Lemming
De Moll Dominik
Éditeur : Diaphana
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 19/01/2006
Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, récemment installé avec sa femme Bénédicte dans une nouvelle ville, reçoit à dîner son patron, Richard Pollock, et son épouse Alice. Cette rencontre ne sera pas sans conséquences sur l'harmonie du jeune couple. La découverte du cadavre d'un mystérieux rongeur dans l'évacuation bouchée de leur évier n'arrange pas les choses et annonce l'irruption de l'irrationnel dans ce qui était jusqu'alors une vie bien rangée.
ALICE IN WONDERLAND "Est-ce que tu m’aimeras quand je serai vieille?": dans le nouveau labyrinthe signé par Dominik Moll et son scénariste Gilles Marchand, la question de Bénédicte (Charlotte Gainsbourg) adressée à son époux Alain (Laurent Lucas) est une clé essentielle. Lemming, film d’atmosphère, distille ce même venin anxiogène qui habitait Harry, un ami qui vous veut du bien, et surtout Qui a tué Bambi?, première réalisation de Marchand, où l’on s’aventurait déjà vers des ambiances surnaturelles. Le doute obsédant de Bénédicte qui salit la façade blanche de son pavillon désincarné, comme cette trace de sang qui semble ne pas vouloir quitter le mur de sa chambre d’amis. Le deuxième film de Moll est une œuvre de doubles, de vampires, de fantômes et de faux-semblants, de rongeurs suicidaires - à moins qu’ils ne se noient que par épuisement. La paire Moll-Marchand connaît ses classiques, et parsème son enfant de quelques solides parentés: Lynch, (pour l’hésitation fantastique comme un vertige au fond d’un couloir sombre, ou pour le travail sonore très soigné), ou Hitchcock (pour sa bande son évidemment, mais aussi son fétichisme morbide - lieux hantés, jeu de portraits).
LA MAISON ASSASSINEE Démarquage minutieux d’Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming en reprend le schéma amical et viril afin de le déplacer dans un décor amoureux et féminin. Deux couples, et ce que l’un pourrait devenir: un jeune ingénieur et son double, un fumier lâche et décomplexé, une femme au foyer et son reflet, une dépressive suicidaire plongée dans un désespoir sentimental et jugée "étrange" par son mari qui ne voit même pas le mal qu’il lui fait. Ce Rebecca new look (une jeune fille avalée par le fantôme d’une morte dont la photo issue du passé revient comme un refrain) souffre de lacunes certaines (un rythme mal maîtrisé, quelques détails surexplicatifs comme une voix off maladroite), mais se révèle très ludique si l’on accepte de se laisser tirer par le bout du nez. Aidé par une distribution irréprochable (et de laquelle émergent les deux Charlotte, Gainsbourg et Rampling), Moll confirme son art des énigmes et des ombres, son talent pour naviguer entre quotidien et irrationnel, cette aisance à créer des atmosphères cauchemardesques à partir de petits riens, un intrus dans la chambre, un baiser volé, un rongeur dans une tuyauterie qu’on croyait aussi clean que le crépi de cette maison jusqu’ici bien tranquille.
Bonus
Outre la traditionnelle bande annonce, deux bonus seulement mais de poids pour cette édition dvd de Lemming. D’abord, un long making of de 92 minutes, qui relate minutieusement chaque étape de la production du film, de sa préparation en amont jusqu’au tournage où l’on assiste au travail de Dominik Moll et à celui de ses acteurs (avec interview des quatre principaux), mais où la parole est également accordée à d’autres artisans du film, du directeur de la photographie (Jean-Marc Fabre) au chef décorateur. Ensuite, le court métrage de fin d’études à l’Idhec réalisé par Dominik Moll, Le Gynécologue et sa secrétaire, qui raconte la relation ambiguë entre un homme étrange et une femme (très) docile. Doté d’un beau noir et blanc, le film vaut essentiellement pour son laboratoire formel, plus que pour son scénario. De quoi, néanmoins, satisfaire la curiosité si l’on apprécie le travail du jeune cinéaste.
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Interactivité :
Outre la traditionnelle bande annonce, deux bonus seulement mais de poids pour cette édition dvd de Lemming. D’abord, un long making of de 92 minutes, qui relate minutieusement chaque étape de la production du film, de sa préparation en amont jusqu’au tournage où l’on assiste au travail de Dominik Moll et à celui de ses acteurs (avec interview des quatre principaux), mais où la parole est également accordée à d’autres artisans du film, du directeur de la photographie (Jean-Marc Fabre) au chef décorateur. Ensuite, le court métrage de fin d’études à l’Idhec réalisé par Dominik Moll, Le Gynécologue et sa secrétaire, qui raconte la relation ambiguë entre un homme étrange et une femme (très) docile. Doté d’un beau noir et blanc, le film vaut essentiellement pour son laboratoire formel, plus que pour son scénario. De quoi, néanmoins, satisfaire la curiosité si l’on apprécie le travail du jeune cinéaste.