Schizophrenia
Éditeur : Carlotta Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h19
Sortie : 04/07/2012
Un psychopathe est libéré de prison après avoir purgé une longue peine. Errant dans la ville, il retrouve le monde avec une seule idée en tête : tuer à nouveau. Après avoir tenté d’étrangler la conductrice d’un taxi, l’homme s’enfuit et se réfugie dans une maison où habitent une vieille dame, sa fille et son fils handicapé…
D’une certaine manière, on en voudrait presque à Carlotta Films de sortir, qui plus est dans une copie superbe, ce qui restait jusqu’alors une véritable arlésienne que seuls certains chanceux pouvaient se vanter d’avoir vu. Ainsi, Schizophrenia faisait partie de ces films dont la VHS devait être conservée précieusement et visualisée fréquemment, afin de le faire découvrir aux fans de cinéma d’horreur persuadés d’avoir tout vu. Si le P2P avait permis la redécouverte du film il y a quelques années, si la projection lors de l’Etrange festival avait également enchanté (le mot est particulièrement mal choisi) les nombreux spectateurs s’étant déplacés, la sortie DVD et Blu-ray aujourd’hui fait de Schizophrenia un film accessible, disponible. C’est à la fois triste et réjouissant, tant le travail de l’éditeur, qui semble s’attaquer cette année à des films ultra cultes relativement récents (Mean Streets, Taking Off…), est une fois de plus remarquable. Si l'histoire du film reste en elle-même assez anecdotique aujoud'hui (un tueur en série, des meurtres…), le traitement reste formidablement choquant et original. Le film, quasiment sans dialogue, est entièrement commenté en voix off par le tueur, qui nous fait pénêtrer à l'intérieur de son âme et de sa mémoire. Ses troubles, ses hésitations, ses envies, ses pulsions, ses souvenirs, rien n'échappe au spectateur profondément retourné par le spectacle qui se déroule devant lui. La froideur rappelle Hanake (on pense beaucoup à Funny Games, par exemple), mais le traitement et la mise en scène anticipent de plusieurs années les films de Gaspar Noé, dont c'est le film culte et qui intervient d’ailleurs dans les bonus. Pas un plan qui ne soit original, pas un cadrage qui ne soit bluffant, Gerald Karlg et son chef op innovant de bout en bout, et certaines de ses idées se retrouvent encore aujourd'hui dans les films de Spike Lee ou Aronofski. Il s’agit sans conteste de l’événement blu-ray de l’année, certes à ne pas mettre entre toutes les mains.
Bonus
D’une sortie à l’autre, les critiques concernant les sorties Carlotta se ressemblent au point qu’on pourrait presque les copier-coller : une copie magistrale, à l’image glaciale et au son strident, proposé en VO mais également dans sa somptueuse VF. Niveau bonus, là aussi c’est le paradis : outre une interview de Gaspar Noé (qui parle un peu trop dans sa barbe, comme à son habitude, pour être compréhensible de bout en bout), on a surtout droit à celles des différents intervenants du film. Ainsi, le réalisateur parle de la sortie et du fric perdu (dans un intretien avec Jorg Buttgereid, réalisateur du non moins sulfureux Nekromantik), des difficultés à rentrer dans ses frais, de la censure, de sa collaboration avec son chef op, et de son probable retour au cinéma après des années consacrées à la publicité. L’interview datant de 2003, on constate qu’il n’en fut rien.
Autre pièce maîtresse, celle du chef opérateur Zbigniew Rybczynski, parfois crédité comme co-réalisateur du film. Oscarisé pour la réalisation d’un court-métrage d’animation, il revient sur les idées visuelles et narratives du film, (trop rares) photos à l’appui : le miroir dans lequel la majorité des plans ont été tournés, le harnais porté par l’acteur, etc.
Enfin, une dernière interview, sans doute un peu moins intéressante, voit l’acteur du film s’entretenir de son rôle avec des psys. Un peu plus anodine, celle-ci vient néanmoins compléter une édition sans tâche. Mais le bonus de poid, c’est surtout le prologue, que l’on peut visionner seul ou avant le film. Tourné en une journée à la demande du distributeur, il était jusque là absent de certaines copies. Grâce soit rendue à l’éditeur de l’avoir déniché et proposé ici, accompagné d’un petit texte explicatif.