The King of New York
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De Ferrara Abel
Éditeur : Carlotta Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h43
Sortie : 30/10/2012
Frank White sort de prison après y avoir passé cinq années pour trafic de drogue. Il retrouve ses complices et commence à se refaire sa place dans le milieu.
Nicolas St. John au scénario, Abel Ferrara à la mise en scène, deux artistes qui ont des thèmes et des préoccupations similaires et poursuivent leur collaboration depuis 1971 et la réalisation du court-métrage Nicky’s Film. Nine Lives, Driller Killer, L’Ange de la vengeance, New York deux heures du matin, China Girl, The King of New York, Body Snatchers, Snake Eyes, The Addiction, Nos funérailles, pas moins de dix films issus d’une collaboration fructueuse et cohérente. Nicholas St. John, c’est avant tout l’intrusion dans le cinéma de Ferrara d’un angle profondément religieux rongé par la culpabilité (à la manière d’un Paul Shrader), qui aboutit en 1990 à ce qui est encore aujourd’hui considéré par certains comme le chef d’œuvre du tandem: The King of New York, incroyable diamant noir d’une linéarité exemplaire, magnifié par la photographie de Bojan Bazelli, transpercé de part en part par la notion de rédemption si chère au cinéaste, et transcendé par l’interprétation habitée de Christopher Walken. Film de tous les superlatifs, œuvre de genre (cinéma de gangsters) qui peut facilement faire jeu égal avec les perles du genre. Si l’on peut éventuellement trouver un Bad Lieutenant plus sulfureux, force est de constater que The King of New York reste le meilleur film écrit par St. John, du moins celui le moins pourvu de pathos. Car l’emphase, c’est le propre de St. John. "Je pense qu'il y a des pressions qui l’obligent à faire des films un peu prétentieux, qui ne sont pas authentiques, qui ne sont pas lui", expliquera Zoé Lund a propos de Ferrara. Malgré leurs innombrables qualités, Snake Eyes, The Addiction, ou Nos funérailles restent ainsi plombés par une grandiloquence, une affectation que l’on ne retrouve justement pas dans les autres films du cinéaste non écrits par St. John (même si pas forcément meilleurs) ni dans ce King of New York qui a justement été le film par lequel le grand public a découvert Ferrara. Double spirituel du réalisateur, St. John insuffle au cinéma de Ferrara un sens religieux et donne à ses films un aspect profondément schizophrénique qui colle parfaitement à ce film enfin disponible aujourd’hui dans trois vraies éditions (DVD, Blu-Ray et Blu-Ray collector).
Bonus
Pour un tel film, deux entretiens, 46 minutes, on peut dire que c’est peu... sauf quand l’une des deux personnes interrogées se nomme Abel Ferrara et qu’il revient en détails sur les origines et le tournage de The King of New York. Commençons donc avec la sienne, interview de 27 minutes titrée Possession, dans laquelle on apprend que Ferrara a eu l’idée du film après avoir vu Terminator, « un film pas si mal… pour un film avec Shwarzenegger ! », dépité à l’idée que le public se tournait dorénavant vers ce type de spectacle. On a le droit de ne pas partager son avis sur le chef d’œuvre de James Cameron, mais l’anecdote est amusante. Ferrara évoque aussi sa rencontre avec Walken, son travail avec Nick St. John, ses difficultés actuelles à trouver de l’argent (et ce même si, comme il l’indique, le film a rapporté de l’argent et en rapporte encore, notamment via un gros merchandising). Surtout, il donne quelques informations sur son prochain projet, un film sur l’affaire DSK, film sur le sexe et le pouvoir qui pourrait le faire revenir sur le devant de la scène. La seconde interview, bien que faisant intervenir Augusto Caminito, producteur du film, est déjà plus anecdotique, la journaliste se bornant à lui poser des questions ultra factuelles du genre « combien de jours de tournage ? ». Mais le producteur glisse quand même pas mal de détails savoureux sur le travail de Ferrara et sur la réception critique et publique du film. Une belle édition, donc, qu'on n'attendait plus.
