes. Le second, The Cheyenne Social club, qui rassemble pourtant James Stewart et Henri Fonda, ne quittera jamais le territoire américain.