The Walk

The Walk
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The Walk
De Zemeckis Robert
Éditeur : Sony
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h03
Sortie : 09/03/2016
Note du film : ****--

Biopic sur le funambule français Philippe Petit, célèbre pour avoir joint en 1974 les deux tours du World Trade Center sur un fil, suspendu au-dessus du vide.

LA PASSION

Il est amusant de constater que les titres des derniers films de Robert Zemeckis, ses deux films live après un triple détour par la performance capture, semblent se répondre et renvoient à des notions de mouvements élémentaires. Le vol. La marche. Si Flight était également synonyme de fuite pré-rédemption, The Walk est tout autant un chemin de croix. Celui d'un saltimbanque, mime, jongleur, pour qui son spectacle est un art, prêt à se sacrifier pour son public afin de le prouver. Encore trop facilement réduit à un pionnier des effets spéciaux privilégiant l'attraction, c'est son histoire que Zemeckis raconte à travers celle de Philippe Petit, l'histoire d'un showman qui devra avoir recours à des moyens drastiques pour ériger ses capacités au rang d'art. À l'heure où même ses défenseurs les plus optimistes lui ont tourné le dos, la 3D vient une nouvelle fois s'imposer comme un outil de mise en scène à part entière et non un gadget grâce à l'usage parfait que le cinéaste en fait, conférant à la perspective le vertige nécessaire pour plonger le spectateur dans la subjectivité du funambule et ainsi transcender les images d'archives en offrant une expérience incomparable que seule la fiction permet.

Adaptant le même livre que le documentaire Man on Wire (sorti en France sous le titre Le Funambule), Zemeckis en reprend l'approche pour créer un crescendo qui mène à son morceau de bravoure, adoptant une structure et une ambiance de film de casse. Ce genre a toujours été propice à la métaphore étant donné qu'il est fréquemment question de formation d'une équipe où chacun est spécialiste en son domaine en vue d'arranger une mise en scène et cette interprétation se prête merveilleusement au propos de Zemeckis, qui écrit son protagoniste comme un puriste fou capable de se mettre dans tous ses états s'il n'a pas son costume le jour J. Toutefois, The Walk porte bien son titre tant le film semble n'avoir d'yeux que pour son numéro final et le scénario s'avère bien trop léger sur tout ce qui précède. Le premier acte, qui épouse à fond l'imagerie cliché de l'artiste de rue parisien, frise l'indigestion, survivant principalement grâce au quota sympathie semblablement sans fin de Joseph Gordon-Levitt. De plus, le film de casse en lui-même est somme toute assez facile. L'ensemble est toujours plaisant voire amusant mais demeure très archétypal, dans la caractérisation des complices de Petit comme dans le reste.

Le cinéaste choisit aussi de faire narrer son film par le personnage principal, dans des interludes face caméra ou via une voix off souvent redondante qu'on aurait préféré voir disparaître lors du dernier tiers pour laisser parler les magnifiques images de Zemeckis, se suffisant à elles-mêmes. À l'instar des deux tours du World Trade Center, dont la seule présence, ressuscitée par la magie des images de synthèse, est dotée d'une portée symbolique soulignant le sous-texte du film. Le cinéma américain a passé une dizaine d'années dans l'ombre des tours mortes à chercher la guérison, le film de Zemeckis permet leur réincarnation. En racontant leur naissance, physique mais également spirituelle, animée par l'acte de Philippe Petit, par un geste artistique. On ne va pas se mentir, The Walk vaut principalement pour sa demi-heure finale. Mais il faut ramper avant de savoir marcher et une fois que le film tient sur ses deux jambes, sur le fil, il est de toute beauté, dans la forme comme dans le fond. Un Zemeckis mineur dont la figure christique, croix sur les épaules et pied stigmatisé par un clou, reste toutefois assez forte.

par Anthony Sitruk

Bonus

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