L'Ordre et la morale
De Kassovitz Mathieu
Éditeur : TF1 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h07
Sortie : 18/04/2012
Avril 1988. Île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie. Un groupe d'indépendantistes Kanaks attaque la gendarmerie de Fayaoué, tue 4 gendarmes et en enlève 30 qu’ils vont retenir en otage dans une grotte isolée sur cette toute petite île. L'État français envoie l’Armée avec 300 hommes et un véritable arsenal de guerre pour rétablir l’ordre. Entre le premier et le second tour des élections présidentielles, opposant François Mitterrand et son Premier ministre Jacques Chirac, le capitaine Philippe Legorjus du GIGN va passer dix jours à négocier avec les différents acteurs de ce drame, sans parvenir à éviter l’assaut final qui conduira à la mort de 19 Kanaks et de 2 militaires.
L’ASSAUT
Le meilleur film de Mathieu Kassovitz depuis La Haine. On n’en attendait pas moins pour ce projet qu’il traîne depuis plus de dix ans, mais le cinéaste nous avait habitués aux déceptions. Loin du balourd Babylon A.D., l’ex-petit génie de la mise en scène revient avec un sujet politique, polémique, qu’il traite avec un intelligent dosage de sobriété et de spectaculaire. Les morceaux de bravoure sont là : un flash-back en plan séquence mêlant le passé et le présent, un assaut dans la jungle interminable, tendu, la caméra serpentant entre les soldats… Mais c’est sur les scènes de négociations que Kassovitz en impose. Sûres d’elles, confiantes en leur durée, volontairement laborieuses, elles montrent la raison d’état broyant les bonnes volontés. L’académisme de la caméra-épaule pseudo-documentaire est évité. On est dans la lourdeur bureaucratique, le procédural. À quelques (vrais) militaires près, le film est bien joué, habité, incarné – Kassovitz prouve une fois encore qu’il est parmi nos meilleurs acteurs, même si l’uniforme du gendarme d’élite est un peu grand pour lui. Comme ses précédents opus, L’Ordre et la morale est parfois démonstratif, un peu pataud dans certains effets. Mais le film, populaire, ample, sérieux, réussit à convaincre à la fois par son ambition et sa modestie : Kassovitz tient enfin la promesse formulée il y a si longtemps déjà.
Bonus
On le sait, Matthieu Kassovitz est l'un des réalisateurs qui s'investit le plus dans la confection des galettes numériques de ses films. Et son dernier bébé, même s'il n'a pas reçu le succès qu'il aurait amplement mérité, ne déroge pas à la règle. Image somptueuse avec couleur chatoyantes et son aux couleurs du films: aussi discret que puissant. Vraiment une très belle édition technique que nous propose l'éditeur. Malheureusement pour nous le DVD est fourni sans aucun supplément. Car pour avoir droit au making of ou au documentaire d'Olivier Rousset intitulé Le Temps Kanak il faudra vous tourner vers le Blu-Ray (que nous n'avons pas reçu à la rédaction).