Une première minute. Une scène au centre du film. Un plan vers la fin. C'est tout ce qu'il y a à sauver de cette adaptation rageante du Punisher. Né dans les années 70, la guerre du Viet Nam à peine terminée, en pleine mode de polars violents avec héros expéditifs comme L'Inspecteur Harry, le Punisher a toujours été considéré comme le personnage de comic book le plus controversé (avec
|
|
Ghost Rider, bientôt cinématographiquement souillé à son tour par Mark Steven Johnson, responsable du gâchis Daredevil) pour sa violence et ses principes moralement douteux. Une controverse qui ne touchera pas ce Punisher cuvée 2004 tant le film est à des kilomètres du matériau de base. Autrefois scénariste talentueux (Une Journée en enfer) mais depuis déchu (Le Saint, Armageddon), Jonathan Hensleigh passe aujourd'hui à la réalisation pour le plus grand malheur des fans (et des autres). Là où il promettait une transcription fidèle, autrement dit non-édulcorée en ce qui concerne ses scènes les plus sanglantes, l'auteur n'a presque rien su capter de l'essence du comic book. En délocalisant l'univers new-yorkais du personnage à Tampa Bay (détail en apparence insignifiant), |
|
Hensleigh le soustrait à son milieu urbain caractéristique. Et ce n'est là que le début de l'entreprise de castration du film. Celui-ci est pourtant classé R aux Etats-Unis (et même interdit au moins de 16 ans en France) mais l'on se demande encore pourquoi. Les scènes de torture et la plupart des meurtres ont lieu hors-champ. Lorsqu'un personnage se fait arracher un piercing, non seulement l'acte n'est pas montré à l'écran, mais l'après-coup est tout aussi peu explicite, le sang étant littéralement caché. En usant d'ellipses, Hensleigh n'essaie même pas de suggérer l'atrocité des tortures. Jamais nous n'avons l'impression que ce qui se passe à l'écran fait mal. La douleur est absente du film. Et cela vaut également pour l'esprit du protagoniste. |
Sans demander une introspection à la Michael Mann, on aurait aimé ressentir la douleur du héros. Mais non. Rien ne passe. Thomas Jane n'est pas le plus mauvais choix du film (qui en compte beaucoup, comme cette bande originale involontairement parodique) mais manque cruellement de présence à l'écran. Il n'est pas imposant, il n'est pas effrayant, à l'instar de son adversaire, campé par un John Travolta complètement fade. Les hommes de mains, une grande galerie de gueules pas possibles, sont tous plus charismatiques que les deux acteurs sur l'affiche. C'est triste. Hasard de la production |
|
cinématographique, le film de Jonathan Hensleigh sort quelques mois après le chef d'oeuvre de Quentin Tarantino, qui se trouve être justement un hommage, sans aucune concessions, aux films de vengeance des années 70. Là où Tarantino a tout compris à l'iconographie de l'époque et du genre, Hensleigh emploie en amateur les codes du western (musique, cadres, etc). Contrairement à la franchise Daredevil qui, croisons les doigts, pourrait être reprise par un nouveau réalisateur plus inspiré, le Punisher devrait rester entre les mains de son réalisateur qui a eu la présence d'esprit de tourner le film pour trente millions de dollars seulement. Trente millions déjà remboursés au |
|
box-office. A l'exception de son générique classieux, du combat contre le Russe et d'un détail gore, le Punisher mérite d'aller au piquet. Un autre mord la poussière. |