The Box
De Kelly Richard
Éditeur : Wild Side Video
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h51
Sortie : 03/03/2010
Norma et son époux mènent une vie paisible dans une petite ville des Etats-Unis jusqu'au jour où une mystérieuse boîte est déposée devant leur domicile. Quelques jours plus tard, se présente l'énigmatique Arlington Steward qui leur révèle qu'en appuyant sur le bouton rouge de la boîte, ils recevraient 1 000 000 $, mais cela entraînerait la mort d'un inconnu...
BLACK BOX
En adaptant une rikiki nouvelle de Richard Matheson, on pensait Richard Kelly revenu un peu sur terre après les sphères en lévitation de ses labyrinthiques Southland Tales. The Box s'en éloigne pourtant assez rapidement et emmène son petit pitch d'épisode de The Twilight Zone vers une autre dimension, finalement pas si éloignée de ce mélange ambitieux d'incongru, d'inquiétude et de métaphysique qui caractérise ses deux premiers films. La première moitié du long métrage lance une multitude de pistes excitantes où la science marche main dans la main avec la magie, où les corps sont meurtris par d'étranges infirmités, dans une atmosphère de parano 70's parfaitement rendue. La force de la mise en scène de Kelly est là, un peu à l'image de celle d'un Shyamalan, installant son angoisse sans sirène d'alarme, naviguant entre absolu premier degré et ironie sans se soucier un instant du ridicule. Classe, vénéneux, hanté par la musique signée Arcade Fire et porté par l'interprétation de Cameron Diaz qui a déjà montré, de Vanilla Sky à Dans la peau de John Malkovich, que ses grands yeux tristes pouvaient faire d'elle autre chose que la blonde solaire de ses comédies, The Box partait avec pas mal d'atouts. Mais la deuxième moitié du film flanche.
L'ombre de David Lynch a souvent été évoquée au sujet de l'oeuvre de Richard Kelly, raccourci inévitable tant on est habitué à voir le nom du génie américain ressorti à toutes les sauces dès qu'un film se permet de poser quelques points d'interrogation au cours d'intrigues à mystères. J'aime le mystère, entend-on d'ailleurs ici de la bouche d'un personnage clef. Mais encore plus que dans ses autres films, la comparaison s'écroule: là où Lynch fait de l'inquiétante étrangeté de sa narration à trous un moyen de coller au plus près de la perception lacunaire de ses personnages (cf Lost Highway ou Mulholland Drive), The Box se place au-dessus d'eux, cumulant ses deus ex machina, entassant les impasses, détours, rebondissements et énigmes comme un magicien enchainant ses tours de passe-passe. A trop jouer avec le spectateur, Richard Kelly prend le risque de le perdre. Si le fait de ne comprendre qu'un huitième de Southland Tales ne nuisait pas tellement au film tant celui-ci misait davantage sur l'expérience sensorielle que le récit cadenassé, The Box vide un peu son finale d'émotion car le jeu, petit à petit, devient de plus en plus vain. Convoquant le fantôme de Kubrick (citation d'Arthur C.Clarke, réminiscence de Shining), Kelly ne manque certes pas de talent. Mais pas sûr qu'après le giga bide de son film précédent, cette boite parfois fascinante mais imparfaite ne lui ouvre grand les portes des studios.
Bonus
Vous en rêviez, Wild Side l'a fait! Si le dvd ne possède pas les caractéristiques irréprochables du Blu-Ray, on ne peut cependant que féliciter l'éditeur d'avoir mis les petits plats dans les grands et de nous livrer une galette à l'image quasi irréprochable rendant parfaitement hommage au travail du chef opérateur. Même constat pour le son. Le DTS vo rendant pleinement, lui aussi, toute l'atmosphère à la fois épurée et oppressante du film. Un beau coup de chapeau technique que cette édition SD.
Pour ce qui est des suppléments, c'est une autre paire de manches, le dvd ayant les reins moins solides. Car au-delà du commentaire audio de Richard Kelly qui décortique point par point l'ensemble du film, les 4 autres segments ne vont pas bien loin.
The Box - Ancré dans la réalité est un court module de 10 minutes où Kelly nous parle de ses motivations et nous explique comment il est passé d'une nouvelle de 6 pages à un script complet en s'inspirant de ses propres parents pour composer le couple de héros.
Le segment A propos de Richard Matheson est un trop court supplément de 5 minutes ou l'auteur de la nouvelle revient sur son parcours. Dommage que ce bonus n'ait pas pris le temps d'aller plus loin.
Création des effets spéciaux est une suite de 3 featurettes complètement dispensable (car pas vraiment développées) ou l'on nous explique en seulement 4 minutes les trois grosses étapes des effets du film: le maquillage de Franck Langella, les 3 "portes d'eau" et la transformation de la ville en version 70's.
Enfin on trouve aussi un segment Entretien avec Richard Kelly aussi complémentaire que redondant par rapport au commentaire audio ou le réalisateur nous parle pendant 14 minutes de son implication personnelle dans le film et de sa volonté d'en faire une œuvre plus "simple" que le pantagruélique Southland tales qui l'avait lessivé.