Pervert !
Éditeur : Neo Publishing
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h21
Sortie : 16/11/2007
James se rend chez son père, Hezekiah, qui vit dans le désert, pour y passer l’été. Ce-dernier est un vieux pervers passant son temps à collectionner les conquêtes à forte poitrine et à fabriquer des statues de femmes à base de viande. Lorsqu’une des maîtresses d’Hezekiah est brutalement massacrée, James se met à douter de la santé mentale de son père. Lui-même suspecté, il décide de mener l’enquête.
Bénéficiant du statut envié de film culte aux Etats-Unis, le bien nommé Pervert ! doit sa renommé à son mélange détonnant de gore, de nichons, et de débilité profonde. Un papy qui baise des prostituées dans une vieille bicoque, des statues à base de steak haché, un fiston qui cache dans sa boite à gants une bouche en plastique, une bite tueuse… Pas de doute nous sommes face à un authentique film barré, pur produit grindhouse (pour reprendre un terme à la mode) qui fait de l’œil aussi bien à Russ Meyer (les actrices ne rechignent pas à exhiber ce qu’on appelle, à ce niveau, les mamelles de Dieu) qu’à Hershey Gordon Lewis (le sang, bien rouge, gicle à foison). Dans ce désert hors du temps où sévissent des garagistes néonazis et des nanas à poils qui brandissent la bannière étoilée, Jonathan Yudis parvient malgré un budget anémique à livrer un produit qui s’éloigne totalement de l’amateurisme : c’est drôle, c’est con, mais c’est cadré et monté de façon très professionnelle. Sans oublier un travail sur le son qui réserve son lot de petits gags astucieux et discrets. Alors certes le film n’a pas la classe des œuvres ayant fait la joie des séances de minuit, mais les éclats de rire sont nombreux et l’on se laisse facilement prendre au jeu.
Bonus
Edition très sympathique et fournie que celle proposée par NEO Publishing pour ce petit film culte au budget minuscule (moins de 50.000 dollars). On passera rapidement sur les deux commentaires audio, intéressants sans pour autant que les intervenants se révèlent réellement à l’aise, pour s’attarder sur le making of. La chaleur étouffante et les conditions de tournage décrites tranchent radicalement avec l’image que renvoie le film, celle d’un campus movie tourné dans la rigolade. Au contraire, entre le choix des actrices, les tonnes de barbaque à gérer, les maquillages réalisés avec les moyens du bord, le cinéaste semble un rien amer. Son film existe, mais le prix à payer semble lourd.
Heureusement, les bonus suivants sont plus légers… Des scènes coupées (plutôt des prises non retenues – à raison), un bêtisier assez amusant même si là aussi les rires ne semblent pas si francs (on imagine, dans le cadre d’un budget anémique, la perte d’argent que peut représenter chaque éclat de rire), et surtout la version longue de la scène lesbienne !
Les traditionnelles bandes-annonces, filmographies, et fiches techniques achèvent de faire de cette édition un joli cadeau pour Noël (plutôt pour le grand père en quête d’une nouvelle jeunesse que pour le petit neveu), et surtout un bon témoignage des difficultés que peuvent rencontrer les cinéastes indépendants lorsqu’ils se lancent dans ce genre d’aventure. L’existence même de ce film est en soit une récompense.