Monrak Transistor
De Ratanaruang Pen-Ek
Éditeur : Océan Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 10/03/2005
Pen et Sadao habitent tous deux un village thaïlandais. Ils tombent amoureux l’un de l’autre. Peu après leur mariage, Sadao apprend qu’elle attend un heureux événement. Alors que le couple semble parti pour couler des jours paisibles, le destin s’en mêle et va ballotter le jeune homme entre karaoké et barreaux de prison…
RADIO DAYS
Troisième film du réalisateur thaïlandais Pen-ek Ratanaruang, Monrak Transistor est un récit initiatique contant le parcours cabossé d’un garçon naïf dont le rêve est de devenir chanteur. Ratanaruang a choisi de coller au plus près de sa figure centrale en instaurant une atmosphère liée en permanence au paysage émotionnel du héros. Il illustre ainsi les lendemains chantant de Pen, puis ses désillusions, en surfant de la comédie au drame, dans une approche quasi bollywoodienne: des morceaux musicaux et une esthétique sucrée et surcolorée d’abord, une sobriété et un classicisme plus présent ensuite. Etrangement, l’approche comédie musicale n’est pas l’aspect le plus réussi du film, alors que le sujet et le mood général s’y prêtaient bien. Il lui manque probablement un peu de fantaisie, d’inspiration pour être réellement efficace et dépasser le stade du "juste plaisant". En revanche, le versant plus proche de la comédie dramatique remplit parfaitement son contrat: la fable picaresque a son charme, principalement grâce à une galerie de personnages plutôt attachants. A la tête de celle-ci, Suppakorn Kisuwan incarne un Candide thaïlandais avec assez de charme, de charisme et d’énergie pour porter Monrak Transistor sur ses solides épaules. Voici donc un joli film, dont la naïveté fait à la fois sa force (une fraîcheur et une sincérité indéniables) et sa faiblesse (on peut dans un mauvais jour trouver cela désuet).
Bonus
Un an avant son quatrième film, Last Life in the Universe, Pen-ek Ratanaruang signait celui-ci, son premier à sortir en France. Son édition DVD, très soignée, s’ouvre sur un menu animé et pour le moins coloré, à l’image des passages chantés du film. Les notes de productions insistent sur l’influence du style "Jouk Thoung" (l’équivalent thaï de la country) à propos du ton du long métrage, en évoquant notamment Surapol Sombatcharoen, figure mythique du genre. Des biographies du réalisateur, mais également de ses comédiens (Suppakorn Kisuwan, Siriyakorn Pukkavesa) et producteurs viennent agrémenter le contenu. A noter également les traditionnelles bandes-annonces, dont celle de Last Life in the Universe, mais aussi d’autres titres des éditions Oceans (dont celle du 2046 à venir). Mais le bonus le plus fourni et le plus intéressant de ce DVD réside en une interview d’une demi-heure de Pen-ek Ratanaruang, qui revient sur son film et sa carrière. Ratanaruang raconte ainsi ses débuts: étudiant en histoire de l’art, il débarque à Bangkok en 1986, travaillant dans un camp de réfugiés à qui il enseigne l’anglais.
Après quelques économies, il s’offre un voyage en Europe, avant qu’un ami ne le contacte pour le faire travailler dans la publicité ("au lieu d’un honorable professeur en camp de réfugiés, j’ai atterri dans le domaine horrible de la publicité, à faire acheter aux gens des choses dont ils n’ont pas besoin"). Pen-ek apprend sur le tas, commence à réaliser des spots de publicité et reçoit quelques prix. Fan de cinéma (il évoque son choc face à 8½), il réalise son premier film avec Fun Bar Karaoké, qu’il considère comme raté mais duquel il retire une bonne expérience. Après le bide de ce dernier, Ratanaruang soigne son second long métrage, 6xty nin9, tourné en lieu unique et dont l’action est concentrée en 24 heures. Monrak Transistor est sa première adaptation littéraire, le réalisateur s’avouant charmé par l’atmosphère du livre, sa cinégénie. Ratanaruang parle de son désir d’instaurer une atmosphère surréaliste (comme un hommage à Kusturica dont il adore Chat noir, chat blanc), à l’image de la scène où le héros fait son apprentissage de soldat sur fond de comédie musicale ("de façon à éviter le cliché du film américain à la GI Jane", affirme-t-il). Les chansons ont été écrites par Wivit Sasanatieng, réalisateur des Larmes du tigre noir. Pen-ek Ratanaruang confesse enfin l’aspect thérapeutique de son métier de réalisateur. Ses films, qui parlent de "quête du bonheur" et se questionnent sur son existence, sont pour lui des instantanés de ce qu’il ressent à un moment précis, Ratanaruang concluant qu’il ne pensait pas faire plus de huit films dans sa carrière. Il resterait donc quatre rendez-vous avec ce réalisateur esthète et attachant.
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Interactivité :
Un an avant son quatrième film, Last Life in the Universe, Pen-ek Ratanaruang signait celui-ci, son premier à sortir en France. Son édition DVD, très soignée, s’ouvre sur un menu animé et pour le moins coloré, à l’image des passages chantés du film. Les notes de productions insistent sur l’influence du style "Jouk Thoung" (l’équivalent thaï de la country) à propos du ton du long métrage, en évoquant notamment Surapol Sombatcharoen, figure mythique du genre. Des biographies du réalisateur, mais également de ses comédiens (Suppakorn Kisuwan, Siriyakorn Pukkavesa) et producteurs viennent agrémenter le contenu. A noter également les traditionnelles bandes-annonces, dont celle de Last Life in the Universe, mais aussi d’autres titres des éditions Oceans (dont celle du 2046 à venir). Mais le bonus le plus fourni et le plus intéressant de ce DVD réside en une interview d’une demi-heure de Pen-ek Ratanaruang, qui revient sur son film et sa carrière. Ratanaruang raconte ainsi ses débuts: étudiant en histoire de l’art, il débarque à Bangkok en 1986, travaillant dans un camp de réfugiés à qui il enseigne l’anglais.
Après quelques économies, il s’offre un voyage en Europe, avant qu’un ami ne le contacte pour le faire travailler dans la publicité ("au lieu d’un honorable professeur en camp de réfugiés, j’ai atterri dans le domaine horrible de la publicité, à faire acheter aux gens des choses dont ils n’ont pas besoin"). Pen-ek apprend sur le tas, commence à réaliser des spots de publicité et reçoit quelques prix. Fan de cinéma (il évoque son choc face à 8½), il réalise son premier film avec Fun Bar Karaoké, qu’il considère comme raté mais duquel il retire une bonne expérience. Après le bide de ce dernier, Ratanaruang soigne son second long métrage, 6xty nin9, tourné en lieu unique et dont l’action est concentrée en 24 heures. Monrak Transistor est sa première adaptation littéraire, le réalisateur s’avouant charmé par l’atmosphère du livre, sa cinégénie. Ratanaruang parle de son désir d’instaurer une atmosphère surréaliste (comme un hommage à Kusturica dont il adore Chat noir, chat blanc), à l’image de la scène où le héros fait son apprentissage de soldat sur fond de comédie musicale ("de façon à éviter le cliché du film américain à la GI Jane", affirme-t-il). Les chansons ont été écrites par Wivit Sasanatieng, réalisateur des Larmes du tigre noir. Pen-ek Ratanaruang confesse enfin l’aspect thérapeutique de son métier de réalisateur. Ses films, qui parlent de "quête du bonheur" et se questionnent sur son existence, sont pour lui des instantanés de ce qu’il ressent à un moment précis, Ratanaruang concluant qu’il ne pensait pas faire plus de huit films dans sa carrière. Il resterait donc quatre rendez-vous avec ce réalisateur esthète et attachant.