Sentiers de la perdition (Les)

Sentiers de la perdition (Les)
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Sentiers de la perdition (Les)
De Mendes Sam
Éditeur : Fox Pathé Europa
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 01/01/2002
Note du film : *****-
Note FilmDeCulte : *****-
Location DVD online
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en DVD ou Blu-ray pour 1.95€
DVD

Deux pères : Michael Sullivan, tueur professionnel au service de la mafia irlandaise dans le Chicago de la Dépression, et Mr. John Rooney, son patron et mentor, qui l'a élevé comme un fils. Deux fils : Michael Sullivan Jr. et Connor Rooney, qui font chacun des efforts pour s'attirer l'estime et l'amour de leurs géniteurs. Mike Jr. va être le témoin d'un meurtre injuste perpétré par Connor. Celui-ci décide alors de les éliminer, père et fils, mais tue Mme Sullivan et le jeune Peter Sullivan. Michael Sullivan décide alors de venger sa famille, accompagné de son fils...

Sam Mendes serait-il destiné à ne faire que des grands films? Avec Les Sentiers de la Perdition, le réalisateur d'American Beauty s'approche encore une fois de la perfection. Sa dernière œuvre transpire de bout en bout le caractère minutieux de l'entreprise. D'un point de vue purement pratique, le film va jusque dans l'absolu pour recréer avec justesse l'Amérique de la Dépression. Des costumes aux décors, l'aspect purement matériel témoigne d'un perfectionnisme évident. Cependant, ce n'est pas de cet angle-là que le film de Mendes s'avère inspiré, mais tout simplement de l'angle du réalisateur, qui use de tous ces éléments comme accessoires à sa peinture d'un drame évoluant autour de la figure paternelle et de la rédemption. Provenant du milieu du théâtre, Mendes signait il y a maintenant trois ans une mise en scène assez classique mais qui épousait parfaitement le prodigieux scénario d'Alan Ball, faisant d'American Beauty un film dont plusieurs millions de spectateurs sont tombés amoureux.

Cette fois-ci, le scénario est adapté d'un roman graphique, une forme de bande dessinée plus adulte, plus mature qu'un comic book. Mendes reste donc fidèle à lui-même à travers un filmage sobre sans pour autant dénué d'émotions. D'ailleurs, le point le plus remarquable du film est sans doute l'atmosphère installée par Mendes, conférant à son film une intensité presque palpable. Des mouvements de caméra lents et fluides aux cadres millimétrés, l'art de Mendes évoque les cases caractéristiques du support originel, utilisant parfois les embrasures de portes, les miroirs et autres fenêtres pour y référer plus directement. La mise en scène n'est jamais trop appuyée, adoptant un style assez minimaliste, voire épuré, qui évite au film de tomber dans la distribution d'effets dramatiques faciles. C'est un véritable travail d'artisan(s) que l'on nous offre ici : la caméra resserrant doucement le cadre de façon à rétrécir le champ autour d'un personnage, la musique croissant vers une furtive envolée lyrique au moment culminant où l'acteur délivre une réplique qui restera gravée dans les mémoires...c'en est presque orgasmique. La tension est tellement effective que l'on frôle la jouissance durant certaines scènes. Les larmes ne demandent qu'à couler. Nous sommes plongés dans les yeux mêmes des comédiens, reflets de leurs âmes concernées par les événements de l'histoire.

Sans être traversée par des thèmes réellement nouveaux, l'histoire trouve son originalité dans le traitement qui lui imposé. Deux pères, deux fils et la lutte menée par chacun des pères pour sauver leurs fils, ce serait là une façon de résumer la trame d'un film se faisant néanmoins encore plus riche en se voyant greffer l'éternel thème de la rédemption. Un thème inhérent aux films de gangsters, tout comme le thème de la vengeance qui caractérise le personnage interprété par Tom Hanks. Protagoniste ambigu, il souhaite se racheter en empêchant son fils de suivre le même chemin que lui tout en désirant tuer l'homme qui a assassiné les siens. Hanks trouve ici un rôle différent de ceux qu'il incarne habituellement, mais il y est tout aussi impressionnant. Presque constamment monolithique, il octroie une prestation à l'image de la mise en scène et de son environnement: froide. Voici un homme qui s'est trop éloigné de sa famille et de certaines valeurs et c'est une tragédie qui vient le réveiller. Le casting s'est orienté vers des acteurs qui paraissent être des icônes, Paul Newman en tête, faisant des personnages les figures mythologiques d'une tragédie grecque. Jude Law est un parfait assassin dont la réelle nature est déguisée derrière cet air innocent qu'inspire sa démarche. Daniel Craig est à l'opposé de ce que suggèrent ses cheveux blonds parfaitement coiffés et ses profonds yeux bleus. En bon metteur en scène de théâtre qu'il est, Mendes dirige l'ensemble de la distribution à la perfection, comme sur son film précédent.

Tous les éléments cinématographiques sont ici présents pour offrir un spectacle époustouflant de vérité et d'intensité dramaturgique. Le film ne possède peut-être pas un fond des plus révolutionnaires ou particulièrement pertinent mais il est traversé par une thématique forte. Si forte qu'en sortant de la salle on est sûr d'avoir pour toujours ces images de Tom Hanks, sous la pluie (ici symbole lié à la mort), une mitraillette à la main et le regard masqué par l'ombre que projette son chapeau. Il ne reste de son visage que la partie inférieure, renvoyant aux personnages de bande dessinée en uniforme dont seuls le menton et la bouche sont visibles. Ainsi rendu anonyme, il n'est plus Michael Sullivan. Il est juste un père incarnant la figure paternelle même, l'ultime patriarche. Priez pour Michael Sullivan.

par Robert Hospyan

Bonus

Malheureusement, l'édition n'est pas à la hauteur de ce qu'on aurait pu espérer d'un tel film. C'est quasiment la pénurie: entre la "featurette", certes bien faite mais purement promotionnelle, et le spot publicitaire de la bande originale composée par Thomas Newman (heureusement le ridicule ne tue pas), on se rabattra sur les nombreuses scènes coupées (avec commentaire audio du réalisateur en option) qui nous permettent de découvrir notamment Anthony LaPaglia en Al Capone, personnage coupé au montage pour ne pas dévier l'attention du spectateur de la trame principale. Le réel (et presque seul) atout de ce DVD demeure le commentaire audio de Sam Mendes sur le film lui-même.

Le metteur en scène parle très intelligemment de son film, évoquant ses influences, ses choix et les différents thèmes qui traversent ce petit bijou. Le supplément en question n'est probablement pas ce qui s'est fait de plus remarquable récemment sur le support mais contentera les cinéphiles de par sa nature de véritable leçon de cinéma. En outre, une galerie de photos bien fournie et les habituelles bandes-annonces et filmographies complètent ce DVD fort soigné au niveau technique (image parfaite) mais décevant en ce qui concerne le "packaging": un pseudo-coffret grossier créant l'illusion pour cacher l'absence d'un deuxième disque.

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Interactivité :

Malheureusement, l'édition n'est pas à la hauteur de ce qu'on aurait pu espérer d'un tel film. C'est quasiment la pénurie: entre la "featurette", certes bien faite mais purement promotionnelle, et le spot publicitaire de la bande originale composée par Thomas Newman (heureusement le ridicule ne tue pas), on se rabattra sur les nombreuses scènes coupées (avec commentaire audio du réalisateur en option) qui nous permettent de découvrir notamment Anthony LaPaglia en Al Capone, personnage coupé au montage pour ne pas dévier l'attention du spectateur de la trame principale. Le réel (et presque seul) atout de ce DVD demeure le commentaire audio de Sam Mendes sur le film lui-même.

Le metteur en scène parle très intelligemment de son film, évoquant ses influences, ses choix et les différents thèmes qui traversent ce petit bijou. Le supplément en question n'est probablement pas ce qui s'est fait de plus remarquable récemment sur le support mais contentera les cinéphiles de par sa nature de véritable leçon de cinéma. En outre, une galerie de photos bien fournie et les habituelles bandes-annonces et filmographies complètent ce DVD fort soigné au niveau technique (image parfaite) mais décevant en ce qui concerne le "packaging": un pseudo-coffret grossier créant l'illusion pour cacher l'absence d'un deuxième disque.

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