Lucky Luke

Lucky Luke
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Lucky Luke
De Huth James
Éditeur : UGC Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h43
Sortie : 17/03/2010
Note du film : ***---

Au cours de sa mission à Daisy Town, la ville qui l'a vu grandir, Lucky Luke, "l'homme qui tire plus vite que son ombre", va croiser Billy the kid, Calamity Jane, Pat Poker, Jesse James et Belle...

LUCKY STRIKE ?

D'abord envisagé avec Eric Lartigau (Un ticket pour l'espace, Prête-moi ta main) à la mise en scène, la nouvelle adaptation du cow-boy qui tire plus vite que son ombre finit entre les mains des responsables de Brice de Nice, le film qui a starifié Jean Dujardin et réuni 4 millions de spectateurs. Du coup, on prend les mêmes et on recommence avec une volonté de s'assurer un minimum d'entrées au détriment du matériel de base ? Pas loin. Parce qu'avec la présence de Dujardin, Lamy et Salomone devant la caméra de James Huth, on a tôt fait de croire que cette version va vite tenter de s'accaparer le produit, y placer de la référence et de la vanne du même acabit que celle du surfeur jaune, et passer à côté de la substantifique moelle (celle de Morris et de Goscinny) dont elle est censée être une traduction. Confronter ces deux univers n'apparaît donc pas comme forcément la meilleure des choses même si évoquer Dujardin en Luke apparaît comme une idée on ne peut plus logique et que ce dernier en profite pour ajouter une corde de plus a son arc des rôles symboliques qui marquent à l'encre indélébile une carrière. Bref, l'équipe doit jouer serré pour nous faire accepter l'idée et l'univers : il va y avoir du sport à Daisy Town. D'autant que les précédentes versions, live ou dessin animé, de Luke sur grand écran n'ont pas laissé que de bons souvenirs : souvenez-vous du Lucky Luke avec Terrence Hill en 1991, de Tous à l'Ouest, Lucky Luke, les Dalton en cavale ou même le spin-off Les Dalton (avec déjà Dujardin grimé en cowboy vanneur). Un bien triste palmarès que seuls La Ballade des dalton (1978) et Daisy Town (1971) arrivent à redresser. Et encore ces adaptations datent d’il y a maintenant plus de 30 ans. Il était donc temps que la vapeur s’inverse et que Luke trouve enfin botte à son pied.

LUKE LA MAIN FROIDE

En choisissant l’axe inédit des origines du héros, où l’on découvre son passé et la provenance de son nom (bonjour le trauma à la Batman), et en faisant le choix délibéré d’oblitérer les Dalton et Rantanplan, le film surprend par ses choix et tente une approche audacieuse qui ne plaira fatalement pas à tout le monde, mais qui possède au moins le mérite d’essayer. Citant abondamment, et pas toujours de manière subtile, certains moments-clés des bandes dessinées, mais ne s'y référant pas forcément comme arc scénaristique principal, le script trace sa propre voie et la fameuse icône de la culture populaire hexagonale de se retrouver sur une certaine corde raide. Car c'est bien là que le film pèche. Si James Huth se régale dans des cadres fourmillant de petites idées (oubliée sa bouse Hellphone) et cherchant à composer des cases très (trop?) dynamiques à tout va, on se met à croire que cette production UGC a les yeux plus gros que le ventre, où l'effort aura été mis sur l'emballage mais pas forcément sur le contenu (franchement, à quoi servent Billy le Kid, Jesse James et Calamity Jane, si ce n'est à palier à un manque cruel d'idées?), malgré des propos sur la désillusion et l'héroïsme directement empruntés au semi parodique Mon nom est personne. Du coup, c'est un vrai scénario balourd et qui manque d'un réel flegme qui se déroule sous nos yeux, une ratatouille pas entièrement digeste composée de plusieurs ingrédients dont la sauce ne prend que partiellement (certains détails sont excellents, comme le rapport de Luke à la cigarette, le détournement de musiques contemporaines, l'utilisation astucieuse de la voix de Jolly Jumper, mais ils se retrouvent en conflit avec d'autres idées plus déconvenues comme la profusion de personnages secondaires, un humour peut-être un peu trop proche de l'équipe et pas de la bande-dessinée, etc.). En découle alors un certain ennui embarrassé. Pas celui qui nous endort ou nous donne envie de sortir de la salle, mais plutôt celui qui nous fait rester devant le film en attendant que cela se passe et en espérant assister, à un moment donné, à un éclair de génie qui finalement n'arrive pas. Encore une fois, après le premier et troisième Astérix et Le Petit Nicolas, on passe à côté de l'univers de Goscinny. Morris, quant à lui, se voit un peu mieux servi, mais pas forcément comme l'on pouvait s'y attendre. Gageons que si jamais une suite est mise en chantier et que le tir est rectifié, Lucky Luke pourrait enfin obtenir l’adaptation qui lui est due, certaines idées, on le répète, faisant vraiment mouche. Mais en l'état, parler d'un hommage réussi serait faire l'autruche.

par Christophe Chenallet

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