May
De McKee Lucky
Éditeur : M6 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 01/01/2002
May est une jeune femme solitaire qui travaille dans une clinique vétérinaire. Elle n’arrive à vraiment communiquer qu’avec une poupée enfermée dans une boîte en verre que lui a offert sa mère lorsqu’elle était enfant. Elle fait la rencontre d’Adam, un mécanicien dont elle admire les belles mains. Intrigué par cette fille bizarre, il commence à sortir avec elle…
MIROIR
L’image que l’on donne aux autres et celle que l’on a de soi. L’amour, la haine qu’on lui porte. Et la création d’un modèle parfait. Dans May il y a tout cela. La quête de la jeune May n’est pas autre chose que celle de la reconnaissance. Si elle s’invente des amis de toutes pièces, c’est que son étrangeté l’empêche d’avoir une vie sociale orthodoxe. Le fétichisme lui sert de remède. Mais la normalité n’est pas toujours celle que l’on croit. La relative neutralité de May lui permet d’observer la folie et les comportements aberrants des personnages qui l’entourent. A l’image d’Adam, fan de films d’horreur qui se la joue rebelle mais est effrayé par son attitude inhabituelle. Ou de sa collègue lesbienne volage fascinée par toutes les sortes de déviances sexuelles. Ce décalage permanent de May avec son environnement, sa volonté de s’en sortir malgré tout, prêtent à sourire. Même les situations classiques de la vie ordinaire, comme son travail d’assistante d’un drôle de vétérinaire, ne font que souligner sa différence. Ces scènes du quotidien sont toutefois inégales et ne brillent pas toujours par leur pertinence. Mais ces éléments de comédie ne sont au fond que des apparences précaires. Le personnage de May est plus inadapté qu’il n’y paraît. Et lorsque les difficultés et les désillusions s’amoncellent, son déclin n’en est que plus pénible.
REFLETS
May est un personnage passionnant, formidablement incarnée par Angela Bettis, révélation absolue. Touchante et effrayante à la fois, imprévisible et cohérente dans sa logique, on ne l’oublie pas. Cet attachement viscéral à ce personnage vient même fausser la perception qu’on peut avoir du film. Derrière la fragilité de la femme-enfant se cache un potentiel de violence déconcertant. Il s’agit probablement d’une volonté manifeste du réalisateur: les tribulations de May choquent d’autant plus que le spectateur s’est attaché à elle. C’est à ce moment que l’édifice savamment construit par Lucky McKee prend toute son ampleur. De ce paradoxe naît toute l’admiration, ou le dégoût, et parfois les deux simultanément, qu’on peut avoir pour May, le film. Susciter deux émotions aussi antagonistes relève en soi de l’exploit. L’humour noir se transforme alors en poésie macabre. La dure réalité de la vie laisse la place au fantastique. Et le rêve prend définitivement le dessus sur le monde tangible, à l’instant même où le film s’achève. Fin magnifique, mais réveil douloureux.
Bonus
Après avoir fait le tour de nombreux festivals dans le monde, et ce avec un certain succès, May vient confirmer, via sa sortie DVD, l’excellente impression laissée par le film lors de son arrivée en salles françaises, en ce début d’année 2004. May est une petite perle fantastique qui marque les débuts du jeune Lucky McKee en tant que réalisateur. Outre les quelques bandes annonces présentes dans les bonus (Les Témoins, Instincts meurtriers, Underworld et Le Médaillon), la galette comprend surtout un commentaire audio où la joyeuse équipe s’en donne à cœur joie pour transformer l’exercice studieux en visionnage collégial du samedi soir entre pizzas et canettes de bière. Sont présents à l’appel: Lucky McKee, le scénariste et réalisateur, Steve Yedlin et Bret Roberts, qui ont travaillé sur la photo du film, Chris Sivertson, le monteur (et également auteur du court métrage que Adam – Jeremy Sisto – montre à May), Angela Bettis, son actrice principale, ainsi que Nichole Hiltz, qui interprète un petit rôle (celui dit des "jambes"). Le commentaire se divise assez rapidement en deux étages, le premier s’attachant à une vision sérieuse du film, l’autre à une projection potache mais très réjouissante. Parmi les anecdotes intéressantes de la partie sérieuse, on apprend ainsi que la référence principale de McKee est Dario Argento ("un maître"), et que le travail sur la lumière a été influencé par la peinture préraphaélite (et plus particulièrement par l’œuvre de John Waterhouse), ainsi que les travaux de la photographe anglaise Julia Margaret Cameron, afin de donner un caractère intemporel à l’histoire. McKee pointe également son hommage à Taxi Driver (plus particulièrement à la séquence où Travis appelle Betsy après l’avoir emmenée voir un film porno, et dont le jeune réalisateur effectue une variation autour de May), avoue ses quelques regrets sur certaines scènes, et explique que le système D était de rigueur, notamment dans l’exploitation des décors. Le reste du commentaire se transforme parfois en concert improvisé sur les images, en doublage en direct de la poupée de May (où l’on apprend également que celle-ci a été confectionnée par la décoratrice à sa propre image), en imitation d’Arnold Schwarzenegger ou d’actrices russes ayant passé le casting pour le film, ou encore en grand bêtisier où chacun pointe les erreurs de montage ou les approximations dans l’interprétation. L’exercice est très léger mais souvent hilarant. Le cocktail rend, en tout cas, ce commentaire audio assez indispensable pour tout fan du film. Nicolas Bardot
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Interactivité :
Après avoir fait le tour de nombreux festivals dans le monde, et ce avec un certain succès, May vient confirmer, via sa sortie DVD, l’excellente impression laissée par le film lors de son arrivée en salles françaises, en ce début d’année 2004. May est une petite perle fantastique qui marque les débuts du jeune Lucky McKee en tant que réalisateur. Outre les quelques bandes annonces présentes dans les bonus (Les Témoins, Instincts meurtriers, Underworld et Le Médaillon), la galette comprend surtout un commentaire audio où la joyeuse équipe s’en donne à cœur joie pour transformer l’exercice studieux en visionnage collégial du samedi soir entre pizzas et canettes de bière. Sont présents à l’appel: Lucky McKee, le scénariste et réalisateur, Steve Yedlin et Bret Roberts, qui ont travaillé sur la photo du film, Chris Sivertson, le monteur (et également auteur du court métrage que Adam – Jeremy Sisto – montre à May), Angela Bettis, son actrice principale, ainsi que Nichole Hiltz, qui interprète un petit rôle (celui dit des "jambes"). Le commentaire se divise assez rapidement en deux étages, le premier s’attachant à une vision sérieuse du film, l’autre à une projection potache mais très réjouissante. Parmi les anecdotes intéressantes de la partie sérieuse, on apprend ainsi que la référence principale de McKee est Dario Argento ("un maître"), et que le travail sur la lumière a été influencé par la peinture préraphaélite (et plus particulièrement par l’œuvre de John Waterhouse), ainsi que les travaux de la photographe anglaise Julia Margaret Cameron, afin de donner un caractère intemporel à l’histoire. McKee pointe également son hommage à Taxi Driver (plus particulièrement à la séquence où Travis appelle Betsy après l’avoir emmenée voir un film porno, et dont le jeune réalisateur effectue une variation autour de May), avoue ses quelques regrets sur certaines scènes, et explique que le système D était de rigueur, notamment dans l’exploitation des décors. Le reste du commentaire se transforme parfois en concert improvisé sur les images, en doublage en direct de la poupée de May (où l’on apprend également que celle-ci a été confectionnée par la décoratrice à sa propre image), en imitation d’Arnold Schwarzenegger ou d’actrices russes ayant passé le casting pour le film, ou encore en grand bêtisier où chacun pointe les erreurs de montage ou les approximations dans l’interprétation. L’exercice est très léger mais souvent hilarant. Le cocktail rend, en tout cas, ce commentaire audio assez indispensable pour tout fan du film. Nicolas Bardot