Young Adult
De Reitman Jason
Éditeur : Paramount
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h34
Sortie : 22/08/2012
Une femme d'une trentaine d'années qui écrit des romans pour jeunes adultes retourne dans sa ville natale afin de reconquérir son ancien amour, aujourd'hui marié et père d'un enfant...
SMELLS LIKE TEEN SPIRIT
Jason Reitman semble se créer une filmographie en deux thèmes et aborder chacun alternativement : entre deux attaques cyniques du capitalisme, Thank You for Smoking et In the Air, il a signé son plus gros succès avec la comédie douce amère Juno, en 2007, écrite par Diablo Cody et Oscar du meilleur scénario. Le duo réalisateur/scénariste se replonge ici dans les petits drames de la middle-class américaine, cette fois via une trentenaire immature prête à tout pour reconquérir son amour de lycée, et qui pourrait vivre dans la même ville du Minnesota que Juno. T-shirt Hello Kitty, appartement en désordre, junk food à gogo, procrastination, Mavis semble n’avoir jamais dépassé les 17 ans. Quand elle met une jupe ou un décolleté, elle tire dessus constamment, comme une jeune fille qui se déguise en femme. Quand elle boit, c’est trop, comme si elle en avait la permission pour la première fois. Quand elle voit ses parents, c’est pour les affronter, comme une ado rebelle. Et quand elle décide de séduire son ex-petit ami, c’est évidemment de manière égoïste et totalement irraisonnée, comme s’ils étaient seuls au monde.
IT’S MY PARTY AND I’LL CRY IF I WANT TO
Personnage reitmanien par excellence - froid, détaché, différent, mais ne cherchant au fond qu’à être aimé - Charlize Theron prête son corps de rêve et son regard assassin à Mavis, auteur de livres pour ados, cet âge qu’elle n’a jamais quitté; un choix parfait. Cette grande blonde désinvolte se croit tout permis, allusions sexuelles, vérités crues ou pur et simple cynisme. Mais si la première partie du film, avec ses petites touches nostalgiques des années 90 qui trouveront écho dans le coeur de tous les trentenaires, sonne plutôt juste et recèle de répliques savoureuses, il est dommage de voir le deuxième acte prendre un virage un peu trop abrupt et affubler Mavis de troubles psychologiques, alors que sa simple immaturité volontaire non seulement suffisait, mais en plus permettait de rire de tout ça. Face à une boulimique insécure s’arrachant littéralement les cheveux, on ne rit plus du tout, et la toute fin a du mal à rattraper le coup. Sans vouloir faire un procès d’intention au film, quand celui-ci dérive sur l’amitié inattendue entre les freaks Mavis et Matt (elle est brisée psychologiquement, lui physiquement), une légère désorientation peut se faire ressentir. Young Adult reste néanmoins un petit plaisir et Jason Reitman livre à nouveau un film original et atypique dans son côté tout à la fois intime et universel.