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Resplendissante lumière au bout du tunnel de cette édition, Le Monde de Nemo a servi de clôture officieuse au Festival du Film Américain de Deauville 2003. Les deux jeunes réalisateurs du film sont apparus détendus, conformément aux échos sur l'ambiance chez Pixar. Fonctionnant sur le mode du duo complémentaire, Andrew Stanton (co-réalisateur de 1001 Pattes avec John Lasseter) s'attarde sur les points les plus intéressants de la conférence de presse, en évoquant ses intentions sur le film, tandis que Lee Unkrich (co-réalisateur de Monstres & Cie avec Pete Doctor et David Silverman) ponctue chaque intervention de son collègue d'une remarque qui provoque les rires des journalistes, définitivement conquis. L'entretien avec les magiciens de John Lasseter s'est avéré bref mais instructif: un aperçu de la méthode adoptée par le studio Pixar.
FilmDeCulte - Le Monde de Nemo est un film magnifique, mais c'est aussi plus de 300 millions de dollars de recettes au box-office américain. Ce score vertigineux est-il encourageant en terme de création ou bien s'agit-il plutôt d'un phénomène qui vous obligerait à passer par des structures hollywoodiennes, afin de conserver le grand public à tout prix? Rencontrez-vous des contraintes que vous ne connaissiez pas auparavant?
Lee Unkrich - Nous avons eu de la chance: depuis Toy Story, tous nos films ont été des succès. Bien que nous soyons conscients des attentes grandissantes du public, nous n'avons jamais laissé cet enjeu nous paralyser - ce qui aurait pu arriver facilement. Nous abordons chaque nouveau film comme s'il s'agissait du premier. Nous fermons les portes, nous mettons au travail, et essayons de réaliser le genre de film que nous aimerions voir. L'environnement de Pixar n'a pas changé, les relations entre les principaux participants non plus.
Andrew Stanton - Je pense que ce qui nous aide à ne pas tenir compte de ce genre de pression, c'est l'environnement: travailler à San Francisco et non à Hollywood. Lorsque nous quittons le bâtiment, personne ne parle de films ni de projets, personne n'essaie de nous vendre un scénario. C'est un privilège d'arriver chaque jour avec la possibilité de faire un film, notre film.
FilmDeCulte - Après les jouets et les insectes, vous vous attaquez aujourd'hui à l'univers sous-marin, avec des animaux peut-être plus rigides à première vue. Êtes-vous guidés par un certain challenge dans l'animation ou plutôt par un sujet avant tout?
Andrew Stanton - Avant tout, je crois que c'est l'histoire qui nous motive. Au cinéma, tout a déjà été fait. Toutes les histoires ont déjà été racontées. Tout ce que vous pouvez faire, c'est la raconter à travers un point de vue personnel. Nous ne nous asseyons pas en cherchant à faire ce qui n'a pas été fait. Les idées proviennent de sources variées, inattendues... Franchement, nous ne savons pas trop ce que nous faisons en réalité! (rires)
FilmDeCulte - D'où vous est venue l'idée du Monde de Nemo?
Andrew Stanton - J'ai commencé à y penser durant le tournage de Toy Story. J'étais encore un novice dans l'animation, je me rappelle avoir observé un aquarium et pensé: " Wow, les images générées par ordinateur pourraient imiter à la perfection l'apparence du milieu aquatique. Quel monde idéal pour y situer une histoire!". Les années ont passé, je n'ai cessé de réfléchir à un synopsis. J'ai grandi près de l'océan; je me suis souvenu du bureau d'un dentiste où se trouvait un aquarium. Je m'étais dit que cela devait être bizarre pour un poisson de voir un dentiste au travail toute la journée. J'ai gardé l'idée en tête, mais ce n'était pas assez pour faire un film. J'avais là un lieu et une situation amusante. Au cours de mon travail chez Pixar, j'ai appris que cela ne suffirait pas. Pendant le tournage de Toy Story 2, nous étions si occupés que nous ne voyions plus nos familles très souvent. Je voulais passer une journée avec mon fils de cinq ans. Je l'ai accompagné à une promenade dans le parc et durant la balade, je n'ai pas arrêté de le réprimander: "Ne touche pas à ça! Fais attention! Tu vas te crever un œil!", avant de m'interrompre et de réaliser que j'étais tellement effrayé de ce qu'il pouvait lui arriver, que je passais à côté de tout le plaisir de la sortie. J'ai aussitôt été intrigué par cette peur, cette angoisse que ressentent tous les parents qui, une fois combinée avec les mystères de l'océan, donne une vraie métaphore de la vie.
Lee Unkrich - A chaque fois que tu racontes cette histoire, j'ai l'impression que tu vas nous dire que tu as emmené ton fils en promenade et qu'il s'est fait kidnapper par un dentiste! (rires)
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