Metropolis

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Metropolis
De - Rintarô
Éditeur : Warner Home Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Note du film : ******
Note FilmDeCulte : ******
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DVD

Johhan Fredersen dirige de main de maître la cité Metropolis. Cette ville est partagée en deux secteurs: d'un coté la ville haute, où vivent dans la richesse les quelques élus, et de l'autre la ville basse, qui abrite les ouvriers permettant aux machines qui donnent la vie à la métropole de fonctionner. Un jour, Freder, fils de Fredersen, rencontre Maria, habitante de la ville basse et découvre la misère de cette partie de la ville et le fonctionnement de Metropolis. Il décide donc d'aller parler à son père au nom des travailleurs, sans succès. Afin de reprendre le dessus sur les ouvriers, Fredersen décide donc de créer un robot, reproduction parfaite de Maria, qu'il pourra contrôler et envoyer semer la terreur dans la ville.

THEMES ET CONTEXTE

Dans cette réalisation, Fritz Lang aborde, et très probablement crée, deux des thèmes principaux de la science-fiction telle que nous la connaissons aujourd'hui: l'intelligence artificielle et la perte du contrôle des hommes sur leurs créations technologiques. Thèmes récurrents tout au long de l'histoire du cinéma de science-fiction (Blade Runner, 2001: L'odyssée de l'espace, Matrix…), ils sont ici représentés par Futura, une androïde qui échappe très vite au contrôle de son maître. Mais Lang ne s'arrête pas là, il réutilise, par exemple, le mythe de Frankenstein (repris de nombreuse fois dans l'histoire du cinéma et dernièrement dans Le Cinquième Elément de Luc Besson), qu'il met en scène lors de la création de Futura. L’œuvre de Lang vaut autant par son esthétisme expressionniste que par les thèmes qui y sont présentés. Ainsi, historiquement placé dans le mouvement expressionniste allemand, Metropolis ne déroge pas à la règle mais laisse une place à une représentation plus réaliste des choses. Le contexte économique et social est très important pour bien comprendre les productions allemandes des années vingt. Les personnages monstrueux, les décors totalement factices et les éclairages fortement dramatiques marquent le traumatisme de cette Allemagne meurtrie, dévastée et apeurée. Cette peur se ressent dans les films qu'elle produit. Dans cette situation, les producteurs allemands, et notamment Pommer pour la UFA, tentent de distribuer leurs films aux Etats-Unis. Mais pour cela, les productions germaniques doivent pouvoir rivaliser avec celles du nouveau continent. Metropolis sera le fer de lance de cette grande manœuvre, et Fritz Lang recevra tous les moyens qu'il désirait (le budget du film avoisina les cinq million de Marks). Echec en Allemagne et passé inaperçu au Etats-Unis (à cette époque les films parlants faisaient leur apparition), Metropolis ruina finalement l'UFA, qui ne s'en remit pas.

LA GENESE

C'est en voyant New York une nuit de 1924 que Fritz Lang fut impressionné par l'immensité des bâtiments et de la ville. C'est là que pour la première fois, il pensa à une gigantesque cité qui devint plus tard Metropolis. C'est sa femme, Thea von Harbou, qui se chargea du scénario après en avoir écrit le livre. La suite est beaucoup moins belle. La montée du nazisme pousse Fritz Lang à fuir son pays alors que Thea Von Harbour, dont les penchants pour les idéologie hitlériennes étaient connus, resta en Allemagne et y occupa une place importante. Dans son film, Fritz Lang tente de mettre en garde contre les méfaits de l’évolution technologique, à l'origine, selon lui, d’un probable esclavagisme de l’homme par la machine. Très négatif dans son ensemble, Metropolis se termine bien, au grand malheur de son réalisateur, ce qui lui valut d’être considéré comme une apologie du socialisme. De nos jours, il est plutôt vu comme un cri d’alarme face à la montée du nazisme dans son pays. Ce film, bien ancré dans son époque, a très bien vieilli et, quelques quatre-vingt ans plus tard, est même plus d’actualité que Lang lui-même aurait pu le penser. La fiction d’une époque devient parfois la réalité d'une autre.

par Yannick Vély

Bonus

IMAGE ET SON

Afin d’obtenir une image digne des premières semaines d’exploitation du film en 1927, il a fallu effectuer un véritable travail technico-documentaire. Le DVD n’est pas tiré d’une seule copie que l’on a restaurée à grands frais, mais d’un master entièrement revu que l’on a élaboré image par image à partir de nombreuses copies des cinémathèques européennes. Le puzzle achevé, on a effacé les imperfections grâce aux outils numériques, puis remplacé les scènes perdues (un quart du film original) par des intertitres les décrivant. En résulte une image absolument parfaite, où l’on aperçoit que très rarement une rayure qui n’a pu être éliminée. Noir et blanc s’équilibrent parfaitement, sans saturation, et l’image est d’une clarté et d’une définition surprenante pour un film aussi âgé. Conformément à la copie originale, l’image est en 1.33. Quatre sous-titres sont disponibles pour les intertitres: anglais, français, espagnol, italien. Notons quelques fautes dans les sous-titres français. La musique originale de Gottfried Huppertz constitue à elle seule les deux pistes sonores, Dolby Digital 5.1 et stéréo simple. Rien à redire sur le mixage qui met en valeur toutes les parties de l’orchestre. Forcer le son sur le leitmotiv envolé de la Cité est un plaisir des oreilles et une expérience rare pour les consommateurs d’imposants mixages à plusieurs couches. Ici, seule la musique emplit l’espace et contribue puissamment à la symbolique de l’image.

BONUS

DVD 1

Commentaire audio de Enno Patalas : c’est le morceau de résistance du DVD, au sens propre du terme. Car, malheureusement, on ne prend aucun plaisir à écouter ce commentaire qui, paradoxalement, constitue une somme indéniable de renseignements sur le film. Il n’a pas été enregistré en roue libre pendant une projection du film, mais élaboré minutieusement par Enno Patalas, qui le lit en allemand (un certain David Cooke le lit en anglais). Ainsi, il ne constitue pas un flot constant de paroles, que l’on espère passionné dans tous les DVD, mais un ajout ponctuel et rédigé aux séquences clés du film. En résulte une lecture monotone, certes scolaire et érudite, mais terriblement ennuyeuse. On a l’impression d’assister à une projection en cours magistral, ce qui enferme le supplément dans une veine didactique irréprochable mais dissuasive. Vu la complexité du film, ce choix d’intervention était peut-être préférable pour couvrir le plus d’aspects possibles. Et, encore une fois, les précisions (notamment les différences entre roman, scénario et produit fini) sont légion. Cependant l’écoute est pénible, un obstacle de taille pour les dévédéphiles. Notons que des sous-titres sont disponibles en allemand, anglais, français, espagnol et italien.

DVD 2

- Le Cas Metropolis (43’52): réalisé par Enno Patalas, ce documentaire est le complément indispensable de son commentaire. Du général au particulier, il replace d’abord le film de Lang dans son contexte d’époque (proclamation de la République en Allemagne, émancipation de l’Art) pour s’attaquer ensuite au réalisateur lui-même et à son œuvre. Vie, filmographie, mise en chantier de Metropolis: tout est abordé. Un peu trop vite peut-être dans les premières minutes du documentaire, et le néophyte aura du mal à saisir au vol les moindres détails du contexte artistique de l’époque. Il aurait peut-être fallu s’y attarder un peu plus. La seconde partie est plus appliquée, traitant spécifiquement de la production du film (effets spéciaux, décors, exploitation) et des travaux qu’il fallut effectuer pour obtenir une copie plus fidèle après le remontage américain. Un bon documentaire, qu’un certain élitisme des connaissances rend quelque peu obscur.

- Avant-Après (8’48): Martin Koerber, responsable de la restauration du film, expose les enjeux de son travail et les différentes techniques employées pour aboutir au nouveau master. Court et efficace puisque aucun aspect de la restauration n’est laissé au hasard. L’ampleur du travail et sa minutie méritent vraiment qu’on leur rende hommage.

- Galeries photos: Cinq sections abordent différents aspects du tournage: construction des décors et mise en place de scènes, scènes disparues dont les photos ont servi à la restauration, esquisses préparatoires de l’architecte Erich Kettelhut, ébauches de la costumière Aenne Wilkomm et cinq affiches du film.

- Enfin, on trouve le générique complet du film et une section biographie des différents intervenants de Metropolis, avec leur filmographie.

Tout cela fait un DVD très complet et homogène dont l'on aurait pourtant préféré qu’il semble un peu moins destiné aux spectateurs avertis. Reste que la qualité du master et la pertinence des suppléments réjouiront tout vrai cinéphile. Celui-ci aurait tort de s’interdire plusieurs visions s’il souhaite saisir l’ampleur de l’ouvrage.

Benjamin Hart

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Interactivité :

IMAGE ET SON

Afin d’obtenir une image digne des premières semaines d’exploitation du film en 1927, il a fallu effectuer un véritable travail technico-documentaire. Le DVD n’est pas tiré d’une seule copie que l’on a restaurée à grands frais, mais d’un master entièrement revu que l’on a élaboré image par image à partir de nombreuses copies des cinémathèques européennes. Le puzzle achevé, on a effacé les imperfections grâce aux outils numériques, puis remplacé les scènes perdues (un quart du film original) par des intertitres les décrivant. En résulte une image absolument parfaite, où l’on aperçoit que très rarement une rayure qui n’a pu être éliminée. Noir et blanc s’équilibrent parfaitement, sans saturation, et l’image est d’une clarté et d’une définition surprenante pour un film aussi âgé. Conformément à la copie originale, l’image est en 1.33. Quatre sous-titres sont disponibles pour les intertitres: anglais, français, espagnol, italien. Notons quelques fautes dans les sous-titres français. La musique originale de Gottfried Huppertz constitue à elle seule les deux pistes sonores, Dolby Digital 5.1 et stéréo simple. Rien à redire sur le mixage qui met en valeur toutes les parties de l’orchestre. Forcer le son sur le leitmotiv envolé de la Cité est un plaisir des oreilles et une expérience rare pour les consommateurs d’imposants mixages à plusieurs couches. Ici, seule la musique emplit l’espace et contribue puissamment à la symbolique de l’image.

BONUS

DVD 1

Commentaire audio de Enno Patalas : c’est le morceau de résistance du DVD, au sens propre du terme. Car, malheureusement, on ne prend aucun plaisir à écouter ce commentaire qui, paradoxalement, constitue une somme indéniable de renseignements sur le film. Il n’a pas été enregistré en roue libre pendant une projection du film, mais élaboré minutieusement par Enno Patalas, qui le lit en allemand (un certain David Cooke le lit en anglais). Ainsi, il ne constitue pas un flot constant de paroles, que l’on espère passionné dans tous les DVD, mais un ajout ponctuel et rédigé aux séquences clés du film. En résulte une lecture monotone, certes scolaire et érudite, mais terriblement ennuyeuse. On a l’impression d’assister à une projection en cours magistral, ce qui enferme le supplément dans une veine didactique irréprochable mais dissuasive. Vu la complexité du film, ce choix d’intervention était peut-être préférable pour couvrir le plus d’aspects possibles. Et, encore une fois, les précisions (notamment les différences entre roman, scénario et produit fini) sont légion. Cependant l’écoute est pénible, un obstacle de taille pour les dévédéphiles. Notons que des sous-titres sont disponibles en allemand, anglais, français, espagnol et italien.

DVD 2

- Le Cas Metropolis (43’52): réalisé par Enno Patalas, ce documentaire est le complément indispensable de son commentaire. Du général au particulier, il replace d’abord le film de Lang dans son contexte d’époque (proclamation de la République en Allemagne, émancipation de l’Art) pour s’attaquer ensuite au réalisateur lui-même et à son œuvre. Vie, filmographie, mise en chantier de Metropolis: tout est abordé. Un peu trop vite peut-être dans les premières minutes du documentaire, et le néophyte aura du mal à saisir au vol les moindres détails du contexte artistique de l’époque. Il aurait peut-être fallu s’y attarder un peu plus. La seconde partie est plus appliquée, traitant spécifiquement de la production du film (effets spéciaux, décors, exploitation) et des travaux qu’il fallut effectuer pour obtenir une copie plus fidèle après le remontage américain. Un bon documentaire, qu’un certain élitisme des connaissances rend quelque peu obscur.

- Avant-Après (8’48): Martin Koerber, responsable de la restauration du film, expose les enjeux de son travail et les différentes techniques employées pour aboutir au nouveau master. Court et efficace puisque aucun aspect de la restauration n’est laissé au hasard. L’ampleur du travail et sa minutie méritent vraiment qu’on leur rende hommage.

- Galeries photos: Cinq sections abordent différents aspects du tournage: construction des décors et mise en place de scènes, scènes disparues dont les photos ont servi à la restauration, esquisses préparatoires de l’architecte Erich Kettelhut, ébauches de la costumière Aenne Wilkomm et cinq affiches du film.

- Enfin, on trouve le générique complet du film et une section biographie des différents intervenants de Metropolis, avec leur filmographie.

Tout cela fait un DVD très complet et homogène dont l'on aurait pourtant préféré qu’il semble un peu moins destiné aux spectateurs avertis. Reste que la qualité du master et la pertinence des suppléments réjouiront tout vrai cinéphile. Celui-ci aurait tort de s’interdire plusieurs visions s’il souhaite saisir l’ampleur de l’ouvrage.

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