Le Narcisse noir
Éditeur : Carlotta Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h40
Sortie : 07/03/2012
Cinq sœurs de l'ordre de Sainte-Marie sont envoyées dans le palais himalayen de Mopu, cadeau d'un général indien, pour y établir un couvent, un dispensaire et une école. Ancien harem du général, situé sur un rocher venteux et escarpé, le palais trouble l'esprit des nonnes.
Le premier effet Narcisse noir c’est évidemment la forme superbe, les couleurs subtiles du technicolor, l’influence expressionniste dans les cadrages, et le décor tout simplement, l’imaginaire qui s’en dégage, ancien harem encore hanté par ses épouses alanguies et transformé en lieu saint posé littéralement au sommet du monde (alors que c’est un Himalaya de studio anglais). Mais l’on aura plus de réserves sur quelques points, la caractérisation notamment, à grands traits pour les sœurs, un peu légère pour le général et sa mendiante dont les scènes sont plus faibles, et Mr Dean, un peu trop anachronique aujourd’hui (forcément à replacer dans son contexte). Mais ça reste assez envoûtant, et puis le film pose petit à petit les pièces qui formeront le puzzle final.
Powell et Pressburger utilisent ce procédé au début du film et surtout à la fin, ce souffle permanent qui traverse la bâtisse et ces bruits lointains de percussion. Chez Tourneur dans Vaudou c’est une façon qu’a le fantastique de pénétrer le réel, ici c’est un désir qui enfle, parfum entêtant du Narcisse noir qui submerge ses nonnes, Deborah Kerr en tête. Et la dernière demi-heure, qui emballe un peu tout ça, est la plus brûlante. La traversée nocturne du palais ou de la jungle, la fureur de Kathleen Byron, géniale en possédée à front suant qui ferait presque basculer le film dans le fantastique (l’apparition spectrale dans l’encablure de la porte), le climax de la cloche ainsi que la fin en eau touchent au sublime.
Bonus
Vous vous souvenez de la sortie des Chaussons rouges chez le même éditeur il y a quelques mois, et de ses impressionnantes couleurs ? Le Narcisse noir, c'est à peu de choses près la même chose : un master magnifique dans lequel chaque scène est une explosion de couleurs et où les impuretés ont été pour la plupart gommées. Pourquoi insister autant sur le visuel du blu-ray (outre pour souligner le travail de Carlotta Fims) ? Tout simplement parce qu'à la vision du film s'accompagne un entretien passionnant du chef opérateur Darius Kondji qui revient, pour le spectateur, sur les méthodes des deux réalisateurs et sur leur rendu à l'écran. Autre bonus, une rencontre avec des collaborateurs de Powell et Pressburger, permet d'appréhender un peu mieux l'oeuvre de ces deux réalisateurs, décidément à l'honneur cette année chez Carlotta.