Ronde de nuit (La)
De Greenaway Peter
Éditeur : Bac Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 2
Durée : 2h03
Sortie : 09/09/2008
1654, Amsterdam. Rembrandt se réveille en sursaut : il vient de rêver qu'il est aveugle. Ce cauchemar le replonge 12 ans en arrière, en 1642, alors qu'il travaille sur son oeuvre la plus célèbre, La Ronde de Nuit.
La Ronde de nuit marque le retour du cinéaste anglais Peter Greenaway au cinéma après quelques années d'absence, pour un film sans doute plus proches de ses plus grands succès (on pense beaucoup à Meurtres dans un jardin anglais, et au Cuisinier, le voleur, sa femme, et son amant) que de ses plus récents essais, The Pillow Book et 8 Femmes et demi. La Ronde de nuit s'impose ainsi d'emblée comme une œuvre formellement splendide, dans laquelle on retrouve le formalisme quasi obsessionnel du cinéaste, ses compositions picturales symétriques, ses travellings rectilignes, sa maîtrise des décors, son travail sur la lumière. Toujours inspiré du théâtre et de la peinture (on pense aussi beaucoup à Baby of Macon, qu'un critique de l'époque avait qualifié de "peinture dans le théâtre, théâtre dans le cinéma", citation que l'on pourrait sans peine appliquer à ce nouveau film) et traversé de fulgurances, cette Ronde de nuit demeure reste bien longue. Greenaway inflige à son spectateur plus de deux heures de compositions sublimes dans un film qui malheureusement à tendance parfois à faire du sur-place. Cette intrigue autour des modèles d'un tableau qui se retourne contre son créateur aurait pu aboutir à une œuvre subtile et machiavélique à l'image des meilleurs films du cinéaste. Ici, il ne reste qu'un objet visuellement beau (on n'aura de cesse de le répéter), mais froid... La Ronde de nuit a toutefois le mérite d'intriguer et d'inciter le spectateur à se replonger dans l'œuvre de Greenaway.
Bonus
Régime ultra-light côté bonus, pour cette édition de La Ronde de nuit. De l'imposante mise en scène, on espérait découvrir un peu les coulisses, restituant le titanesque travail esthétique et logistique abattu par Greenaway et son équipe. Las, le making-of, séduisant dans ses premières secondes (captation brute et sans commentaires off ni musique emphatique, voilà qui change du tout-venant, croit-on un instant), révèle vite à quel point il a été bâclé. Monté absolument n'importe comment (aucun plan n'a le temps de s'installer, de devenir lisible : il est immédiatement sabré, selon un rythme vide de sens, et ceci soit par d'incompréhensibles jump-cuts, soit tout simplement au mépris de la continuité du tournage), pas étalonné, pas mixé (le son est abominable et jamais à niveau), et bien évidemment pas filmé (caméra épaule au jugé, zooms intempestifs, etc.). Le film de Greenaway, techniquement exemplaire et souvent visuellement impressionnant, méritait largement mieux que ce bout-à-bout ni fait ni à faire.Le reste des bonus, une filmographie, un diaporama en musique et des bandes-annonces d'autres films du même éditeur, n'a que peu d'intérêt.