Exposée publiquement par les vampires, la guérilla de Blade est fragilisée par le FBI. Seul contre tous, le chasseur est contraint de s’allier à une autre équipe, les Nightstalkers, pour combattre le plus grand des vampires, Dracula.




Survivant des années 70, produit celluloïde de la blaxploitation, Blade est devenu, grâce à deux réalisateurs surdoués, le premier héraut des films estampillés Marvel. Sabrant,
 
avec une classe nonchalante mâtinée de hargne, les vampires impurs et les dégénérescences monstrueuses, Wesley Snipes, aidé par Stephen Norrington et Guillermo Del Toro, a régné au panthéon des super-héros. Pour clore l’histoire de sa lame et permettre à Snipes de quitter la panoplie en fanfare, il fallait un dernier épisode, apothéose supposée d’une trilogie en hausse qualitative. Malheureusement, si David Goyer scénariste s’impose en conteur original, sa promotion à la réalisation propose une conclusion en demi-teinte. Ce ne sont pourtant pas les bon-
 
nes idées qui manquent: de l’apparition attendue de Dracula à celles de nouveaux partenaires, en passant par la mort du mentor, il y a dans Blade Trinity l’étoffe d’un épilogue dramatique. Et l’on croit, lors de la première demi-heure du film, à un renouveau du crescendo filmique qui avait satisfait, même dépassé nos at-tentes dans les deux premiers films. Nous serons détrompés cependant, car si le bon ton bladesque est présent, il ne se sublime point, et l’on assiste à un spectacle carré qui renonce à être ambitieux.



David Goyer n’est ni vaniteux ni casse-cou. Conscient de l’énergie gra-phique de ses prédéces-seurs, il opte pour une mise en scène fonctionnelle, sans effets physiques sur le cadre ou plan-séquence numérico-virtuose. Claire et précise, sa réalisation se contente d’illustrer l’histoire. Le travail de Vic Armstrong et Edward G. Perez en deuxième équipe suit le même schéma, tant les scènes d’action sont simples et efficaces, à l’opposé de
 
la démesure baroque de Blade II. Cette option "action basique", en plus d’être une démarcation prudente, pro-pose de l’action honnête et s’autorise un final de qualité supérieure, grand pourvoyeur de destruction matérielle. Le vrai problème est ailleurs, car le traitement de l’histoire, dans le meilleur des cas, va hisser personnages et in-trigues au niveau sympa-thique. Ceci parce que David Goyer privilégie l’humour et, ce faisant, abaisse la série Blade au simplement bon.
 




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N’ayez pas peur! Les nou-veaux vampires (Parker Posey et le catcheur Triple H) qui, auparavant bour-geois puis monstrueux, sont ici maîtres lascifs et capricieux de
 
canidés transformés en Reapers (voir Blade II). Au temps pour les monstres de Del Toro! Quant à Hannibal King, membre des Nightstalkers, il est interprété par un acteur comique (Ryan Reynolds) dont les blagues, si elles sont parfois jouissives, entament sérieusement la gravité du personnage de Blade. Qui, au final, est car-rément escamoté après avoir été éclipsé par ses parte-naires pendant tout le film! Aux dernières nouvelles, et comme l’a écrit Wesley Snipes aux studios New Line, c’est lui le personnage principal! Enfin, le potentiel dramatique du film sera
 
achevé avec la personnification du Mal: Dominic Purcell obtient facilement l’Oscar du deuxième Dracula le plus ridicule de l’année (après Richard Roxburh dans Van Helsing) en ressemblant, sous sa forme humaine, à un bûcheron vosgien préoccupé. Hélas! On le voulait grand et courageux, Blade Trinity s’avère, au mieux, droit et prudent, plaisir honnête d’une facture bien trop correcte. Nous aussi, Wesley, on en attendait plus. Bon vent à toi, premier retraité de la Nouvelle Vague comics.