Pulsions
De De Palma Brian
Éditeur : Carlotta Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h45
Sortie : 29/11/2012
Mère au foyer remariée, Kate Miller est en proie à des fantasmes nocturnes. Son seul confident est son psychiatre, le Dr Elliott, à qui elle révèle la médiocrité de sa vie sexuelle. Alors qu’elle passe l’après-midi seule au musée, Kate suit un bel inconnu qui l’entraîne chez lui et avec qui elle fait l’amour. Mais en repartant, elle est suivie par une inquiétante femme blonde vêtue de noir…
Entre formaliste fascinant et esthétisme de porno soft tendance âge d’or, Brian de Palma fait de Pulsions, qu’il nous est enfin permis de (re)découvrir en version intégrale, un œuvre sulfureuse et tordue (le mot est faible) qui oscille du sublime au grotesque, parfois jusque dans le même plan. Impossible de départager les pros des anti-Pulsions, quoi que ces derniers se fassent de plus en plus rares, tant le réalisateur fait de son film un hymne gore et sexy au cinéma d’Alfred Hitchock (on pense bien entendu à Psychose), qu’il émaille de détails autobiographiques – ce qui nous est d’ailleurs rappelé dans les bonus. Bien évidemment, les pros rétorqueront aux autres que derrière ce coté outrancier, voire Grand-Guignol, se retranche une telle maîtrise de l'art cinématographique que c'en est presque hypnotique. Derrière ce scénario prétexte, ne pas chercher une quelconque cohérence, ni même le moindre rebondissement, dans l’enquête, ce qui importe à De Palma, c’est avant tout de renforcer l’aspect visuel par de nombreux détails qui se révèlent un peu plus à chaque vision. Bien entendu, on retiendra ceux de certaines scènes cultes, que la copie Carlotta met superbement en valeur (les rasoirs n’ont jamais autant reflété la lumière !), mais on retiendra aussi le nombre de détails sexuels incroyables pour l’époque et que seul le cinéaste saura dépasser avec Body Double. Ici, les jeux de séduction, les fantasmes, les rêves érotiques, le travestissement, l’adultère, le voyeurisme, l'exhibitionnisme, la pédophilie… Autant de thèmes abordés par un réalisateur quasi masochiste (rappelons que les ligues féministes et homosexuelles lui tomberont sur le dos lors de la sortie du film) en pleine possession de ses moyens. Devant Pulsions, comme souvent chez De Palma, il faut donc accepter l’inacceptable : un scénario timbre poste, une interprétation hésitante, et se focaliser sur le reste. Et le reste, sans atteindre les sommets de l’œuvre du réalisateur, se révèle incroyablement séduisant.
Bonus
Si le making of de Laurent Bouzereau manque malheureusement à l’appel, ainsi qu’une interview de Brian de Palma qui pourtant vit à Paris depuis quelques années, le blu-ray est suffisamment copieux pour qu’on y trouve au final son compte. Passons rapidement sur les interviews de trois des acteurs principaux : si Keith Gordon livre quelques anecdotes intéressantes sur la mise en scène et l’importance du montage de Brian de Palma (notamment sur la fameuse scène de l’ascenseur qui, sur le tournage, semblait selon l’acteur totalement foirée), Angie Dickinson et Nancy Allen rivalisent de banalités, évoquant leur rôle, la scène de la douche avec doublure pour l’une, ses premiers pas avec de Palma pour l’autre. Pas de quoi grimper aux rideaux. Heureusement, trois modules viennent rehausser le tout. Le premier peut se voir avant le film puisqu’il s’agit d’une préface de Sameul Blumenfeld, co-auteur d’un livre fabuleux sur le réalisateur. Autant dire qu’il connaît son sujet et que son apport permet de mieux appréhender le film et de l’écarter de l’image hitchkockienne qu’il se coltine un peu trop souvent. Le second est un entretien avec George Litto, producteur du film, qui revient sur sa rencontre avec le réalisateur, sur sa première lecture du script, ses recherches de financements, de lieux de tournage (notamment pour la scène du musée), etc. Le troisième module est un comparatif assez amusant entre la version intégrale (présentée ici), la version censurée (présentée sur l’ancien DVD édité par MGM) et la version télévisée, totalement charcutée.