Ludivine
De B. Root John
Éditeur : Le Dauphin Blanc
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h35
Sortie : 15/06/2008
Un réalisateur de films pornographiques part en Corse avec son équipe pour un nouveau tournage. Dégoûté par la vie et par son métier, il décide de se jeter du haut d'une falaise à la fin du tournage. Un ange, Ludivine, est envoyé sur Terre pour l'empêcher de se suicider.
On avait laissé John B. Root exsangue, déprimé par l’état du cinéma X en France et le peu de latitudes laissées aux vrais artisans du genre par les pouvoirs publics. De moins en moins bandant (en raison notamment de scènes de sexe très courtes), son cinéma se faisait au contraire plus amer, mais également plus profond, comme en témoigne l’excellent (In)korrect, dernier film à ce jour du réalisateur jusqu’à ce Ludivine. Entre ces deux films, quatre années faites d’errance, de tentatives pour monter un modèle financièrement viable ; quatre années de castings sur le net, de réalisations de modules vidéos visionnables sur ses divers sites, et de digressions sur son excellent blog. Avec ce Ludivine, disponible aujourd’hui dans une édition DVD non censurée (le film est présenté dans un montage plus long que celui proposé lors de sa diffusion sur Canal+) John B. Root revient à son plus haut niveau, atteignant presque la beauté et l’humour de French Beauty, son chef d’œuvre et sans doute le meilleur film de l’Histoire du cinéma X français. Navigant entre humour (toujours le même sens des dialogues et des situations), candeur (l’habituel discours sur le sexe qui peut sauver le monde), kitch (les effets-spéciaux) et parfois émotion (l’évolution du personnage principal), cette variation sur le thème de La Vie est belle de Capra est une nouvelle perle, sans doute imparfaite, mais qui vient prouver une fois de plus que malgré un budget anémique, un tournage limité à sept jours, et des acteurs habituellement considérés comme du bétail, certains parviennent à livrer un bon film. Et comme en plus, les scènes de sexe sont excellentes !…
Bonus
Encore une fois, John B. Root nous régale avec une édition pleine à craquer de bonus. On passe rapidement sur un petit module intitullé "Chaud", en fait une petite scène gonzo entre trois des actrices du film, pour s'attarder sur la partie making of du DVD. Et là, c'est le pied, plus encore qu'avec le film !
Un premier making of, de cinquante minutes, nous présente l'équipe du film, devant une télévision, en train de regarder justement le making of. On a donc droit non seulement aux images de tournage, mais également aux commentaires des acteurs, actrices, et du cinéaste. Ceux-ci reviennent sur le plaisir qu'ils ont eu à tourner ce film, mais aussi sur les difficultés liées au manque de budget, au froid (tournage en extérieur au mois d'octobre), aux nombreuses scènes de dialogues, etc. John explique aussi les références de son film (Capra, Wenders...), et l'envie qu'il avait de livrer avant tout un film rigolo pour son grand retour derrière la caméra. Le tout forme un making of essentiel pour qui veut comprendre le processus de création d'un film X.
Ce long making of est suivi d'un autre plus court et plus "pro" (sans doute tourné pour une chaîne de télévision ?), qui bien que répétitif par rapport au précédent, apporte quelque chose grace aux nombreux commentaires du réalisateurs. Celui-ci, en cours de montage, parle de son scénario, de ses acteurs, du monde du X en général, de la météo clémente durant le tournage, et de l'aide du "patron" sur ce film.
On termine avec une dizaine d'interviews des acteurs et actrices du film... On navigue entre humour (Francesco Malcom confirme son incroyable talent comique !!), ovni (Astrée, actrice qui cite le chef opérateur Christopher Doyle !!), sérieux (John B Root, mais aussi Phil).... Et le tout est absolument passionnant car il laisse apercevoir une équipe soudée, lucide sur leur travail et le milieu dans lequel ils évoluent, très peu vulgaire, et finalement bien souvent intéressante.
En bref, une excellente édition, qui confirme le respect que peut avoir le cinéaste pour son public. On en dira pas autant de tous les éditeurs du cinéma traditionnel !