Les Chaussons rouges
Éditeur : Carlotta Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h06
Sortie : 09/11/2011
Julian Craster (Marius Goring) est un jeune compositeur inconnu qui étudie au Conservatoire de Londres. Il découvre que son maître lui a volé l'une de ses œuvres et l'a intégrée dans la partition d'un ballet qu'il dirige à Covent Garden. Julian se plaint à Boris Lermontov, l'impressario de cette célèbre troupe de danseurs, qui minimise l'incident et en réponse lui propose un poste dans la troupe qui le conduit à une grande carrière. Victoria Page (Moira Shearer) est quant à elle une jeune ballerine pleine d'ambition qui tente d'intégrer le Ballet Lermontov à l'aide de sa tante Lady Neston, une aristocrate et mécène qui organise une soirée afin de présenter sa nièce à l'influent Boris Lermontov qui refusera de la voir danser.
Relativement frustrant, Les Chaussons rouges, classiques parmi les classiques Powell & Pressburger (Le Voleur de Bagdad), traine un peu, à travers son histoire, ses personnages, pendant une heure. Dialogues ampoulés, rebondissements attendus, le film ne déçoit pas vraiment mais sombre parfois dans le suranné plutôt surprenant vu la réputation qui le précède. Puis arrive le miracle, un ballet filmé pendant dix-sept minutes, morceau de bravoure connu de l'affaire qui a fait du long métrage une vraie date et dont on ressent encore l’importance jusque dans le récent Black Swan, le chef d’œuvre de Darren Aronofsky avec Natalie Portman. Et là ça devient purement sublime (un peu comme dans le Ziegfeld de Leonard où la narration parfois planplan laisse place aux délires scéniques). Dix-sept minutes de parenthèse onirique où le décor se déroule selon les pas de la danseuse, cette même actrice à qui l’on avait envie de tirer les cheveux juste avant et qui est transcendée elle aussi, dix-sept minutes de fantaisie et de sublime, déluge de couleurs et de mouvements où tout devient possible. Difficile de donner une suite à un pareil moment. Après ça, il reste encore une heure, mais le visionnage vaut le coup rien que pour cette scène et rend toute note un peu boiteuse. Les cinquante dernières minutes qui suivent n’également jamais cette scène et, même si la fin est magnifique, le film redescend un peu, à nouveau. Le statut de classique n’est toutefois pas usurpé tant, à ce niveau, le « raté » devient tout relatif.
Bonus
Déjà sorti en DVD chez d’autres éditeurs, le bijou de Powell et Pressburger n’avait jusqu’à présent jamais bénéficié en France de la magie de la haute définition. Heureusement, cette première est confiée à Carlotta Films qui n’a, jusqu’à présent, jamais pris par-dessus la jambe un tel exercice. C’est donc à un déluge visuel et sonore (proposé également en VF) que l’on assiste durant le film et pas seulement pendant la seule scène du ballet. C’est simple, jamais depuis sa sortie le technicolor des Chaussons rouges n’a été aussi beau.
Niveau bonus, vu la date de sortie, difficile de proposer un contenu original ou inédit. Si Carlotta ne conserve pas tous les bonus présents sur les autres éditions (notamment la Criteron), l’éditeur en récupère pourtant certains, laissant la parole à ceux qui maîtrisent le sujet ou qui ont pu côtoyer les réalisateurs. Plus d’une heure d’interviews et analyses pour un film de 1949, on peut parler de petit événement. Une rencontre avec Martin Scorsese autour de la restauration du film, images comparatives à l’appui, une autre avec Thelma Schoonmaker, la veuve de Michael Powell (et accessoirement monteuse chez Scorsese) qui revient sur l’influence du film sur les réalisateurs d’aujourd’hui. Autre documentaire déjà connu, Il était une fois Les Chaussons Rouges : vingt-quatre minutes en compagnie de l'historien Ian Christie, du chef-opérateur Jack Cardiff et du cadreur Chris Challis livrant une masse d’informations passionnantes sur le tournage du film.
Le gros des bonus est réservé au dernier documentaire, Ballet Flamboyant, d’une durée de trente-deux minutes. Inédit, le bonus propose un voyage magnifique dans les coulisses des ballets du film en compagnie du danseur étoile Nicolas Le Riche. Sublime.